La situation semblait désespérée lorsqu'un patient s'est adressé en mai à l'hôpital cantonal d'Aarau (Argovie) avec un début de paraplégie. Les médecins ont découvert une énorme tumeur ouverte dans son dos. Ce type de tumeur maligne est d'une telle ampleur qu'elle traverse la peau et peut donc s'étendre à l'extérieur.
Le constat était sans appel: avec un diamètre de 30 centimètres, le tissu cancéreux mettait déjà la vie de ce père de deux enfants en danger. La tumeur avait par ailleurs déjà attaqué et détruit une grande partie de la colonne vertébrale. Une situation qui, en comprimant les reins du patient, avait entrainé la paralysie de ses jambes.
Les médecins ont sans délai commencé un traitement d'urgence. «Grâce à la radiothérapie et à l'immunothérapie immédiatement mises en place, il a été possible de réduire la taille de la tumeur et d'en faire mourir des parties», explique le chirurgien en chef Markus Bruder, cité dans un communiqué de presse de l'hôpital cantonal argovien.
Une première en Suisse
Fin juin, une grande opération étendue sur deux jours a été réalisée. L'objectif de cette intervention ambitieuse n'était pas seulement d'enlever la tumeur géante du dos du patient et de dégager à nouveau ses nerfs, mais aussi de reconstruire les parties de sa colonne vertébrale qui avaient été détruites. L'opération était si complexe que sa planification a duré deux semaines. Pour ce faire, un modèle 3D détaillé du dos et de la tumeur a même été créé en réalité virtuelle.
L'opération, qui a duré 25 heures au total, a été réalisée à l'aide d'un nouveau robot chirurgical nommé «Cirq» et décrit comme un «support d'instruments de haute précision». Grâce à cet assistant robotisé, la colonne vertébrale du patient a pu être reconstruite avec une précision impressionnante. Pour ce faire, les médecins ont utilisé du matériel osseux provenant du péroné – l'os à côté du tibia. Ce type d'intervention n'avait encore jamais été réalisé en Suisse et seulement deux fois à l'étranger.
Il remarche!
Pour le plus grand bonheur de l'homme de 42 ans et de sa famille, cette opération complexe s'est bien déroulée. Le chef du service de chirurgie plastique Jan Plock se montre très satisfait: «Pour une intervention aussi lourde, un résultat si positif est très rare.»
Et le meilleur pour la fin: environ deux semaines après l'opération, le patient a pu faire ses premiers pas. Un exploit qui a passablement réjouit les médecins, le patient et sa famille.