Une prostituée sur l'affaire Bernhard Diethelm
«Soit il y a eu une dispute, soit cet homme déteste les femmes»

Andrea Rindisbacher pratique le sadomasochisme avec ses clients et sait que dans son métier, on peut se retrouver dans des situations risquées. Comme celle dans laquelle s'est retrouvée une femme qui accuse le député UDC Bernhard Diethelm de viol.
Publié: 29.06.2023 à 22:24 heures
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La sadomasochiste professionnelle Andrea Rindisbacher se dit choquée par les faits reprochés à l'élu UDC Bernhard Diethelm.
Photo: Thomas Meier
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Sebastian Babic

Les faits qui lui sont reprochés sont clairs: En 2021, le député UDC du canton de Schwytz Bernhard Diethelm aurait violemment étranglé une dominatrice et tenté ensuite de l'endormir avec une «substance inconnue».

Pour cela, il comparaîtra devant le tribunal lundi prochain. Mercredi déjà, Bernhard Diethelm s'était exprimé à l'hôtel de ville de Schwytz. Selon lui, les accusations portées contre lui sont «complètement exagérées» et se basent uniquement sur les affirmations de la plaignante. L'élu affirme: «Ma vie sexuelle m'appartient.»

Andrea Rindisbacher pratique le sadomasochisme avec ses clients. Elle sait que la sécurité est une problématique majeure chez les travailleuses du sexe. Même si, selon ses propres dires, elle a rarement vécu des situations dangereuses.

Elle conseille toutefois à ses jeunes collègues d'être prudentes: «Ne tournez jamais le dos au client. C'est une règle à laquelle il ne faut pas déroger. Même si l'invité est dans la douche, la dominatrice doit constamment avoir un œil sur lui. Il ne faut jamais perdre le contrôle.»

«On se met d'accord et on fixe des limites»

Andrea Rindisbacher ne souhaite pas porter de jugement sur l'affaire Diethelm: «C'est assez difficile de porter un jugement, étant donné que je ne suis pas impliquée dans cette affaire. Mais d'après mon expérience, il y a deux explications à un comportement aussi violent: Soit il y a eu une dispute pendant l'acte, soit il s'agit d'un homme qui déteste les femmes.»

Pour se protéger, Andrea Rindisbacher procède toujours de la même manière: «On se téléphone à l'avance, avec mes clients. On se rencontre et on se met d'accord sur une façon un peu générale de procéder. Avant de remettre l'argent, on détermine les attentes. Ensuite, je range l'argent, j'emmène le client dans la chambre de torture... Et le jeu commence!»

En tête-à-tête

Par le passé, Andrea Rindisbacher a, elle aussi, vécu certaines situations où elle s'est sentie mal à l'aise. «Lorsque la situation devient désagréable, j'essaie toujours de rester calme. Il ne faut pas devenir agressif. Je n'hésite pas non plus à dire que l'alchimie n'est pas bonne. Souvent, je cherche même un prétexte pour faire diversion. Ensuite, je rends l'argent et demande gentiment à l'invité de partir.»

Par ailleurs, les 4200 francs qui auraient été versés par Bernhard Diethelm pour cinq heures de séance sadomadochiste laissent Andrea Rindisbacher perplexe. Selon elle, le prix «normal» d'une heure avec une dominatrice à Zurich serait d'environ 450 francs: «Je me demande vraiment ce qui a été convenu pour cette somme» confie-t-elle.

Mais l'histoire ne peut pas être jugée de l'extérieur, insiste encore Andrea Rindisbacher. Il appartient donc au tribunal de porter un jugement sur cette affaire.

Le ministère public demande quatre ans de prison à l'encontre de Bernhard Diethelm. Le député de UDC bénéficie de la présomption d'innocence.

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