Des caves et des garages inondés ou des routes qui se transforment en rivières impétueuses: en cas de fortes pluies, d'énormes masses d'eau peuvent tomber du ciel en quelques minutes seulement et causer d'énormes dégâts. Les experts parlent de ruissellement de surface lorsque l'eau de pluie ne s'infiltre pas dans la terre et s'écoule à la surface.
C'est un problème en Suisse. Selon les résultats de la recherche, au moins 50% des dommages causés par les inondations sont dus au ruissellement de surface – et moins de la moitié aux inondations sous forme de débordement de cours d'eau. «Selon les dernières connaissances, ce sont même jusqu'à deux tiers», écrit l'équipe de recherche du laboratoire de la Mobilière sur les risques naturels de l'Université de Berne.
1,3 million de bâtiments menacés en Suisse
Une évaluation de l'équipe de recherche montre que 62% des bâtiments en Suisse sont menacés par le ruissellement de surface. En chiffres, cela représente environ 1,3 million de bâtiments pour une valeur à neuf de 2300 milliards de francs. 76% de toutes les personnes en Suisse vivent dans de tels bâtiments et même 89% des employés y travaillent.
«Des dommages plus importants surviennent en particulier dans les bâtiments avec des garages souterrains ou ceux dont les fenêtres sont directement au niveau du sol et facilitent l'entrée de l'eau», explique Markus Mosimann de l'équipe de recherche, interrogé par Blick.
Le potentiel de dommages est très élevé dans les villes. Zurich, Bellinzone, Winterthour, Lugano, Saint-Gall et Berne comptent le plus grand nombre de bâtiments menacés. A Zurich, par exemple, 18'000 bâtiments sont concernés – sur un total de 24'750. Markus Mosimann relativise toutefois ces chiffres élevés: «La base de la carte des dangers est un événement de précipitations très intense.» Il cite en exemple les violentes inondations de Zofingue en 2017 ou de Lausanne en 2018. Il se pourrait en outre que tous les bâtiments menacés d'une commune ne soient pas inondés lors du même événement.
«La grêle est souvent un facteur déclenchant dans les zones d'habitation»
Avec le changement climatique, les événements météorologiques violents se multiplient, comme l'a récemment expliqué Sonia Seneviratne, professeure à l'EPFZ et climatologue. Et avec eux, le risque de ruissellement de surface augmente également. Le bétonnage de la nature ainsi que la sécheresse renforcent cette évolution.
Outre les fortes pluies, la grêle peut également devenir un problème. Par exemple lorsque les puits d'écoulement sont bouchés, comme à Flawil (SG) au début du mois de mai. «Dans les zones d'habitation, la grêle est souvent un déclencheur de ruissellement de surface, car le système d'écoulement ne fonctionne alors plus correctement», explique l'expert Markus Mosimann.
Pour protéger les bâtiments, de petites mesures suffisent. Selon Markus Mosimann, il s'agit par exemple de rampes devant les entrées qui mènent vers le bas. Mais il existe aussi des projets plus importants. Dans les villes où les sols sont particulièrement imperméables et où l'eau ne peut pas s'écouler, le concept de «ville éponge» est mis en avant. Il s'agit de casser les surfaces d'asphalte et de les végétaliser ou de verdir les façades.
Une ville-éponge fonctionne sur le même principe qu'une éponge de cuisine: elle absorbe l'eau de pluie et la stocke. Les villes deviennent ainsi plus sûres, plus vertes et, surtout pendant les étés chauds, plus agréablement fraîches.