C'est déjà la dernière semaine de session parlementaire sous la Coupole fédérale. Et il y a du pain sur la planche avant de songer à la (longue) coupure d'été, en témoigne le PDF de programme des débats. Désormais estampillé d'un «nouvelle version», non pas allégée comme dans les publicités pour les boissons sucrées et leurs «nouvelles recettes», mais bien (encore) étoffé. Voici ce qu'il faut retenir de ce lundi 13 juin bernois.
1. Avoir un enfant est-il un luxe?
En Suisse alémanique, Tamara Funiciello est très connue. La jeune femme de 32 ans était la présidente de la Jeunesse socialiste, la fameuse «JuSo». Et elle n'a jamais peur de créer la polémique, surtout s'il s'agit d'obtenir davantage de place pour les femmes dans l'espace public. Notre édition dominicale, SonntagsBlick, a publié une interview-fleuve de la Bernoise. Et une phrase a fait mouche: «Pour les femmes, avoir un enfant, c'est faire un pas vers la pauvreté financière. Il s'agit d'un choix personnel, mais dans le contexte actuel, mon conseil aux femmes serait d'éviter de faire des enfants.»
Il n'en fallait pas davantage pour lancer le débat outre-Sarine. Devant les caméras de Blick TV, la responsable du bureau zurichois pour l'égalité, Helena Trachsel, est venue contrer la double-nationale italo-suisse. «Avoir un enfant n'a jamais été aussi peu un luxe qu'aujourd'hui», a assuré la spécialiste.
2. Deux nouveaux Vaudois sous la Coupole
Revenons à l'intérieur du Palais pour les grands débuts de deux Vaudois à Berne. Daniel Ruch et Alexandre Berthoud remplacent les deux nouveaux conseillers d'État (qui commencent officiellement le 1er juillet): Isabelle Moret et Frédéric Borloz.
3. Une conférence qui fait tache
Dans moins d'un mois, Volodymyr Zelensky va peut-être faire sa première apparition hors de son pays depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais cette perspective n'enchante pas beaucoup au Parlement: le sommet prévu les 4 et 5 juillet à Lugano est très loin de faire l'unanimité.
«Je ne peux pas soutenir cette conférence de Lugano. Elle n’a aucun sens», lâche le président de l’UDC, Marco Chiesa. Le conservateur argue qu’il ne s’agit ni d’une conférence sur les réformes, comme prévu initialement, ni d’un sommet pour la paix.
Pour découvrir les autres réactions récoltées par mes collègues alémaniques, c'est juste ici en-dessous.
4. La guerre des étoiles...
Les manifestations sur la place fédérale ne sont pas autorisées durant les sessions. Il n'y a pas encore de règlement en ce qui concerne les selfies, et cela se voit beaucoup. S'il faisait le pied de grue devant le Palais pour réclamer un nouveau sommet climatique sous la Coupole, Guillermo Fernandez assisterait à un joli défilé. Ce lundi, il y a d'abord eu le mouvement européen suisse qui est venu convaincre qu'une croix suisse ou une étoile européenne, c'est un peu la même chose...
5. ... et des sommets
S'ils étaient restés deux minutes (!) de plus, les pro-Européens auraient croisé les militants de l'initiative des Alpes, venus sensibiliser à la dangerosité du transport de certaines marchandises par le Simplon.
Un peu plus et l'on va apprendre que ce sont des parlementaires qui ont concocté le tifo suisse, hier à Genève...
6. L'Euro féminin en Suisse?
Dix-sept ans après l'Euro 2008 (ce qui ne nous rajeunit pas), la Suisse va-t-elle remettre le couvert? Viola Amherd a, en tout cas, été invitée à répondre à une question en ce sens lors de l'heure consacrée à cet exercice ce lundi. «L'Association suisse de football ne nous a pas encore communiqué les informations précises relatives au coût de l'organisation d'un tel événement. Mais le Conseil fédéral est prêt à soutenir cette demande de crédit, parce que nous y voyons une opportunité de développer ce sport chez les femmes et les filles», a dit la Valaisanne.
Ce qui, en langage fédéral (nul doute que la Centriste ferait une candidate de choix au championnat d'Europe de langue de bois), veut dire que cela sent bon!
7. L'UDC pas en grande pompe
Quatre motions, dont deux du président du parti himself, Marco Chiesa: l'UDC avait prévu en ce lundi une offensive de taille contre l'impôt sur les huiles minérales. Ces presque 77 centimes plombent (facile) le prix de l'essence, qui n'en finit pas de monter. Mais ces propositions n'ont pas trouvé grâce aux yeux d'une majorité de sénateurs, malgré le déplacement d'Ueli Maurer au Conseil des États.
Il faut dire que ces propositions avaient fait l'objet d'un feu nourri de la part du PS notamment: un effort sur le prix de l'essence ne profiterait qu'aux riches, a assuré le parti à la rose en substance. Les socialistes privilégient un «chèque fédéral». Les Verts aussi étaient vent debout contre les propositions.
8. Le jubilé d'André
Ce résumé du jour en est la première preuve: Twitter est devenu un réseau incontournable pour la sphère médiatico-politique suisse. Certains ne s'y sont mis que récemment, mais André Simonazzi est un convaincu de la première heure. Le porte-parole du Conseil fédéral a publié 9114 tweets exactement en dix ans. Soit 9115, avec celui qui explique que cela fait 9115 tweets en dix ans. Ou 9118 tweets avec les deux traductions, puisque l'ancien journaliste ne publie pas (encore) en romanche.
Fait intéressant, le vice-chancelier né à Monthey a varié son texte en fonction des langues: le français fait la part belle à l'emoji, l'italien a salué le passage de 140 à 280 caractères et l'allemand a ironisé sur le fait que le réseau n'a pas toujours bonne réputation.
À mardi pour de nouvelles (petites) infos fédérales!