Spéculation, impôts, prix du pétrole brut...
Voici pourquoi les prix de l'essence explosent

L'essence n'a jamais coûté aussi cher que cette semaine. Le prix d'un litre de carburant ne dépend toutefois pas uniquement du cours actuel du pétrole brut, mais aussi de plusieurs autres facteurs. La Confédération, quant à elle, profiterait de cette hausse des prix.
Publié: 12.03.2022 à 06:19 heures
Le pompiste tessinois Giuseppe Ripepi n'est pas le seul à s'irriter des prix, actuellement exorbitants, de l'essence en Suisse.
Photo: Myrte Müller
Andreas Engel

«Ces prix élevés, ce ne sont que de la spéculation»! Le pompiste tessinois Giuseppe Ripepi n'est pas le seul à s 'irriter des prix actuellement exorbitants de l'essence en Suisse. Nombre d'entre nous se demandent si cette hausse est réellement due à l'augmentation des prix du pétrole brut. Et plus précisément quelle part de spéculation se cache derrière ce choc des prix.

Les importateurs suisses de carburant ne profiteraient pas de la hausse des prix, estime Roland Bilang, directeur d'Avenergy Suisse, l'ancienne Union pétrolière. «La marge du commerce de carburant en Suisse est toujours la même, que le prix d'achat du carburant soit élevé ou bas». La Confédération, entre autres, profite quant à elle effectivement des prix d'achat élevés – par le biais des impôts.

Ainsi, l'impôt sur les huiles minérales s'élève à près de 77 centimes par litre d'essence, et même à près de 80 centimes par litre de diesel. À cela s'ajoute la taxe sur la valeur ajoutée. L'UDC a par exemple demandé cette semaine à la Confédération de renoncer temporairement à ces taxes, afin de soulager les automobilistes. Le Parlement devrait traiter cette proposition la semaine prochaine.

La Suisse dépend du marché mondial

Selon Roland Bilang, les fortes hausses de prix qui pèsent sur les bourses pétrolières pourraient être dues à de la spéculation. En revanche, la guerre en Ukraine n'aurait que peu d'influence dans notre contexte, la Suisse n'achetant qu'une infime partie du pétrole brut importé de Russie en Europe – seulement 8225 tonnes en 2020, par exemple.

À titre de comparaison, le Nigeria, notre plus grand importateur de pétrole brut, a livré la même année plus de 1,1 million de tonnes en Suisse. Car, comme l'explique Roland Bilang: «le pétrole est négocié sur le marché mondial; la Suisse n'a donc aucune influence sur le prix du pétrole brut».

En fin de compte, le prix de l'essence et du diesel dépend de plusieurs facteurs: les coûts de raffinage et de transport, ou encore le taux de change du dollar, par exemple... Mais lorsque le prix du pétrole augmente autant qu'en ce début de semaine, le prix de l'essence à la pompe grimpe inévitablement lui aussi.

Les automobilistes ne peuvent qu'espérer

Mercredi, le prix du baril de pétrole brut a atteint le niveau record de 133 dollars. Début janvier, le baril coûtait 77 dollars. Mardi, les prix ont augmenté d'un coup de 25 centimes. Depuis le début du mois de mars, l'essence a augmenté de 34 centimes par litre, et le diesel de 41 centimes. Selon les lieux, les prix des carburants ont parfois atteint les valeurs de 2,28 francs le litre.

Il y a une bonne nouvelle pour les automobilistes, cependant: les prix semblent actuellement se stabiliser. Vendredi, le prix du pétrole par baril est retombé à environ 110 dollars. Les automobilistes suisses peuvent donc espérer que les prix à la pompe baissent encore un peu. Une chose est toutefois presque certaine: tant que la guerre en Ukraine durera, les prix du pétrole brut ne se redresseront pas complètement.


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