«ORDRE DE MARCHE. Lieu d’entrée en service: Lausanne (Payerne pour les plus jeunes). Heure: 9h. Tenue: civile. Avec nos meilleures salutations, l’office de convocation.» La réception de la missive militaire en a laissé plus d’un amer.
Mais chaque année, pour des raisons de conscience ou encore de carrière, des conscrits montent des stratégies pour éviter leur service militaire. La pratique: un éléphant dans la pièce. Elle est tellement répandue que le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) propose sur son site un internet la meilleure façon d’éviter le service militaire.
La meilleure manière d’éviter son service militaire, paraît-il. Mais pas que. Le GSsA donne les clefs pour abandonner le treillis kaki pour le service civil, et, également, le comportement à adopter pour ne pas recevoir de proposition pour devenir gradé. La légende du supérieur signant à votre place est-elle véridique? «Oui, il est possible de forcer quelqu’un à continuer, répond ce mercredi 17 juillet à Blick Delphine Schwab-Allemand, porte-parole de l’armée. L’expérience montre que la majorité des cadres continuent de leur plein gré.»
«La meilleure façon d’éviter le service militaire»
Pour mémoire, ceux qui ne peuvent pas ou choisissent de ne pas faire leur service militaire/civile doivent payer une taxe d’exemption de 3% de revenu — 400 francs au minimum — pendant au maximum onze ans. Les personnes en situation de handicap grave n’y sont pas tenues.
Incitatif, le montant ne décourage pas les plus/moins motivés. Les stratégies pour éviter de finir sous les ordres d’un sergent sont nombreuses. Le GSsA les énumère dans son chapitre «la meilleure façon d’éviter le service militaire»:
- Les ordres ne sont suivis que si l’on craint d’être puni autrement
- Restrictions alimentaires
- Dire clairement ce que l’on pense de l’armée
- On peut être insultant envers l’armée
- Les drogues: Si l’on consomme des drogues douces (herbe, etc.), il est préférable d’en parler. Si l’on a déjà été sanctionné pour possession ou consommation de drogue, quelle qu’elle soit, ne pas hésiter à le mentionner.
- Attention bien sûr à ne pas avouer des délits pour lesquels on n’a pas encore été condamné ou que l’on aimerait contester
- Mentionner en détail les problèmes physiques que l’on a ou que l’on a déjà craint d’avoir
- Ne pas montrer de compétences sociales
- Porter un t-shirt du GSsA et en parler avec d’autres
L’armée ne dégaine pas
Qui recherche ces informations? «Avec l’école de recrues qui a commencé au mois de juillet, on reçoit plus d’une vingtaine de demandes par semaine, explique la secrétaire politique du GSsA Pauline Schneider. Le reste de l’année, c’est approximativement la moitié.» Les allées et venues sur la page web ne font pas partie du calcul.
«Beaucoup nous contactent dans des situations de stress, très affectés par l’idée d’aller faire l’armée, s’inquiète Pauline Schneider. Certains y sont depuis quelques jours, quelques semaines. Des parents nous appellent, des petites copines… Ce qu’on entend généralement, ce sont des situations de stress. Des personnes absolument angoissées ou anxieuses à l’idée de rejoindre les rangs l’armée.»
Que dit l’armée de ce tuto polémique? Est-ce un problème que d’encourager à filouter ses obligations légales? «Le nombre de personnes déclarées inaptes au service militaire est en diminution ces dix dernières années. L’aptitude au service militaire est passée de 61,6% en 2014 pour s’élever à 70,6% en 2023, répond Delphine Schwab-Allemand. Les bases légales sont précises. Tout homme de nationalité suisse est astreint au service militaire. Celui qui ne peut pas concilier le service militaire avec sa conscience effectue un service civil de remplacement.»