Depuis quelques jours, la vallée de Conches est en ébullition. Les préparatifs du camp fédéral scout (BuLa), qui n’a lieu que tous les quatorze ans environ, battent leur plein. Cette année, le camp se tiendra du 23 juillet au 6 août.
Environ 30’000 personnes seront sur place chaque jour sur le camp, quelque 5000 personnes sont mobilisées pour aider et environ 500 bénévoles organisent cet événement de deux semaines. Près de 300 scouts viendront même de l’étranger, de Finlande, de République tchèque ou encore des États-Unis. Le budget s’élève à 25 millions de francs. À titre de comparaison, en 2008, 23’000 scouts ont participé au camp et 2000 bénévoles étaient à l’œuvre.
Construction sous un soleil de plomb
Cela fait déjà quatre ans que la planification est en cours, et le tout prend maintenant forme. Il faut environ une heure pour aller d’un bout à l’autre du terrain à pied, beaucoup se déplacent donc à vélo ou en scooter électrique. Une tente géante est en train d’être montée au milieu du camp.
Rafael Meier est chef de projet pour la société Indiazelt et explique: «Nous construisons ici la centrale de ravitaillement, cela donne un magasin Migros de 40 mètres sur 85.» Les ouvriers transpirent sous un soleil de plomb, mais la mission leur procure un grand plaisir: «C’est très spécial. Nous avons beaucoup de chantiers dans la grande ville et rarement un décor comme celui-ci.»
Inquiétude des agriculteurs
Le co-chef de camp Dominique Schneider, dit «Pinky» de Rheinfelden (AG), parle des travaux de montage: «Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore eu de mauvaises surprises.» Au total, le camp devrait être monté dans un délai de deux à trois semaines. «Pinky» est impatient: «La joie anticipée est énorme chez nous tous!»
La joie n’a d’ailleurs pas toujours été au rendez-vous. D’intenses discussions avaient eu lieu avec les agriculteurs, qui avaient mis à disposition la majeure partie des 120 hectares de terrain. Gerhard Kiechler, président de la commune de Conches (VS) rappelle: «C’est juste au milieu de l’été, juste au moment des récoltes. Les agriculteurs avaient peur que le fauchage ne se fasse pas au bon moment et que l’on perde un précieux fourrage.» Les paysans de montagne se seraient également inquiétés des conséquences du camp sur leurs terres. Mais après de nombreuses discussions, des solutions ont été trouvées à tous les problèmes, assure le président de la commune: «Nous avons pu convaincre les agriculteurs qu’il n’y aurait de dommage pour personne.»
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L’eau va-t-elle manquer?
Blick a rencontré l’agricultrice Christa Schnellmann de Geschinen (VS). Elle ne partage pas l’enthousiasme des préparatifs du BuLa: «J’offre cette place aux enfants et je trouve que le scoutisme est une bonne chose. Mais c’est le meilleur terrain que nous, paysans de montagne, ayons.»
La paysanne a peur que ses animaux n’aient plus assez à boire: «L’eau est déjà rare chez moi à l’alpage, et certaines cabanes du CAS pensent déjà à la fermer. Notre approvisionnement en eau n’est pas conçu pour accueillir autant de monde.»
L’approvisionnement est assuré
Le président de la commune d’Obergoms (VS), Patric Zimmermann, se veut rassurant: «Nous avons un très bon fontainier et il suit le projet de près. Nous avons élaboré différents scénarios et je n’ai aucune inquiétude, cela va vraiment bien se passer.» Du côté de la direction du camp, on affirme également être prêt à faire face à de telles situations: «Nous avons une équipe environnementale qui s’occupe particulièrement de la protection des sols, et l’approvisionnement en eau est assuré. S’il fait très sec pendant très longtemps, un scénario est par exemple que le temps de douche, déjà très limité, soit encore plus réglementé.»
Il n’y aura certainement pas de difficultés d’approvisionnement dans le domaine alimentaire, prévoit Dominique Schneider: «Nous apportons tout nous-mêmes, nous sommes ici en tant qu’invités après tout, et il n’y a pas de conséquences pour la population locale.» Même si une énorme filiale Migros est construite sur le site, les autres détaillants de la région s’arment également. Interrogée par Blick, Coop écrit qu’elle se prépare à une «augmentation de la fréquentation des clients» dans la région de Conches: «La disponibilité des marchandises est assurée pendant cette période.»
Partout, on s’arme pour la méga-foule
Dans le magasin Volg d’Ulrichen (VS), les boissons sont réapprovisionnées en prévision de la chaleur. Sabine Imwinkelried, collaboratrice de la supérette de village, détaille à Blick: «Notre petit entrepôt déborde de toutes parts et nous pouvons passer des commandes supplémentaires si nécessaire, afin d’être prêts à faire face à la grande affluence.» Le personnel sera également renforcé afin de pouvoir approvisionner de manière optimale les habitants et les visiteurs.
Dans le domaine de la sécurité et de la santé, on est également prêt, affirme «Pinky». Les hôpitaux ne risquent pas d’être surchargés: «Nous avons notre propre service sanitaire, un poste de police ainsi qu’un corps de pompiers sur la place.»
Bénédiction pour le BuLa
Le Centre hospitalier du Haut-Valais écrit en outre dans une prise de position que l’on s’attend par expérience à jusqu’à dix consultations supplémentaires par jour: «Le service des urgences du Centre hospitalier du Haut-Valais peut gérer ces patients supplémentaires dans le cadre de son activité normale.» Si toutefois il y avait plus à faire, à cause d’un virus par exemple, d’une intoxication alimentaire ou d’un accident majeur, une cellule de crise pourrait être activée.
Le pasteur réformé Stefan Leistner Baumgardt prie toutefois pour que rien de grave ne se produise. Il est venu de Neunkirch (SH) en tant que bénévole, il a réparé sommairement ses vieilles chaussures de randonnée avec du ruban adhésif et aide maintenant au montage de la tente: «Mes filles sont engagées dans le scoutisme et m’ont demandé si je voulais aider. Maintenant, je suis ici pour quelques jours, car je trouve que le camp fédéral, c’est génial!»