Dans le débat houleux sur la loi sur le CO₂, Christian Imark a été une figure de proue de l'opposition à la loi, outre-Sarine. Le conseiller national UDC, originaire de Soleure, avait notamment mis en difficulté Simonetta Sommaruga dans l'émission «Arena» (l'équivalent alémanique d'«Infrarouge» en Suisse romande). «Nous n'avons pas à arnaquer les gens comme ça. Pourquoi vous vous en prenez toujours aux petites gens?», lui avait dit le jeune politicien, reprochant à la loi d'attaquer le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes.
La conseillère nationale verte Irène Kälin a également évoqué cette émission dans sa dernière tribune pour Blick. Pour elle aussi, cette soirée est un moment clé qui a fait basculer l'orientation du vote.
Avec le rejet de la loi le dimanche 13 juin, Christian Imark a eu réussi là où il avait échoué en 2017 dans la lutte contre la stratégie énergétique. Il a pu convaincre les électeurs de voter en pensant à leur porte-monnaie. L'UDC avait qualifié le projet de «loi de gauche sur le CO₂», en appuyant le fait que seuls les riches pourraient encore se permettre d'utiliser leur voiture. Les membres du parti ont mis en garde contre le coût que représenterait le passage de la loi sur le prix de l'essence, d'un billet d'avion ou du chauffage.
«Je ne suis pas un climatosceptique»
Christian Imark est très heureux. «J'ai toujours dit à mon parti que nous étions sous-estimés et que nous pouvions gagner ce vote. Nous avions de nombreux angles d'attaque», raconte-t-il. L'UDC a renforcé sa campagne pour le «Non» à mesure que le scrutin se rapprochait et que les intentions de vote penchaient pour un rejet de la loi. C'est le Soleurois qui a mobilisé et poussé ses collègues de parti. Il a créé une ambiance de victoire et sait aujourd'hui que «c'est le porte-monnaie qui a fait pencher la balance.»
Malgré sa position sur ce projet, Christian Imark est plus que concerné par les questions climatiques. «Je ne suis pas un climatosceptique. Nous sommes aussi favorables à une meilleure prise en compte des enjeux climatiques», dit-il.
Dans sa vie privée, le conseiller national pourrait presque être considéré comme un écolo. Il chauffe sa maison avec une pompe à chaleur, a acheté trois camions électriques pour l'une de ses entreprises et il construit un bâtiment commercial avec une isolation suffisamment performante pour ne pas avoir recours au chauffage.
«Je ne suis pas non plus un grand voyageur. Pour les vacances, je prends l'avion une fois par an en moyenne», poursuit Christian Imark. Avec sa famille ils utilisent deux voitures: puisqu'ils habitent à Fehren (SO), à la campagne, ils ne peuvent pas vraiment s'en passer.
Utiliser l'argent de manière plus ciblée
Christian Imark est clair sur l'objectif de la politique climatique: «Chaque franc investi doit nous permettre d'obtenir les meilleurs résultats en termes de protection du climat.» Il s'appuie donc sur une stratégie différente et mise notamment sur les nouvelles technologies.
Selon lui, les surplus d'électricité d'origine solaire, hydroélectrique et éolienne devraient être utilisés à l'avenir pour produire de l'hydrogène, car celui-ci est plus facile à stocker. Il veut équiper les usines d'incinération des déchets avec des systèmes de récupération du CO₂. «À lui seul ce changement permettrait de faire baisser de 10% les émissions de gaz de combustion», affirme le conseiller national.
En ce qui concerne l'objectif de l'accord de Paris selon lequel la Suisse doit émettre au moins 50% de gaz à effet de serre en moins d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, Christian Imark veut inclure dans le calcul les changements de population dus à l'immigration et à l'émigration. «Si, par exemple, 1000 Polonais immigrent en Suisse, conduisent, chauffent et consomment ici, cela aura un impact négatif sur le bilan des émissions de CO₂, et il faut en tenir compte», déplore Imark. «Sinon c'est injuste.»
En ce qui concerne l'actuelle loi sur le CO₂, certaines de ses mesures importantes expireront à la fin de l'année. Christian Imark est prêt à faire des compromis et à la prolonger à condition que «rien ne soit ajouté par-dessus», précise-t-il.
De novice à fin stratège
Christian Imark sait désormais comment fonctionnent le jeu politique à Berne et à quel point les enjeux peuvent être importants. Cela n'a pas toujours été le cas. Au début de sa carrière politique au Parlement, il a dû essuyer quelques déconvenues. Lorsqu'il s'est agi de la réforme des retraites et du supplément AVS de 70 francs en 2017, il s'est montré ouvert au compromis de centre-gauche.
Cela a provoqué la fureur des dirigeants de l'UDC: le jeune Soleurois avait été pris à partie par trois collègues du parti, dont leur chef de l'époque, Toni Brunner. Christian Imark a réussi à s'abstenir lors du vote décisif. Il ne voulait pas tout gâcher avec ses collègues à ce moment-là. «Le prix à payer au sein du parti aurait été trop élevé pour moi», avait-il admis à l'époque.
Une anecdote dont le Soleurois peut rire aujourd'hui. «Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés en matière de pensions actuellement», ajoute-t-il. «Entre-temps, même notre parti a dû se rendre compte que rien n'est possible sans compromis».
En tout cas, sa loyauté de l'époque a porté ses fruits. Non seulement il siège au sein de l'importante Commission de l'environnement et de l'énergie, mais il y dirige également le groupe de l'UDC en tant que leader. Et il compte bien y rester. Christian Imark veut continuer à avoir son mot à dire en tant que nouvel expert des sujets liés à l'énergie.