En apparence, tout laisse à croire qu'elle est en bonne santé. En réalité, Zoraya B.* est très malade. Cette femme de 28 ans souffre de l'intérieur. A l'extérieur, le calvaire quotidien de cette jeune femme est invisible. Ses graves dépressions et son autisme ne sont pas tangibles. Mais la Néerlandaise a abandonné le combat contre ses maladies psychiques: elle a décidé de mettre fin à ses jours par euthanasie.
En mai prochain, Zoraya recevra un médicament qui la plongera dans un sommeil profond pour la guider doucement vers la mort. Elle a décidé de quitter ce monde chez elle. «J'ai décidé de me suicider quand mes médecins m'ont dit qu'ils ne pouvaient plus rien faire pour moi», explique la jeune femme dans un rapport de «The Free Press». «Il a toujours été clair pour moi que si les choses ne s'amélioraient pas, je ne pourrais plus continuer à vivre ainsi.»
Sur Exit
L'aide au suicide pour maladie mentale est soumise à conditions
Aux Pays-Bas, l'assistance au suicide pour cause de maladie mentale est légale. En 2022, 8720 décès causés par l'euthanasie ont été recensés aux Pays-Bas, soit environ 5% de tous les décès dans le pays et 14% de plus que l'année précédente, selon les médias néerlandais.
En Suisse, les malades psychiques sont très rarement accompagnées vers la mort. En 2006, le Tribunal fédéral a déclaré dans un arrêt qu'il était en principe permis d'aider les malades psychiques à se suicider, seulement si le désir de mourir repose sur une décision bien réfléchie d'une personne capable de discernement. Exit demande «en plus du rapport médical, une expertise psychiatrique à charge du demandeur, attestant du discernement, décrivant le parcours du patient et stipulant les divers traitements proposés qui n’auraient pas eu d’effet sur le patient».
À Pully, l'affaire Mathez avait relancé le débat
L'affaire du Docteur Christian Mathez avait posé de nombreuses questions sur les limites légales du suicide assisté en 2019. Le médecin de famille basé à Pully avait été condamné pour meurtre après avoir aidé une patiente à mourir, rapportait «24 heures».
Bien que cette dernière avait pris l'initiative d'écrire ses directives anticipées et s'était positionnée contre l'acharnement thérapeutique, Dr Mathez a écopé de 2 ans de prison avec sursis, jugé abusif dans son geste. Son cas avait relancé le débat sur la légifération du suicide assisté et ses contours, pas suffisamment clairs selon certains professionnels de la santé.
Une expertise psychiatrique n'est plus nécessaire
En 2023, le Tribunal fédéral a acquitté la médecin Erika Preisig, qui avait aidé une femme souffrant de troubles psychiques à se suicider. La médecin avait déjà été acquittée par le tribunal cantonal de Bâle-Campagne, mais le procureur de ce canton avait porté le jugement devant le Tribunal fédéral.
Selon le procureur, la médecin aurait commis un homicide parce qu'elle n'aurait pas demandé d'expertise psychiatrique avant de permettre le suicide. Le Tribunal fédéral a ensuite rendu une décision de principe: la médecin n'avait certes pas demandé d'expertise psychiatrique, mais elle avait étudié les dossiers médicaux, mené des entretiens intensifs avec la femme, interrogé les personnes de référence et demandé un deuxième avis. Un processus jugé complet et suffisant. A l'avenir, il ne sera plus nécessaire d'obtenir une expertise psychiatrique pour aider les malades mentaux à se suicider.
Mais en cas de besoin, une évaluation positive de la commission d'éthique doit être demandée, comme le précise l'organisation d'aide au suicide Exit sur son site Internet. S'il n'est pas possible de répondre clairement à la question de la capacité de discernement, les organisations d'aide au suicide doivent refuser un accompagnement.
Une évolution croissante en Suisse?
Selon les estimations de «The Free Press», la Néerlandaise n'est pas un cas isolé. De plus en plus de personnes décideraient de recourir à l'euthanasie en raison d'une maladie psychique. Interrogé par Blick, Exit ne peut pas confirmer cette évolution de tendance en Suisse. Ces derniers temps, il n'y a pas plus de jeunes souffrant de maladies psychiques qui contactent l'association que d'habitude. «Nous constatons cependant que les demandes d'accompagnement au suicide de jeunes de moins de 50 ans touchés par une maladie mortelle sont en augmentation», indique-t-on chez Exit.
*Nom connu de la rédaction