Philippe Nantermod réagit
«Je ne m'inspire pas de Donald Trump»

Lors de la journée du PLR, son vice-président Philippe Nantermod a fait un discours au ton guerrier, casquette vissée sur la tête, doigt accusateur en l'air. Selon des experts en communication, ce sont des codes empruntés à Donald Trump. Le Valaisan dément. Interview.
Publié: 26.10.2022 à 17:14 heures
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Dernière mise à jour: 26.10.2022 à 17:54 heures
Philippe Nantermod est fier de son show «à l'américaine».
Photo: Youtube
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

A chaque lancement de campagne, sa polémique. Celle en vue des élections fédérales de l'automne 2023 ne fait pas exception. Du moins au Parti libéral-radical (PLR). Samedi dernier, la formation bourgeoise dévoilait ses ambitions devant près de 1000 personnes, à Berthoud (BE). En conclusion du meeting, le vice-président du parti Philippe Nantermod prononce un discours au ton particulièrement guerrier, casquette «PLR 2023» sur la tête. Plus étonnant encore: le conseiller national valaisan déclare que les «adversaires» du PLR veulent «voler» ses sièges.

Comme une impression de déjà-vu... L'élu se trumpise-t-il sur la forme? La réponse est oui, estiment deux experts en communication réputés interrogés par Blick ce mardi. Contacté ce mercredi, l'avocat libéral-radical dément fermement s'inspirer des méthodes de l'ancien président des Etats-Unis. Mais assume ses propos «rentre-dedans» et tacle à la carotide les Verts et le Parti socialiste. Interview.

Philippe Nantermod, alors, votre stratégie pour les élections fédérales de l’automne prochain, c’est de vous inspirer de Donald Trump?
Oui, et ensuite je construirai un mur! (Rires) Plus sérieusement, non, bien sûr que non. J’ai lu l’analyse des deux communicants que vous avez publiée mardi, elle m’a fait hausser les épaules et sourire. On parle d’une simple casquette… Ce 22 octobre, nous avons tenu une assemblée très populaire, devant près de 1000 personnes, avec des débats et des intervenants de très bonne qualité. Comme, notamment, un philosophe français libéral. Mais votre confrère de «20 Minutes» a surtout retenu que cet invité parlait avec des mots compliqués et conjuguait volontiers ses phrases au subjonctif plus-que-parfait… Je crois donc que les casquettes ce n'est pas si mal: il faut bien ça pour parler à certains.

Quand même: la casquette, le costard, le ton martial, «les sièges volés»… Ça fait beaucoup pour parler d’une simple coïncidence. Vous aviez au moins la volonté de faire un clin d’œil à l’ancien président des États-Unis, non?
Ce n’est rien de plus qu’une coïncidence. On aurait fait moins de foin si j’avais balancé un pot de sauce tomate sur un tableau de Paul Klee ou si j’avais collé mes mains à la sortie de l’autoroute de Berne pour pourrir la vie de tout le monde durant la journée. Samedi, lorsque je prends la parole, ce sont les dernières minutes du meeting, que nous voulions dynamique, rentre-dedans. C’est donc dans ce sens-là que je me suis exprimé. Pas avec un ton martial, mais de conquête: nous voulons gagner ces élections, battre la gauche et passer devant notre adversaire principal — je n’ai jamais utilisé le mot «ennemi» — le Parti socialiste, qui vient de déclarer la guerre aux vieux hommes blancs et riches.

Quel est le but de votre communication plus provoc' que d’habitude?
Il faut envoyer des signaux forts, qui parlent à nos électeurs et à la population plus largement. Le PLR est dans une position où il ne s’excuse pas de défendre ses valeurs, d’être d'une droite libérale et décomplexée. Et, de toute évidence, certains communicants apprécient davantage les actes illicites dont je vous parlais précédemment qu’une communication politique à l’américaine.

Vous conviendrez quand même que, en démocratie, personne ne vole le siège de personne. C’est le peuple qui les distribue…
Vous avez parfaitement raison. Mais ceux qui veulent nous prendre notre siège au Conseil fédéral, en tordant la règle de la formule magique, utilisent des termes qui sont du même niveau (ndlr: les Verts ont récemment qualifié les partis gouvernementaux de «cartel du pouvoir»).

Vous regrettez d'avoir formulé les choses comme ça?
Non, je n’ai pas d’excuses à présenter. C’est anecdotique dans un speech de lancement de campagne.

Votre langue a fourché ou vous aviez choisi vos mots avec attention?
J’avais marqué «piquer nos sièges» sur ma fiche. Ce n’était peut-être pas le bon verbe. Bref.

Sur Twitter, vous dites que vous vous attendiez aux critiques des «haters». C’est parce que vous cherchiez à les provoquer?
(Rires) Je parle là du genre de réactions que nous récoltons depuis notre affiche avec les F-35. Oui, nous sommes des gens qui ont parfois des costards cravates, qui aiment les symboles d’une Suisse plus traditionnelle, qui n’ont pas honte d’être de droite et qui valorisent le travail. Je sais que ça fait monter les tours à ceux qui croient que le monde doit se limiter à quelques sujets de société et que tout le reste est garniture. Je les regarde et je m’en amuse.

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Qu’est-ce qui compte vraiment, alors?
Pour moi, l’essentiel, c’est l’économie et les emplois. Que les gens puissent bénéficier d’un pays qui cartonne et qui apporte de bonnes solutions aux crises que l’on vit. Je suis un antidécroissant absolu: je combats le modèle du col roulé et du chauffage à 17 degrés, qui est le modèle de société défendu par les Verts. Je veux qu’on puisse fabriquer de l’électricité, je refuse qu’on sorte de la société de l’abondance. Et nous, au PLR, allons tout faire pour parvenir à ces objectifs.

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