100'000 soldats ne suffisent pas à Thomas Süssli. Si l'on en croit le chef de l'armée, les effectifs de l'armée devraient être augmentés «dans un premier temps» à environ 120'000 soldats, a-t-il déclaré dans une interview accordée aux journaux de CH Media.
Au vu de la situation géopolitique, la Suisse doit augmenter ses efforts de défense, et ce rapidement, explique Thomas Süssli. Ce dernier a récemment été mis sous pression suite aux révélations sur les problèmes financiers de l'armée.
Le PLR et l'UDC veulent aussi renforcer la défense
L'année dernière, l'armée suisse a esquissé dans un rapport la manière dont elle entend se positionner à l'avenir. En cas d'attaque contre la Suisse, les combats se dérouleraient dans deux zones dites «lourdes». Dans ces zones, l'objectif est d'obtenir la supériorité sur l'ennemi et de le forcer à interrompre l'attaque, comme le précise le rapport.
Pour y arriver, l'armée doit être réorganisée de manière à ce qu'il y ait à l'avenir des forces dites lourdes (bataillons de chars), des forces moyennes (infanterie) et – c'est une nouveauté – des forces légères pour les deux zones.
Ces dernières mobiliseraient environ 20'000 soldats «qui seront bien visibles publiquement et donneront de la sécurité à la population», détaille le chef de l'armée. C'est la première fois que le chef de l'armée prononce publiquement un chiffre. Ces dernières années, le Parti libéral-radical (PLR) et l'Union démocratique du centre (UDC) ont également demandé une augmentation d'un cinquième de l'effectif de l'armée.
Bientôt le service obligatoire pour les femmes?
Ces soldats supplémentaires «doivent pouvoir soutenir les autorités civiles tout en reconnaissant les adversaires et en les empêchant de mener des actions contre nous», poursuit Thomas Süssli dans l'interview. Une façon d'y arriver serait de faire appel à des militaires qui ont déjà terminé leur service, mais qui restent incorporés plus longtemps.
Mais il faudrait d'abord un nouveau système d'obligation de servir, selon l'interviewé. Le Conseil fédéral examine actuellement deux variantes: l'introduction de l'obligation de servir également pour les femmes ou la fusion de la protection civile et du service civil en une cellule de crise. Le Conseil fédéral a chargé le Département de la défense d'«examiner de manière approfondie» ces deux variantes d'ici la fin de l'année.
L'armée est déjà trop peuplée
Alors que l'armée se plaint depuis des années de problèmes de personnel, les chiffres montrent toutefois que le problème est en fait précisément le contraire: l'armée est trop peuplée! Selon les directives, l'effectif concret de l'armée ne doit pas dépasser 140'000 militaires.
Or, depuis 2022, cette limite maximale est dépassée, ce qui est contraire à la loi. La ministre de la Défense Viola Amherd avait donc proposé l'année dernière au Conseil fédéral de libérer plus tôt deux classes d'âge de militaires. Mais le Conseil fédéral a rejeté cette proposition. En lieu et place, la loi doit être adaptée.