L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a étudié les effets des premières grèves climatiques en Suisse. Les résultats ont montré «que les gens sont devenus plus conscients de l'impact de leur comportement sur l'environnement», écrit l'auteur principal de l'étude, Livia Fritz, dans le dernier numéro de la revue spécialisée «Sustainability Science».
Jusqu'à présent, les médias et la littérature scientifique ont beaucoup documenté le mouvement «Fridays for Future» lancé en septembre 2019 à travers ses acteurs, mais moins les répercussions de ce phénomène sur la société civile. C'est cet aspect qui a intéressé la chercheuse Livia Fritz, spécialiste de l'étude des dimensions sociales et politiques du changement climatique, avec son équipe de l'EPFL.
La mobilité, les habitudes d'achat et le recyclage ont changé
La plupart des changements perçus concernaient les transports, les habitudes d'achat et le recyclage. Par exemple, environ un tiers des personnes interrogées ont déclaré qu'elles étaient désormais plus enclines à chercher des alternatives à la voiture pour se rendre au travail.
Ils choisiraient également des destinations de vacances plus proches de chez eux afin d'éviter de prendre l'avion, rechercheraient des produits biologiques locaux et consommeraient davantage de repas végétariens.
Les personnes plus instruites sont particulièrement sensibles
Des efforts auraient aussi été faits pour réduire les déchets, notamment les déchets plastiques. Parmi ceux qui ont changé de comportement, la plupart étaient déjà sensibles aux questions environnementales avant le mouvement et avaient un niveau d'éducation élevé.
Pour leur étude, les scientifiques ont mené une enquête auprès de la population suisse en octobre et novembre 2019, peu après le pic des grèves climatiques. L'enquête a été menée en ligne auprès de 1206 personnes âgées de 18 à 74 ans vivant dans la partie francophone ou germanophone du pays.
Les personnes interrogées sont représentatives de l'ensemble de la population suisse en termes de sexe et d'âge. Les personnes ayant un niveau de formation élevé auraient toutefois été surreprésentées.
Besoin d'actions politiques
«Cette enquête démontre que l'engagement civique au sein de ces actions collectives peut avoir un impact direct sur le terrain et confirme leur légitimité», affirme la chercheuse de la Faculté de l'environnement naturel, architectural et construit (ENAC) de l'EPFL.
«Nous constatons toutefois que les comportements individuels sont capables de créer du changement tant qu'ils sont accompagnés d'actions politiques allant dans la même direction. La combinaison des deux est indispensable pour obtenir des résultats au long cours et adaptés au temps nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique», conclut Livia Fritz.
(ATS)