La Brasserie de l'Hôtel-de-Ville, à Genève, vibre au rythme des drapeaux rouge et jaune, ce dimanche 12 novembre. C'est là que le Mouvement citoyens genevois (MCG) a érigé son stamm pour le second tour de l'élection au Conseil des États. Dès 13h, les lieux sont assaillis par les journalistes: Mauro Poggia, le ténor de ce parti qui n'existe qu'au bout du Léman, vient de devenir le politicien le mieux élu du canton à la Chambre haute.
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Avec plus de 55'000 suffrages comptabilisés lors des résultats anticipés, il arrive ainsi devant le sortant socialiste Carlo Sommargua, deuxième mieux élu aux États. La sortante Verte Lisa Mazzone, quant à elle, perd son fauteuil. Quatrième, la vice-présidente de l'Union démocratique du centre (UDC) Céline Amaudruz, colistière de Mauro Poggia dans le cadre de la grande alliance de la droite à Genève, n'est pas élue (bien que son résultat soit historiquement haut, à l'échelle de son parti).
À l'heure où ces lignes sont écrites, les résultats ne sont pas définitifs, certes. Mais, étant donné les grands écarts de voix, et l'avance incontestable de Mauro Poggia, les derniers bulletins ne risquent pas vraiment de changer la donne, concède la Chancellerie. À la sortie de son intervention en direct sur le plateau de Léman Bleu, acclamé par une foule et toujours entouré de caméras, Blick a attrapé le grand gagnant de la journée pour le sonder quant à son avenir bernois. Interview à chaud.
Mauro Poggia, ça fait quoi d'être l'homme le mieux élu de Genève?
Ça fait plaisir. Mais j'ai une pensée pour ma colistière Céline Amaudruz (UDC), qui n'a pas été élue à mes côtés. On voit bien que, au niveau de l'alliance de la droite élargie, en place pour ce second tour, le soutien n'a pas été le même au sein de tous les partis de l'alliance. On a entendu des voix discordantes s'exprimer dans les médias pendant l'entre-deux-tous…
Vous parlez des femmes du Centre, qui ont publiquement affirmé qu'elles ne soutiendraient pas Céline Amaudruz, malgré les promesses de la grande alliance?
Oui. Et puis ça, c'est seulement ce qui a été rendu public.
Comment expliquez-vous votre succès?
Mon score confirme que je suis une personne qui rassemble au-delà du clivage politique gauche-droite. Je touche aussi des gens qui, d'habitude, ne votent pas. En outre, des électeurs sensibles à des valeurs traditionnellement portées par la gauche ont aussi voté pour moi.
Vous siégerez avec le socialiste Carlo Sommaruga, deuxième mieux élu du canton. Un homme que vous n'avez pas manqué de tacler pendant la campagne électorale. Et qui vous l'a bien rendu. Vous allez réussir à travailler ensemble sans vous entre-tuer?
Moi, en tout cas, je ne me suis pas rendu coupable d'attaques personnelles durant la campagne. Mais il y a eu des mots durs, oui. La gauche, de manière générale, n'a pas manqué de taxer mon parti de xénophobe, de raciste. Ou encore de populiste.
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Vous n'êtes pas populiste?
Nous savons que ce terme n'est pas avantageux, en général, dans la bouche de ceux qui le prononcent.
Et vous pourrez travailler avec quelqu'un dont le parti semble vous mépriser, selon vos dires?
Mais oui. Je peux travailler avec toute personne intelligente: et c'est le cas de Carlo Sommaruga.
Une grande question reste en suspens: étant donné que votre parti, le MCG, n'existe qu'à Genève, avec qui allez-vous siéger?
Il y a actuellement des discussions en cours avec le Centre, l'UDC et le PLR. Aujourd'hui, tout est encore ouvert. Après, ce n'est un secret pour personne: le MCG est ni de gauche, ni de droite, mais quand même plutôt de centre-droite. Au niveau de la politique pure, nous sommes plus proches du Centre que de l'UDC. Il serait donc plus facile pour moi de porter mes sujets de prédilection aux côtés du Centre.
L'un de vos grands sujets, justement, c'est la santé et le système d'assurance maladie. Affinités politiques ou pas, vous irez en priorité chez ceux qui pourront vous promettre la Commission de la santé, à Berne?
Oui. À noter que si on veut commencer à sensibiliser la droite à un autre mode de fonctionnement du système de santé, il faudrait idéalement commencer par le parti le mieux prédisposé à entendre ce discours, ce qui est le cas du Centre. Lorsque vous faites un trou dans un mur, il faut éviter de tomber sur du béton armé.
C'est ce grand dossier de la santé, que vous vous engagez à défendre bec et ongles, à Berne? Un dossier sur lequel nous pourrons vous attendre au tournant, à la fin de la législature...
Dans le domaine de la santé, je suis convaincu qu'il y aura désormais une majorité à Berne pour faire changer les choses. Je parle surtout de la maîtrise des coûts, d'un plus grand pouvoir octroyé aux cantons sur ce sujet.