Reto Gurtner est un professionnel du tourisme. C'est lui qui a transformé les stations de sports d'hiver de Flims et Laax dans les Grisons, autrefois endormies, en une destination tendance renommée Flims-Laax. Aujourd'hui, il est à la tête de la Weisse Arena, une entreprise de services intégrée dans le secteur du tourisme et des loisirs basée dans le canton. Son paradis des sports d'hiver attire chaque année des centaines de milliers de personnes. Il réalise ainsi un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions. Sa parole compte. C'est pourquoi les amateurs de ski ont bondi de leur chaise lorsqu'il a déclaré à la radio et à la télévision romanche RTR: «Dans dix ans, le forfait journalier coûtera 200 à 300 francs.»
Aujourd'hui, une carte journalière coûte 100 francs ou plus les jours de pointe, avec les prix dynamiques pratiqués dans la plupart des grands domaines skiables. A Flims-Laax, les amateurs de sports d'hiver ont payé en moyenne 97 francs la saison dernière pour surfer sur la neige. Reto Gurtner part donc du principe que ces prix vont doubler, voire tripler. Comment en est-il arrivé à cette conclusion?
«Pour jouer au golf, on peut dépenser jusqu'à 1000 francs»
«Le ski est aujourd'hui beaucoup trop bon marché», affirme Reto Gurtner. Selon lui, le prix maximum pour la carte journalière est encore loin d'être atteint. Pour justifier l'augmentation des tarifs, il invoque l'inflation. Mais aussi une raréfaction de l'offre. Selon ce spécialiste du secteur, la ruée vers les domaines skiables qui continueront à bénéficier d'un enneigement garanti, va augmenter. Il pense aussi qu'à l'avenir, suffisamment d'amateurs de sports d'hiver seront prêts à payer ces prix. «Au golf, il y a des gens qui paient 1000 francs pour un parcours.»
Tout le monde, loin s'en faut, ne partage pas l'analyse de Reto Gurtner. «Je ne pense pas qu'il soit réaliste de penser que les prix vont doubler ou tripler, déclare par exemple Berno Stoffel, directeur de Remontées Mécaniques Suisses. Au cours des dix dernières années, nous avons eu une croissance de 15% en moyenne, et nous pensons que cela va continuer à ce rythme», dit-il à SRF.
Christian Laesser, professeur de tourisme à l'université de Saint-Gall, estime lui aussi que des prix allant jusqu'à 300 francs sont «relativement improbables» pour toute la Suisse. On n'en arriverait là que si un «processus de concentration massif» dans les domaines skiables était déjà enclenché aujourd'hui, comme aux États-Unis. Mais il ne voit pas un telle situation se reproduire en Suisse.