Le géant bancaire UBS a choisi d'«intégrer totalement» sa rivale Credit Suisse en Suisse, dont l'enseigne va disparaître, a-t-il annoncé jeudi, mais sans dévoiler dans l'immédiat ses conséquences pour l'emploi.
«L'intégration complète va renforcer les points forts qui font d'UBS la première banque de Suisse», tout en préservant la concurrence sur le marché helvétique, a affirmé Sergio Ermotti, le directeur général d'UBS, dans un communiqué.
La banque, qui a dû reprendre son ex-concurrente sous la contrainte des autorités suisses pour éviter la faillite de celle-ci, veut parachever l'essentiel de son intégration d'ici à fin 2026, indique dans un communiqué UBS, qui espère à cette date plus de 10 milliards de dollars d'économies provenant de cette fusion.
Dossier complexe
«Deux mois et demi après l'acquisition de Credit Suisse, nous travaillons d'arrache-pied pour mettre en oeuvre l'une des fusions bancaires les plus importantes et les plus complexes de l'histoire», a déclaré Sergio Ermotti, le patron d'UBS, cité dans le communiqué. Le sort de la branche suisse de Credit Suisse, un dossier épineux dans le pays alpin à l'approche d'élections législatives en octobre, était l'un des dossiers les plus complexes à trancher pour UBS.
«Notre décision concernant Credit Suisse (Suisse) SA fait suite à une évaluation approfondie de l'ensemble des options possibles», a souligné M. Ermotti, en expliquant que l'intégration complète de cette branche de la banque déchue est apparue comme «la meilleure solution».
UBS, qui a envisagé jusqu'à sept scénarios, a finalement opté pour une intégration, estimant que la branche helvétique de Credit Suisse aurait eu du mal à trouver sa place dans le paysage bancaire, a précisé UBS lors d'un point avec la presse.
Large bénéfice
Au deuxième trimestre, la première banque de Suisse a engrangé un bénéfice net de 29,2 milliards de dollars, sans comparaison avec le bénéfice de 2,1 milliards de dollars dégagé au deuxième trimestre 2022, les résultats d'UBS étant déformés cette année par des éléments exceptionnels, a-t-elle annoncé jeudi. Credit Suisse a pour sa part essuyé une perte avant impôts de 8,9 milliards de francs suisses (9,2 milliards d'euros).
Considérée comme une pépite, la branche helvétique de Credit Suisse regroupe sa banque de détail dans le pays alpin, ses prêts hypothécaires et crédits aux entreprises nationales. Il s'agit de la branche qui avait le mieux résisté en 2022 quand Credit Suisse essuyait des retraits massifs de capitaux.
Son chiffre d'affaires n'avait reculé que de 5% en 2022, contre une dégringolade de 54% des revenus dans la banque d'affaires et de 30% dans la gestion de fortune.
Restructuration à venir
Mais les doublons sont nombreux entre la centaine d'agences de Credit Suisse et les 200 d'UBS à travers le pays, ce qui forçait UBS à faire un choix. Plusieurs options ont été envisagées par les investisseurs, dont celle d'une scission pour le biais d'une introduction en Bourse qui aurait permis à cette branche de survivre et de limiter les suppressions d'emplois.
«S'il y a une intégration, il y a bien sûr une grosse restructuration de cette activité en Suisse», avait souligné M. Venditti, analyste chez Vontobel, lors d'un entretien avec l'AFP en amont de la publication des résultats.
Et les employés?
Au total, les deux banques employaient ensemble environ 120'000 collaborateurs dans le monde fin 2022, dont 37'000 en Suisse. Mais les départs se sont multipliés depuis l'annonce de leur fusion. UBS avait accepté en mars de racheter Credit Suisse sous la pression des autorités suisses et finalisé son rachat en juin.
La banque a déjà commencé à payer les pots cassés pour Credit Suisse en acceptant en juillet de verser auprès de la banque centrale américaine et de la Banque d'Angleterre 387 millions de dollars pour régler une amende due pour la mauvaise gestion du fonds américain Archegos.
Mi-août, UBS avait toutefois rassuré en annonçant qu'elle renonçait aux mesures de soutien de l'Etat et de la banque centrale suisses, estimant qu'elles n'étaient plus nécessaires.
Ce rachat sous la contrainte change diamétralement le sort d'UBS, qui avait dégagé en 2022 un copieux bénéfice net de 7,6 milliards de dollars, un de ses meilleurs résultats depuis la crise financière de 2008, contre une perte colossale de 7,3 milliards de francs pour Credit Suisse.
(AFP)