«Hotel Tanne, Martin Lenzlinger à l’appareil. Oui, bien sûr que vous pouvez venir, mais je dois vous prévenir: nous n’avons pas de neige. Très bien, alors vous ne venez pas. Au revoir.» Martin Lenzlinger pose le combiné. Il est le manager de l’hôtel de la commune de Sankt Peter-Pagig, à proximité du domaine skiable du Hochwang, dans les Grisons. «C’est toujours comme cela que ça se passe en ce moment», soupire-t-il.
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L’hôtel situé entre Coire et Arosa souffre des conditions météorologiques pas adéquates avec la saison. La dernière fois que des flocons sont tombés, c’était à la mi-décembre. «La neige va certainement revenir», soutient Martin Lenzlinger avec optimisme. Il ne se laisse pas abattre, même si les chambres sont presque toutes vides. Il est toujours honnête lorsqu’un amateur de sports d’hiver appelle la réception.
Un bien triste tableau
Une courte promenade suffit pour comprendre que le village est désert. Seuls les haut-parleurs de la terrasse de l’hôtel et du bar d’en face diffusent des tubes qui brisent le silence dans les ruelles. De temps en temps, une voiture passe en trombe. Seul le télésiège est en service. Quelques aventureux clients montent pour se défouler un peu en faisant de la randonnée. Mardi, ils ont été une petite dizaine pendant toute une journée.
«Une seule personne arrive», annonce par radio l’employé des remontées mécaniques à la station supérieure. La pente de la montagne en dessous du télésiège fait peine à voir. Partout, du vert et de la boue, sauf tout en haut, où la pluie se transforme difficilement en neige. Un épais brouillard et des nuages complètent ce triste tableau. Les téléskis sont arrêtés, les pistes fermées et il n’y a presque pas de clients dans la salle du restaurant. «C’est dramatique», soupire un employé en allumant une cigarette, protégé par l’avant-toit de ce qui ressemble vaguement à des flocons. Il fait tout simplement trop chaud.
«C’est très difficile de travailler dans ces conditions»
Des mètres de neige, il n’y en a pas encore eu cet hiver. «Par le passé, nous n’avions pas de problème. Désormais, c’est plus compliqué», explique Patrick Angehrn, directeur des remontées mécaniques de Hochwang. Soudain, il se met à neiger. Mais cela ne dure pas. L'homme ne se fait aucune illusion: «C’est très difficile de travailler dans ces conditions.» Malgré tout, Patrick Angehrn reste ferme: il ne va pas recourir au salaire horaire, comme dans d’autres domaines skiables: «Cela ferait fuir les employés à plus ou moins long terme.»
«Cette situation est triste pour les employés et triste pour le domaine skiable. Nous espérons que la neige reviendra bientôt!» Sur le chemin vers le village, il ajoute: «Ce sur quoi nous marchons devrait être la piste de luge. On ne peut même pas l’ouvrir.» Le ski, suivi par la luge, sont les deux activités qui génèrent le plus de chiffre d’affaires. La randonnée arrive en dernière position. «Mais qui irait faire une marche par cette météo?», lâche-t-il encore.
En tout cas, pas la famille Duss. «Nous venons de passer une semaine ici et nous n’avons pratiquement que joué au Uno», nous raconte le père de famille, Olivier. Il prend cela avec une pointe d’humour: «Au moins, les enfants ont enfin appris à faire la vaisselle.»
Un manque d’enneigement qui affecte toute la Suisse
Le manque de neige n’est pas seulement un problème pour le domaine de Hochwang dans les Grisons, mais concerne aussi de nombreuses stations de ski de basse et moyenne montagne de toute la Suisse. Certaines n’ont même pas pu démarrer les remontées mécaniques cette saison. La cause est toujours la même: le manque d’enneigement. «La situation est critique, on ne va pas se le cacher», confie un employé de l’office de tourisme de Torgon (VS) à Blick. Seul l’espace débutants y est ouvert. Le télésiège du Tronchey ainsi que le restaurant sont fermés.
À Splügen (GR), tout le domaine skiable est fermé. «En presque 20 ans d’expérience, je n’ai encore jamais vécu une telle situation», témoigne le directeur des remontées mécaniques, Hacher Bernet. Depuis trois semaines, il pleut. «Du coup, la piste est détrempée. Elle ne gèle plus pendant la nuit», explique-t-il. Le foehn a également contribué à aggraver la situation.