Le Tunisien Amin T.*, 35 ans, est le fugitif judiciaire le plus indomptable de Suisse. Alors que la police est à la recherche de ce délinquant violent déjà condamné, il se moque ouvertement de la justice sur Internet, faisant notamment un doigt d'honneur à la police.
Culotté jusqu'au bout, il se présente à Blick pour donner une interview depuis son lieu de fuite. Et il attribue sa carrière criminelle à une seule chose: notre système d'asile. D'ailleurs, il n'hésite pas à enfoncer le clou: «Je n'ai reçu que sept francs par jour. La Suisse ne m'a pas donné assez d'argent.»
En cavale depuis octobre 2022
Rappel des faits. Le délinquant s'était enfui le 4 octobre 2022 en descendant d'un fourgon pénitentiaire, en Crocs. Depuis, la police ne parvient pas à mettre la main sur Amin T., qui s'est sans doute d'abord réfugié en France.
La police cantonale argovienne avait déjà pris la parole, en dénonçant le comportement «choquant» du délinquant en fuite, en réaction aux images de doigts d'honneur. Toutefois, une communication aux autorités françaises n'a de sens «que s'il existe des indices concrets sur une localisation actuelle», disait-on. Et ce n'était pas le cas à l'époque. Une localisation du téléphone portable est presque impossible, car il change sans cesse de numéro. Depuis, le jeu du chat et de la souris suit son cours.
«Je ne suis pas dangereux»
Face à Blick, le Tunisien se présente comme un agneau innocent. «Je ne suis pas un criminel. Je suis un homme normal.» Cela fait bientôt un an et demi qu'il est dehors et qu'il assure ne pas avoir récidivé. Et concernant son passé? Il dément toutes les accusations: «Je n'ai blessé personne et je ne suis pas dangereux.» Il poursuit son auto-éloge, en attestant de son intelligence ainsi que de sa bonne intégration en Suisse.
Précisons. Le Tunisien a été expulsé du pays peu avant sa fuite. Auparavant, il avait été condamné à deux reprises par les autorités suisses, notamment pour trafic de drogue. Il aurait également agressé quatre personnes. Son ex-femme, avec laquelle il a trois enfants, en fait partie. Il l'aurait grièvement blessée.
Dans cet entretien, Amin T. s'en prend à l'État suisse. S'il avait «reçu suffisamment d'argent» en tant que requérant d'asile, il aurait vraiment pu mener «une belle vie». Mais, «malheureusement, je n'ai reçu que sept francs par jour. Comment puis-je vivre avec ça?»
Actif dans l'exportation de voitures
Interrogé sur son ex-femme, Amin T. déclare: «Je ne l'ai pas menacée, comme elle le dit. Je n'ai pas non plus de problèmes avec elle. Je l'aime et j'aime mes enfants.» Il précise d'ailleurs être «déjà venu quatre fois en Suisse» depuis sa fuite. Le Tunisien continue de se plaindre de la justice. «J'étais souvent en prison, je n'avais pas le droit de recevoir des visites, de téléphoner, d'écrire des lettres. On m'a privé de mes droits!»
Bien qu'Amin T. continue à publier des photos de Paris, il fait signe que non. «Je ne suis pas en France actuellement. Je suis allé en Autriche, à Vienne.» Il ne précise toutefois pas dans quel pays il se trouve à ce jour. Mais il est toujours en Europe.
Il préfère se vanter. Il travaille désormais avec un collègue dans le domaine de l'exportation de voitures. Il vendrait des voitures dans le monde entier. «Je gagne entre 30 et 50 euros par voiture.»
Des cellules détruites
Le fait qu'il puisse être arrêté à tout moment ne semble pas l'inquiéter. «Je dors bien!» Mais il avoue quand même ne pas vouloir retourner en prison. «La liberté, c'est mieux.» Sans surprise.
La prison n'est pas un lieu accueillant: seulement quatre murs, une télé et la sieste. Il était à l'isolement, ne pouvait parler à personne. «On voulait me briser.» Incapable de retenir sa colère, il a détruit de nombreuses cellules, sa main et sa tête contre un mur. Il a été «traité comme un chien», assure le fugitif, qui ne reconnaît «que de petites erreurs». Il confirme la découverte de drogues chez lui, mais celles-ci étaient destinées à sa propre consommation.
Et que dit la police cantonale d'Argovie dans toute cette mascarade? Le porte-parole Marco Roduner confirme à Blick que l'avis de recherche est «encore en suspens». Il ne souhaite toutefois pas se prononcer sur d'autres détails, par exemple sur d'éventuelles visites en Suisse. «Pour des raisons tactiques liées à l'enquête, je ne peux malheureusement pas indiquer si des indices ont été reçus et lesquels», déclare le porte-parole. Mais il assure que «nous prenons au sérieux les informations concrètes et prenons les mesures appropriées.» Il est peu probable que cela impressionne l’évadé effronté.
*Nom modifié