Le coup de com' qui fait tache
Les anciens conseillers fédéraux opposés à la 13e rente en touchent déjà une?

Des anciens conseillers fédéraux se sont mobilisés contre l'initiative pour une 13e rente des syndicats dans une lettre. Mais leur stratégie pourrait se retourner contre eux. La plupart d'entre eux reçoivent en fait un supplément équivalent à une rente AVS mensuelle.
Publié: 11.02.2024 à 19:41 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 06:42 heures
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Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann se sont peut-être tiré une balle de le pied.
Photo: Keystone
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Reza Rafi

Le 3 mars approche, la nervosité monte, et les premières tendances des résultats des votations sur l'AVS se dessinent: si l'on en croit les sondages, les syndicats pourraient bien ressortir gagnant avec leur initiative populaire pour une 13e rente AVS.

Rien d'étonnant donc à ce que le camp adverse tente le tout pour le tout. Dernier coup en date: dans une lettre envoyée la semaine dernière, cinq anciens conseillers fédéraux mettent en garde la population contre une acceptation de l'initiative. Dans leur lettre, Adolf Ogi, Johann Schneider-Ammann, Doris Leuthard, Pascal Couchepin et Joseph Deiss qualifient le projet de «dangereux», et «menaçant» pour le financement durable de l'aide sociale.

Les opposants sont mal placés pour parler

Cet argument n'est pas dénué de sens. Toutefois mais la stratégie des anciens élus pourrait bien se retourner contre eux. Les politiciens ont du mérite: ils jouissent toujours d'une grande popularité auprès du peuple. Mais des magistrats à la retraite avec une rente annuelle de conseiller fédéral de 228'000 francs sont en très mauvaise posture pour dissuader les Suisses de voter pour une augmentation des rentes AVS.

Autre tâche dans le tableau: Johann Schneider-Ammann, fervent partisan du non, appartient à une famille d'industriels dont la fortune s'élève à 475 millions de francs, selon le magazine «Bilanz». Même le fait que le libéral-radical ait annoncé qu'il renonçait à sa retraite et que le groupe Ammann offrait un emploi à 3000 personnes passe inaperçu dans ce brouhaha. Comment l'idée de ce coup de com' a pu franchir les portes de la salle de réunion du camp du non? Mystère.

Christoph Blocher n'a pas été sollicité

Mais le problème ne s'arrête pas là: comme tous les employés de la Confédération, les anciens membres du Conseil fédéral bénéficient cette année d'une compensation du renchérissement de 1%. Au total, cela représente pour Adolf Ogi et compagnie, 2341 francs supplémentaires chacun, soit l'équivalent d'un montant maximal de l'AVS de 2450 francs. 

En d'autres termes, la compensation du renchérissement à elle seule permet aux ex-conseillers fédéraux de toucher une somme équivalente à une 13e rente AVS. Pas étonnant que les milieux syndicaux se délectent de ce fait, qu'ils ont par ailleurs fait confirmer par la Chancellerie fédérale.

Mais cette nouvelle est une aubaine pour les partisans du oui. Et pour la large alliance bourgeoise qui s'oppose à la 13e rente AVS, c'est une nouvelle balle dans le pied. A noter qu'un ancien conseiller fédéral très connu ne fait pas partie des expéditeurs de la lettre en question: il s'agit de l'icône de l'UDC, Christoph Blocher. Les stratèges ne l'ont pas sollicité, d'après ses déclarations: «Je ne fais apparemment pas partie des anciens conseillers fédéraux», a-t-il lâché. Mais qu'importe: il trouve cette lettre «inutile».

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