L'Assemblée fédérale élira ce mercredi le nouveau conseiller fédéral qui remplacera le sortant Alain Berset. Le Parti socialiste (PS) a choisi ces deux candidats pour tenter de décrocher la place de l'élu sortant. Beat Jans et Jon Pult représenteront officiellement le groupe parlementaire à la rose sous la coupole.
Mais le ticket du parti socialiste n'est qu'une recommandation pour les électeurs. D'autres candidats rêvent du siège tant convoité. Dans les coulisses du Parlement, les rumeurs s'écoulent. Les bruits de couloirs font un vacarme dans les spéculations de la succession du conseiller fédéral sortant. Parmi les scénarios les plus fous, l'un d'entre eux concerne le candidat déchu du PS, Daniel Jositsch.
Le conseiller aux Etats socialiste ne s'en cache pas: il veut devenir conseiller fédéral. A n'importe quel prix. Le Zurichois aurait même sondé les dirigeants de l'UDC pour savoir s'il pouvait compter sur le soutien du plus grand groupe parlementaire du Parlement fédéral.
Mais Daniel Jositsch a pris ses précautions. Pour éviter que sa demande ne fasse le tour de la Berne fédérale, le candidat s'est abstenu d'approcher Thomas Aeschi ou Marco Chiesa. Le député aurait contacté une personne moins exposée, plus éloignée, mais toujours très proche de la légende du parti de droite, Christoph Blocher: il s'agirait de l'ancien président de l'UDC, Toni Brunner.
La succession de Simonetta Sommaruga le poursuit
Alors sa démission remonte à 2016, Toni Brunner tire encore de nombreux fils dans les jeux politiques. Et le candidat à la succession de Berset est en conscient.
S'il souhaite pouvoir encore rêver du siège tant convoité, Daniel Jositsch doit mettre toutes les chances de son côté. Le politique souffre encore de sa candidature cafardeuse de l'année passée. Rappelez-vous: lors de l'élection de remplacement de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (PS), qui démissionnait, le Zurichois s'était porté candidat contre l'avis de la présidence du parti socialiste, qui recommandait exclusivement des candidates féminines.
Il semblerait que son propre groupe parlementaire ne lui a toujours pas pardonné de l'avoir défié publiquement. On lui reproche de ne pas avoir respecté la voix de son parti – et de ne pas avoir renoncé à sa candidature. Ses collèges de parti lui feraient pourtant confiance d'un point de vue de ses compétences pour prendre le poste de conseiller fédéral. Mais beaucoup se disent aujourd'hui déçus par son comportement, du moins sur le plan humain.
Tendances d'extrême droite
D'autres part, le conseiller aux Etats a tendance à se positionner à l'extrême droite du parti sur certains dossiers. Un autre point qui fait de lui un candidat socialiste hors catégorie pour plusieurs membres du groupe parlementaire.
Dans les groupes bourgeois en revanche, c'est précisément ce penchant politique qui rend Daniel Jositsch intéressant. Parallèlement, les dirigeants des partis et des groupes parlementaires ont souligné à plusieurs reprises qu'ils ne voteraient que pour des candidats officiels – déclaration qu'ils ont officialisé mardi soir. Pourtant, il semblerait que l'UDC n'a de préférence ni pour Beat Jans, ni pour Jon Pult.
C'est ainsi que Daniel Jositsch s'est retrouvé pendu au téléphone pour sonder ses chances auprès de l'UDC, comme l'a révélé Toni Brunner devant un groupe proche de l'UDC. Christoph Blocher lui-même était pour l'idée d'une candidature sauvage du PS. Tout en ajoutant que, selon lui, un candidat aussi déterminé à devenir conseiller fédéral était «suspect».
Roger Nordmann, candidat favori de l'UDC?
À quelques heures de l'élection au Conseil fédéral, une autre tête du PS aurait même réussi à se faire une place au cœur des discussions de l'UDC: Roger Nordmann. L'ancien chef de groupe des Socialistes ne jouit pas de la réputation d'un homme de droite. Mais dans les couloirs de l'UDC, il se dit que le candidat est fiable.
Ledit favori de l'UDC ne devrait toutefois pas se réjouir du soutien de l'aile concurrente. Aucun candidat socialiste ne devrait d'ailleurs le faire. Sauf quelqu'un qui voudrait absolument devenir conseiller fédéral. À n'importe quel prix. Malgré nos sollicitations, Daniel Jositsch n'a pas souhaité s'exprimer auprès de Blick au sujet de l'élection au Conseil fédéral.
Si curieuses soient-elles, ces spéculations ne devraient pas changer le scénario officiel lors de l'élection. Le groupe parlementaire UDC a en effet annoncé publiquement mardi soir qu'il s'en tiendrait au ticket officiel du PS pour l'élection du Conseil fédéral de mercredi. Le groupe n'a pas encore indiqué s'il donnait sa préférence à Beat Jans ou à Jon Pult. Reste à savoir si l'UDC s'en tiendra à sa déclaration – ou non.