L'ancien CEO de Raiffeisen sur le banc des accusés
Les enjeux du plus grand procès de la décennie en Suisse

Le 25 janvier s'ouvre à Zurich le procès de l'ex-patron de la banque Raiffeisen Pierin Vincenz, de son compère Beat Stocker et de cinq autres accusés. Blick résume les enjeux du procès économique de la décennie.
Publié: 20.01.2022 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 20.01.2022 à 08:08 heures
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Les deux principaux accusés : l'ex-patron de Raiffeisen Pierin Vincenz (65) ...
Photo: Daniel Kellenberger
Christian Kolbe

Le 1er octobre 2015, Pierin Vincenz est assis sur le siège conducteur d’une luxueuse limousine noire dans le quartier des banques de Zurich. Il plaisante avec le journaliste qui évoque par hasard le fait qu’il doit désormais conduire lui-même et qu’il ne peut plus faire appel aux services d’un chauffeur. La veille, le Grisons a effectué son dernier jour de travail en tant que CEO de la banque Raiffeisen, après 16 ans à la tête de la banque coopérative.

Lors de ses adieux, le banquier, qui n’hésitait pas à critiquer son propre secteur, a reçu des éloges de toutes parts. Les politiciens, les grands noms de l’économie et les médias ont célébré une dernière fois le jovial patron de la Raiffeisen. Pierin Vincenz avait fait de la coopérative la troisième force sur la place financière, derrière les deux grandes banques UBS et Credit Suisse, et l’avait fait entrer dans le cercle illustre des établissements financiers d’importance systémique.

Comment tout a éclaté

A l’époque, tout allait bien dans le meilleur des mondes pour Pierin Vincenz. Il laissait derrière lui un héritage solide et avait un bel avenir devant lui, siégeant dans les conseils d’administration de nombreuses entreprises suisses. Ce que tout le monde ignorait alors, c’était la part d’ombre du banquier.

Le procès en chiffres

L'ascension de Pierin Vincenz à la banque Raiffeisen a été fulgurante, sa chute tout aussi vertigineuse. Le 25 janvier s'ouvre le procès pénal contre l'ex-patron de Raiffeisen. Un aperçu en chiffres.

4 jours: Le 25 janvier débute le procès économique le plus spectaculaire de la décennie. Il durera quatre jours et se terminera vendredi. Si le temps manque, une cinquième journée d'audience est prévue le 9 février.

1200 places assises: le nombre de personnes qui peuvent prendre place dans la grande salle de théâtre du Volkshaus de Zurich, dans laquelle le tribunal de district de Zurich a délocalisé l'audience.

20 000 francs: Le coût de l'utilisation de la Volkshaus pendant les jours du procès.

526 classeurs fédéraux: Le nombre de dossiers que l'accusation a remis au tribunal de district de Zurich.

364 pages: Le volume de l'acte d'accusation, annexes comprises, mais sans les notes de bas de page.

7 accusés: Pierin Vincenz et Beat Stocker sont les principaux accusés, cinq autres personnes doivent également répondre de leurs actes devant le tribunal.

106 jours: C'est la durée de la détention provisoire des deux principaux accusés. Selon le ministère public, l'enquête a été «très coûteuse».

560'709,10 francs: Le montant que l'ex-patron de Raiffeisen Pierin Vincenz aurait facturé à son employeur de l'époque pour des plaisirs privés comme des voyages et des dépenses dans des clubs de strip-tease et des cabarets dans toute la Suisse.

12 comptes bancaires: Le principal accusé, Pierin Vincenz, est à lui seul propriétaire d'une douzaine de comptes dans diverses banques, qui ont été passés au crible par le ministère public.

6 ans: C'est la peine de prison que risque Pierin Vincenz s'il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.

L'ascension de Pierin Vincenz à la banque Raiffeisen a été fulgurante, sa chute tout aussi vertigineuse. Le 25 janvier s'ouvre le procès pénal contre l'ex-patron de Raiffeisen. Un aperçu en chiffres.

4 jours: Le 25 janvier débute le procès économique le plus spectaculaire de la décennie. Il durera quatre jours et se terminera vendredi. Si le temps manque, une cinquième journée d'audience est prévue le 9 février.

1200 places assises: le nombre de personnes qui peuvent prendre place dans la grande salle de théâtre du Volkshaus de Zurich, dans laquelle le tribunal de district de Zurich a délocalisé l'audience.

20 000 francs: Le coût de l'utilisation de la Volkshaus pendant les jours du procès.

526 classeurs fédéraux: Le nombre de dossiers que l'accusation a remis au tribunal de district de Zurich.

364 pages: Le volume de l'acte d'accusation, annexes comprises, mais sans les notes de bas de page.

7 accusés: Pierin Vincenz et Beat Stocker sont les principaux accusés, cinq autres personnes doivent également répondre de leurs actes devant le tribunal.

106 jours: C'est la durée de la détention provisoire des deux principaux accusés. Selon le ministère public, l'enquête a été «très coûteuse».

560'709,10 francs: Le montant que l'ex-patron de Raiffeisen Pierin Vincenz aurait facturé à son employeur de l'époque pour des plaisirs privés comme des voyages et des dépenses dans des clubs de strip-tease et des cabarets dans toute la Suisse.

12 comptes bancaires: Le principal accusé, Pierin Vincenz, est à lui seul propriétaire d'une douzaine de comptes dans diverses banques, qui ont été passés au crible par le ministère public.

6 ans: C'est la peine de prison que risque Pierin Vincenz s'il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.

C’est alors que les révélations du blog financier «Inside Paradeplatz» sont sorties, emportant avec elles le fils prodigue de la finance zurichoise dans la tourmente. Le média révèle de possibles fraudes alors qu’il dirigeait la Raiffeisen et présidait, en même temps, le conseil d’administration de la société de cartes de crédit Aduno (de 1999 à 2017), qui s’appelle aujourd’hui Viseca. Le blog révèle également l’implication de Beat Stocker, le directeur d’Aduno de 2006 à 2011, qui siégeait également au conseil d’administration sans jamais avoir été employé à plein temps, comme l’a récemment révélé Blick.

Pierin Vincenz et Beat Stocker sont les deux principaux accusés du procès économique suisse le plus spectaculaire depuis la faillite de Swissair. En automne 2017, l’étau se resserre autour des deux compères et partenaires commerciaux. L’Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) enquête, tout comme le Ministère public du canton de Zurich, spécialisé dans les délits économiques.

106 jours de détention préventive

A l’aube du 27 février 2018, les autorités frappent: elles tirent Beat Stocker hors du lit à six heures, Pierin Vincenz dix minutes plus tard. Si les deux espèrent ne passer qu’un jour ou deux en détention provisoire, ils se trompent. Ils resteront 106 jours dans la cellule austère d’une prison préventive du canton de Zurich. «Ce que j’ai vécu ces dernières semaines, je ne le souhaite à personne», déclarera Pierin Vincenz après sa sortie de prison.

Le pire pourrait toutefois encore être à venir. Dans l’épais acte d’accusation de 364 pages, le Ministère public dresse le portrait d’un banquier audacieux et cupide, qui a tout fait pour empocher le plus d’argent possible, y compris aux dépens d’Aduno et de la Raiffeisen. Cela alors que la banque lui a versé plus de 38 millions de francs de salaire en 15 ans.

Si l’accusation parvient à convaincre le tribunal de la culpabilité des deux hommes, ils risquent six ans de prison. Beat Stocker devrait rembourser plus de 16 millions et Pierin Vincenz près de 9 millions de francs indûment acquis. Une somme considérable pour l’ancien patron de la Raiffeisen, qui serait sans cesse à court d’argent, selon plusieurs médias. Ce d’autant plus qu’en cas de condamnation, des procès au civil sont encore possibles.

Une longue liste de reproches

La liste des reproches adressés aux deux principaux accusés est longue. Aux yeux de l’accusation, il s’agit d’escroquerie par métier, de gestion déloyale, de falsification de documents et de corruption passive. En outre, les notes de frais indûment touchées pourraient constituer un délit d’abus de confiance. Pierin Vincenz et Beat Stocker, ainsi que les cinq autres accusés, bénéficient de la présomption d’innocence.

Le procès s’ouvrira le 25 janvier et durera quatre jours. Il n’est toutefois pas certain que cela suffise. Si ce n’est pas le cas, les négociations pourraient se poursuivre le 9 février.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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