Après la pandémie de Covid-19, on peut enfin à nouveau voyager sans grandes restrictions. Et de nombreux Suisses et Suissesses ont désormais grandement envie de rattraper le temps perdu.
Le revers de la médaille: les files d'attente dans les aéroports s'allongent en conséquence. Et le nombre de voyageurs bloqués parce qu'ils ne trouvent pas de place dans l'avion augmente aussi. Jusqu'à présent, ce phénomène se produisait surtout aux États-Unis. Mais il semble dorénavant que la situation s'aggrave également en Suisse.
La raison? Le surbooking systématique. Cela signifie que les compagnies aériennes vendent plus de places qu'il n'y en a réellement dans l'avion. «En règle générale, les compagnies aériennes surréservent leurs places de 10 à 30%», explique Igor Maas, expert en droits des passagers aériens auprès du portail Myflyright.
D'une part, les entreprises voudraient ainsi exploiter au maximum leurs capacités, ainsi qu'augmenter leur rentabilité. D'autre part, elles souhaiteraient se protéger contre les passagers qui ne prennent finalement pas leur vol. «Les taux appliqués dépendent de la compagnie aérienne et de l'itinéraire», continue Igor Maas.
Pratique courante dans le secteur
Est-ce vraiment légal? Oui. Une compagnie aérienne peut «forcer» ses passagers à rester au sol. Il n'y a pas d'obligation de transport s'il n'y a pas assez de places. Mais les voyageurs ne devraient pas repartir les mains vides.
Selon le règlement européen sur les droits des passagers aériens, les rejetés ont droit à un dédommagement allant de 250 à 600 euros – cela dépend de la longueur du vol. Ils doivent en outre pouvoir obtenir le remboursement des frais d'hôtel, des repas ainsi que du transport vers un autre aéroport ou des frais de téléphone.
«La surréservation des vols est une pratique courante dans le secteur, confirme la porte-parole de Swiss Meike Fuhlrott. Cela nous permet d'offrir à d'autres clients les places vides dans l'avion qui résultent de la non-présentation de passagers ou d'annulations de dernière minute.» Dans le cas contraire, ces places resteraient vides. «Ce qui n'aurait aucun sens, ni économiquement, ni écologiquement.»
Mais qui doit se désister, lorsqu'un vol est surréservé? Chez Swiss, on cherche d'abord des volontaires. «Sinon, la sélection se fait en fonction de l'heure de l'enregistrement», explique la porte-parole. La compagnie aérienne ne communique pas de chiffres concrets sur la fréquence à laquelle les passagers doivent être refusés.
Les cas resteraient rares en Suisse
Edelweiss aussi surréserve des vols. «Et plus précisément, ceux pour lesquels les données montrent un taux de non-départ supérieur à la moyenne», explique le porte-parole Andreas Meier à Blick.
La sélection des trajets est régulièrement adaptée. Andreas Meier met en avant des considérations écologiques et économiques. «Nos hôtes ne sont toutefois que très rarement touchés par les effets négatifs d'une surréservation.» Concrètement, en 2019, sur près de 3 millions de passagers, «quelques dizaines» n'ont pas pu prendre l'avion. La grande majorité aurait opté volontairement pour une compensation et une solution de vol alternative.
Selon un porte-parole, l'entreprise Helvetic Airways n'offre quant à elle pas plus de billets que la capacité des avions ne le permet. «C'est pourquoi les vols ne peuvent pas être surréservés», précise-t-il.
Un passager traîné hors de l'avion
Une situation comparable à celle des Etats-Unis ne menacerait donc pas la Suisse. En effet, les cas américains paraissent bien plus extrêmes. Pour ne donner qu'un exemple, sur un vol de Chicago à Louisville, un passager de 69 ans avait été traîné hors de l'avion contre son gré parce que celui-ci était surréservé.
Suite à cet incident, plusieurs compagnies aériennes ont élaboré de nouvelles directives. Celles-ci proposent désormais aux voyageurs jusqu'à 10'000 dollars s'ils renoncent volontairement à leur vol.