Vous arrivez à Barcelone, vous vous promenez sur Las Ramblas et l'odeur des tapas vous met l'eau à la bouche. Vous commandez des croquetas, un peu de jamón ibérico et des patatas bravas. Paf, 30 euros. Bravo! Non seulement vous obtenez 10 sur 10 pour l'espagnol, mais vous venez de tomber dans un piège à touristes.
C'est le deuxième le plus dénoncé au monde, à en croire les analystes de Casago, un portail de location de biens immobiliers. Leur travail n'a pas été trop difficile: ils ont épluché les commentaires de TripAdvisor, le leader mondial des commentaires de voyageurs, à la recherche de la mention de tourist trap.
Forcément, comme il s'agit de la version anglophone de l'expression, les endroits où l'on parle la langue de Shakespeare sont surreprésentés — en témoigne le leader du classement, la zone de Fisherman's Wharf à San Francisco. Attachez vos ceintures et n'ayez pas honte: tout le monde ou presque se targue d'éviter les pièges à touristes, mais plus de deux interrogés sur trois se sont déjà fait avoir, rappelle le portail. C'est parti!
Les pires pièges à touristes en Europe
Vous l'attendez depuis que vous avez cliqué sur l'article: où est le classement? Patience, on vous le livre. Derrière le quartier touristique de San Francisco, il y a donc Las Ramblas, à Barcelone. Puis Temple Bar, le quartier touristique de Dublin et son pub éponyme, où les «vrais» Irlandais ne se risquent pas trop.
Certains endroits valent vraiment la peine, mais la cohue de touristes du matin au soir, en plus des différentes sollicitations pour vous vendre des babioles par exemple, ont de quoi décourager. On peut citer ici la Tour Eiffel (14e), la place Jamaa el-Fna de Marrakech (11e) ou les chutes du Niagara, en 7e position. Oui, d'accord, ces deux exemples ne sont pas en Europe.
Sur le Vieux-Continent, il est conseillé d'éviter la Fontaine de Trevi, à Rome, ou Checkpoint Charlie, à Berlin.
Et la Suisse, alors?
Il y a deux façons de voir les choses. Soit la Suisse traite bien ses touristes, qui ne sont pas frustrés au point de dénoncer des «tourist traps» sur TripAdvisor, soit notre pays souffre d'un déficit de notoriété par rapport aux autres endroits du globe, qui attirent proportionnellement davantage de visiteurs.
Est-ce que Gstaad, le Cervin et Interlaken méritent une mention? Nous vous en laisserons juges. Toujours est-il qu'il n'y a qu'un piège à touristes dans le (long) classement établi par Casago: le restaurant Zeughauskeller.
Comment ça, vous ne connaissez pas cet établissement qui propose cuisine suisse rustique et bières artisanales dans un bâtiment du XVe siècle, avec poutres en chêne et objets historiques? Rien qu'à lire la description sur Google (ce que vous venez de faire, piégés que vous êtes), il y a quand même quelques red flags, comme on dit.
Et pourtant: les avis, toujours sur Google — on vous fait gagner du temps —, sont plutôt bons. La note de la Zeughauskeller s'élève à 4,4 étoiles sur 5, sur la base de presque 10'000 évaluations. En vrac, on y salue la cuisine, un peu moins la qualité du service, mais c'est surtout l'addition qui fait mal. À peu près comme tous les restaurants de Zurich, ville qui est un vrai tourist trap à elle seule, sur la base du coût de la vie.
Éviter les pièges
Y a-t-il, outre le bon sens, des stratégies pour éviter ces fameuses arnaques à touristes? Le portail admet que certaines destinations qualifiées de piégeuses sont des incontournables (must see), comme la Tour Eiffel, le Taj Mahal ou les chutes du Niagara.
Comment faire si l'on veut les tracer de sa bucket list (décidément, le tourisme aime les anglicismes) malgré tout? «Il y a souvent des bons plans pour trouver des réductions. Et, surtout, évitez les moments les plus courus de la journée», écrit le portail américain. Acheter un billet à l'avance est une bonne stratégie, par exemple à Rome (même si la contemplation de la Fontaine de Trevi, le seul piège du classement répertorié dans la capitale italienne, est gratuite).
En général, explique Casago, plus les boutiques de souvenirs sont nombreuses, plus haut est le risque de se trouver dans un piège à touristes. Il faut y réfléchir à deux fois avant de se rendre dans un endroit qui possède son propre hashtag sur Instagram, comme #LondonEye, qui est non seulement un tourist trap avec ses 3,75 millions de touristes annuels, mais aussi overpriced (trop cher).
Pour ce qui est des restaurants, une bonne stratégie est d'éviter absolument tous les établissements qui ont du personnel à l'extérieur pour y appâter le chaland. Blick rajoute deux conseils: les plats en photo sont un autre no go, tout comme les cartes qui sont traduites dans beaucoup de langues. Coïncidence ou pas, la Zeughauskeller de Zurich propose un menu en japonais…
«Pour avoir une expérience de voyage authentique, il faut sortir des sentiers battus, obtenir les recommandations de locaux», résume Casago, qui conseille en outre de faire confiance aux artisans du cru plutôt que de ramener des babioles pour touristes. Rien de neuf, mais la piqûre de rappel ne fait jamais de mal, à l'heure où le break pascal appartient déjà au passé et qu'il faut préparer les vacances d'été.