Saut dans le passé, quelques années en arrière: nous sommes dans les douches d’un vestiaire de foot du Val-de-Ruz, dans le canton de Neuchâtel. Des copains récupèrent après un entraînement. Ils déconnent, se projettent.
Ils s’imaginent organisateurs d’événements pour rassembler du monde autour de leur club, le vénérable FC Coffrane. Depuis leur petit village de moins de 700 habitants, ils voient les choses en grand. En très, très grand. Un fantasme irréalisable? Beaucoup auraient arrêté de rêver une fois séchés et rhabillés. Pas eux.
Aujourd’hui, ils s’apprêtent à réaliser leur ambition grâce à des contacts glanés à droite et à gauche: réunir des milliers de personnes lors de ce qui sera probablement l’une des plus grandes fêtes vintage d’Europe.
À l’affiche à Forum Fribourg, le 30 avril, et sous la baguette du duo iconique du Hit Machine Charly et Lulu: 26 artistes stars des années 80, 90 et 2000. Citons Patrick Hernandez, Las Ketchup, Lou Bega, Larusso, Lio, Émile et Image, Yannick, Tragédie, Zouk Machine, Partenaire Particulier, les L5, Plastic Bertrand ou encore Jean-Pierre Mader. Rien que ça!
La Night de tous les possibles
La bande de potes derrière cette organisation monstre a le triomphe modeste. Car avant même le lancement de la soirée intitulée La Night (durant laquelle Blick ira traîner ses caméras), réunir tout ce joli monde relève de l’exploit.
Michael Pegoraro, membre du comité d’organisation bénévole, finit par le concéder. «Nous voulions rester sur Neuchâtel mais, pour des questions de date et d’organisation, nous n’avons pas pu nous installer à la patinoire du Littoral, glisse-t-il. Comme il n’y a pas d’autres salles de cette capacité dans le canton, nous sommes allés voir ailleurs et avons finalement atterri à Forum Fribourg, qui est encore beaucoup plus grand. Pouvoir accueillir 10’000 personnes, c’est vertigineux!»
Surtout quand on sait que la première fête organisée par le groupe d’amis se tenait dans une salle de gymnastique, en présence de 200 personnes. Avant de continuellement monter en grade, jusqu’à une première consécration: une soirée magie, en présence notamment du Français Éric Antoine.
Nous sommes alors juste avant le Covid. «Nous avions fait salle comble, 1400 personnes avaient fait le déplacement, sourit Michael Pegoraro. Parallèlement, nous avions lancé le festival d’humour ChaudTime. Mais la pandémie a tout arrêté, nous avons dû reporter nos événements à des jours meilleurs.»
Des stars pour apporter du bonheur
Une pause forcée qui n’a pas découragé les organisateurs amateurs, qui sont aussi parvenus à amener le chanteur anglais Ed Sheeran et l’ancien footballeur des Bleus Éric Abidal dans un hôpital pour enfants.
Bien au contraire. «Nous adorons y aller au culot, se lancer des nouveaux défis, sortir de notre zone de confort, enchaîne le Neuchâtelois. Et puis, nous essayons de faire le maximum de bien autour de nous. Nous ne touchons pas un centime et reversons l’entier de nos bénéfices à des associations caritatives qui nous tiennent à cœur. Pour l’instant, ce que nous avons tenté a toujours bien fonctionné.»
A priori, il devrait en être de même pour La Night fribourgeoise. «Nous avons dépassé les 4000 billets vendus et nous espérons attendre les 6000-7000 ventes, seuil qui devrait nous permettre d’être rentables, table-t-il. Par ailleurs, nous avons profité de l’occasion pour inviter le personnel soignant neuchâtelois pour le remercier de son engagement durant la crise sanitaire. Ce sera aussi l’occasion de retrouver un peu la vie d’avant!»
Le bénévole ne cache pas que ce grand raout fait malgré tout peser un gros risque sur les épaules de son équipe. «Nous sommes deux enseignants, un est informaticien, un est menuisier, deux autres travaillent dans la logistique… Sur huit personnes, aucune ne vient du milieu et c’est ce qui nous permet d’avoir plein d’idées qui sortent parfois de l’ordinaire, appuie-t-il. Et, là, nous avons emprunté environ 300’000 francs auprès de banques et d’investisseurs. C’est une sacrée pression, mais nous y croyons. Nous sommes bien entourés et le programme est excitant, non?»