La Confédération met fin au monitoring des hôpitaux
Les médecins mettent en garde contre le relâchement face au Covid

L'Office fédéral de la santé publique arrête fin août la surveillance des cas de Covid dans les hôpitaux suisses. Les spécialistes se montrent inquiets et reprochent à la Confédération de faire marche arrière dans la lutte contre la pandémie.
Publié: 03.08.2024 à 08:00 heures
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Combien de patients Covid sont en traitement à l'hôpital? La Confédération n'aura bientôt plus aucune visibilité à ce sujet.
Photo: Keystone
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Lea Hartmann

La décision de la Confédération suscite l'incompréhension des spécialistes. Pour des raisons d'économie, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) met fin à la fin du mois d'août à un programme de surveillance des cas de Covid et de grippe dans les hôpitaux suisses. C'est ce que rapporte le journal romand «Le Temps».

Jusqu'à présent, les grands hôpitaux devaient déclarer à la Confédération le nombre de patients atteints du Covid qui sont actuellement hospitalisés et fournir des informations telles que l'âge, l'évolution de la maladie et le fait que la personne soit vaccinée ou non. Les hôpitaux doivent également déclarer les éventuels décès dus au Covid. Le monitoring des hôpitaux avait été développé lors de la pandémie de covid-19 et constitue un élément permettant aux autorités d'observer la situation.

La Confédération n'a plus d'argent pour la surveillance

Mais c'est désormais terminé. Selon «Le Temps», la décision a été communiquée aux hôpitaux à la mi-juillet. L'OFSP la justifie par le fait que les crédits limités pour l'exploitation du système arrivent à échéance et que l'OFSP doit réduire son budget en raison des directives d'économie de la Confédération. La surveillance de l'évolution des maladies des patients Covid et de la grippe dans les hôpitaux n'est donc plus possible «en raison de l'automatisation limitée et des besoins élevés en ressources», comme l'a indiqué un porte-parole en réponse à une question de Blick. Ainsi, la saisie d'une seule déclaration peut prendre jusqu'à une heure.

Le financement de la surveillance des eaux usées, qui donne une vue d'ensemble importante sur les variantes de virus qui circulent actuellement dans la population et dans quelle mesure, sera également supprimé. La Confédération souhaite poursuivre ce programme, mais on ne sait pas encore comment. Selon l'OFSP, la Confédération travaille à une solution avec des partenaires.

Les experts regrettent la décision et mettent en garde

Selon «Le Temps», des médecins inquiets auraient écrit aux autorités sanitaires pour leur faire part de leur «profond regret» face à cette décision. On fait ainsi un grand pas en arrière, déclare au journal un spécialiste qui souhaite rester anonyme. Une autre personne reproche à la Confédération «un manque flagrant de vision et de compétence».

Christoph Fux, médecin-chef en infectiologie et prévention des infections à l'hôpital cantonal d'Aarau, s'exprime de manière un peu plus diplomatique, mais reste critique. Selon lui, les données hospitalières sont importantes en tant que complément aux données sur les eaux usées afin de déterminer à quel point un nouveau type de virus rend malade. 

Les données permettraient par exemple de tirer des conclusions sur les personnes particulièrement menacées et de voir si les symptômes changent. «Il est dommage que cela ne soit désormais plus possible.» Christoph Fux affirme qu'il aurait apprécié que l'on poursuive la surveillance, au moins sous une forme allégée.

La Confédération travaille à une solution

A l'hôpital cantonal d'Aarau, plusieurs patients sont actuellement atteintes du covid-19, et une personne se trouve aux soins intensifs avec une pneumonie sévère. «Cela fait longtemps que nous n'avons pas vu une évolution aussi grave», déclare Christoph Fux. Face à des évolutions aussi impressionnantes, la question se pose toujours de savoir s'il s'agit d'un cas isolé ou si d'autres hôpitaux observent à nouveau de plus en plus de cas graves. Pour cela, un monitoring est utile.

Un tel suivi n'est pas complètement abandonné. Le Parlement se penchera bientôt sur la révision de la loi sur les épidémies. Selon l'OFSP, il s'agit également de créer une base juridique pour un système de surveillance durable des maladies transmissibles. Mais cela ne devrait pas entrer en vigueur avant quelques années. Et la question du financement sera également à l'ordre du jour à ce moment-là.

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