Une société à deux vitesses?
L'UDC Thomas Aeschi tire sur le certificat Covid

Le chef du groupe parlementaire de l'UDC, Thomas Aeschi, fait campagne au sein de son parti pour un non à la loi Covid. Il veut bannir le certificat de notre vie quotidienne.
Publié: 26.07.2021 à 10:47 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2021 à 14:11 heures
Le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi a traversé en voiture 13 pays d'Europe de l'Est pendant ses vacances.
Photo: Keystone
Ladina Triaca, Lauriane Pipoz (adaptation)

Pologne, Croatie, Albanie,… Thomas Aeschi a traversé treize pays lors de son road trip en Europe de l’Est. Il n’a dû montrer son carnet de vaccination qu’une seule fois, à son entrée en Bosnie-Herzégovine, et n’a pratiquement pas vu de masques.

Depuis, le chef du groupe parlementaire de l’UDC considère les Balkans comme des modèles dans leur gestion de la pandémie. Il faut aussi un retour à la normale en Suisse, martèle-t-il: «Il est temps de lever enfin ces mesures.» Selon lui, la plupart des personnes à risque sont déjà vaccinées et le risque de surcharge des hôpitaux est pratiquement nul.

Une croisade contre la loi Covid

Il fait campagne contre les mesures anti-Covid depuis son retour au pays. Lors de la session d’automne du Parlement, son parti demandera la fin de la situation spéciale. Thomas Aeschi tente actuellement de convaincre ses collègues de parti de voter contre la loi Covid.

En septembre, cette dernière sera pour la deuxième fois soumise au vote de la population. Alors que les votations de juin portaient principalement sur l’aide économique, le certificat Covid dans son ensemble sera cette fois au cœur des votations. Avec le soutien actif des Jeunes UDC, les coronasceptiques ont recueilli bien plus de signatures que les 50’000 requises pour le référendum. Mais que se passera-t-il si le camp du non l'emporte?

Le certificat Covid tombera

Si le projet de loi est rejeté, la base juridique du certificat tombera, c’est-à-dire que les restrictions à l’intérieur du pays, telles que celles qui sont actuellement en place pour les clubs et les grands événements, ne pourront plus être imposées. De plus, partir à l’étranger deviendra très compliqué.

Ce qui n’est pas un problème majeur pour Thomas Aeschi: «S’il le faut, le Conseil fédéral pourra toujours mettre en place une nouvelle base légale pour produire un certificat garantissant les accès aux voyages à l’étranger, mais en Suisse, le certificat Covid ne pourra plus être exigé comme un billet d’entrée. En aucun cas vous ne devez avoir besoin d’un certificat pour entrer dans un restaurant ou un centre de fitness uniquement si vous avez un certificat», développe-t-il. Pour lui, une telle nécessité serait la porte ouverte à une société à deux classes.

Le débat a pris une autre direction

Mais son avis est loin d’être majoritaire; il lui faudra ainsi de l’énergie pour mener à bien cette campagne. Effectivement, pendant les vacances du parlementaire, le débat en Suisse a pris une tout autre direction. En résumé? Selon de nombreux protagonistes, le certificat ne doit pas être moins utilisé, mais plus.

Lukas Engelberger, président des directeurs cantonaux de la santé, a affirmé auprès de Blick que, selon lui, seules les personnes vaccinées, testées ou guéries devraient être autorisées à se rendre dans un restaurant ou un centre de fitness.

Cette extension du pass sanitaire avait déjà été demandée il y a une semaine par le président des Vert’libéraux, Jürg Grossen, et l’infectiologue Christoph Berger. Leur but est d’inciter les gens à se faire vacciner par le biais de libertés alléchantes pour tenter de compenser le rythme de la vaccination en Suisse, actuellement en perte de vitesse. A l’inverse de celle du variant Delta, en grande augmentation.

Lukas Engelberger envisage de prolonger l'obligation d'obtenir un certificat.
Photo: KEYSTONE/Anthony Anex

Le chef du groupe parlementaire du Centre reste «prudent»

Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, a également donné son avis sur le sujet. Il peut imaginer que le certificat soit également requis pour participer à des événements de taille moyenne, explique-t-il.

Toutefois, il serait «prudent» quant à l’extension de l’obligation de certificat aux restaurants et aux magasins – comme l’ont récemment annoncé les gouvernements français et italien. Il ne veut donc pas trop s’avancer.

Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, est également d'avis que le certificat devrait pouvoir être utilisé pour des événements de taille moyenne.
Photo: KEYSTONE/Alessandro della Valle

La base de l’UDC est contre le certificat

Face à ces avis divergents, quelles sont les chances du chef du groupe parlementaire UDC de convaincre son parti d’adopter sa ligne dure et de rejeter totalement le certificat à l’intérieur du pays? Selon un sondage réalisé par le centre de recherche Sotomo, elles seraient plutôt bonnes. Son credo est susceptible d’être bien accueilli par le parti: 62% des électeurs de la base l’UDC se sont déclarés contre le certificat.

Dans tous les autres partis, l’adhésion au système du certificat Covid reste élevée. Cela dit, il est encore tout à fait possible que l’écart entre les certificats se creuse d’ici au vote 28 novembre. Affaire à suivre.

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