Les premières voitures traversent l'autoroute A13
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Ouverture à 5h ce matin:Les premières voitures traversent l'autoroute A13

«Je n'ai fait que mon travail»
Blick a rencontré les héros qui ont reconstruit l'A13 en 2 semaines

Ils ont tout donné pour que nous puissions reprendre la route dès aujourd'hui: ces ouvriers ont reconstruit un tronçon de route de 200 mètres sur l'autoroute A13 en seulement deux semaines, après les intempéries dévastatrices au val Mesolcina (GR).
Publié: 05.07.2024 à 10:58 heures
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Dernière mise à jour: 05.07.2024 à 12:42 heures
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Ce sont eux les héros du val Mesolcina (GR)!
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Janik Leuenberger et Nicolas Lurati

A Lostallo (GR), l'ambiance est paisible. La Moesa s'écoule tranquillement sous le goudron, invitant presque à la baignade. On peine à croire que ce torrent a emporté une autoroute entière il y a quelques jours de cela. Diego Bettoni, chef de projet à l'OFROU, se tient près du champ d'éboulis – preuve inconditionnelle de la catastrophe qui a touché cette région des Grisons.

Il y a à peine deux semaines, de fortes intempéries ont fait grimper dangereusement le niveau de la Moesa. Une violente lave torrentielle a aggravé la situation, emportant avec elle des tas de gravats qui ont enseveli tout un village. Des parties de l'autoroute A13 ont également succombé à la force de la nature. Peu après la tempête, il semblait alors improbable que des voitures puissent à nouveau passer par ici un jour.

Jusqu'à 12 heures de travail par jour

Mais l'OFROU a plus d'un tour dans sa poche et a fait une promesse: l'autoroute sera à nouveau praticable en l'espace d'une quinzaine de jours – même si ce n'est que partiellement. Et le pari a été tenu. Depuis ce vendredi matin, les véhicules peuvent à nouveau emprunter l'autoroute du San Bernardino. Ce petit miracle, nous le devons aux mains des héros du chantier. Blick leur a rendu visite, un jour avant l'ouverture.

Massimo Fallini, 50 ans.

Ces derniers jours ont été particulièrement éprouvants pour eux. «Nous sommes sur le chantier depuis lundi passé. Nous travaillons en moyenne 11 à 12 heures par jour sans relâche», explique le conducteur de pelleteuse Massimo Fallini. L'équipe de choc a également mis la main à la pâte pendant le week-end – le samedi et le dimanche. Beaucoup viennent de la région et sont fiers de travailler ici: «C'était mon choix de venir travailler aussi longtemps et aussi souvent.»

Pas le temps de s'ennuyer

Une chose est sûre: ils n'ont pas eu le temps de s'ennuyer: «Chaque jour, il y avait une nouvelle difficulté. Chaque jour, nous devions trouver une nouvelle solution, explique Samuele Porto Bonacci. Mais pour moi, c'est une passion. Le stress n'arrive que lorsqu'on est assis chez soi le soir.»

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«Par rapport aux chantiers normaux, la situation est très dynamique, les conditions changent constamment et les scénarios pour travailler en toute sécurité sont toujours nouveaux. Nous avons toujours fait passer la sécurité des personnes avant tout»
Federico Fognini
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Federico Fognini est du même avis: «Par rapport aux chantiers normaux, la situation est très dynamique, les conditions changent constamment et les scénarios pour travailler en toute sécurité sont toujours nouveaux. Nous avons toujours fait passer la sécurité des personnes avant tout.»

Federico Fognini, 47 ans.

Un vrai esprit d'équipe et un objectif commun clair

Malgré les longues et dures journées de labeur, la fatigue ne se ressent pas sur place. C'est l'esprit d'équipe qui l'emporte. L'objectif est le même pour tous les travailleurs: réparer le plus rapidement possible les dégâts causés par les intempéries. «J'aime travailler ici sur le chantier, confie Massimo Fallini. Quand je compare l'état des lieux lundi dernier et celui d'aujourd'hui, je dois dire que nous avons fait un travail formidable!»

Mais à la veille de la date butoir, il reste encore beaucoup à faire. «Petit, hein?», plaisante le chef de projet Diego Bettoni en montrant un rocher de la taille d'une petite maison. Le gros caillou s'est effondré dans la vallée lors d'une coulée de boue. Un ouvrier se tient dessus. Il fait glisser avec précaution une barre d'explosif dans un trou. 

Plus loin, sa collègue relie les câbles à une caisse orange. «Il faut 20 kilos pour cette pierre», explique le chef de projet. Le dynamitage doit avoir lieu ce soir (jeudi soir, ndlr). «Si des voitures passaient par ici, cela deviendrait beaucoup trop dangereux. Des morceaux de roche qui volent pourraient toucher des voitures.»

Une ambiance de groupe qui fait la différence

À 50 mètres du point de dynamitage, Manuel Capelli s'affaire. Le maçon est en train de fixer de toutes ses forces le pare-vue au bord de l'autoroute. Il doit être bien tendu pour ne pas se déchirer sous le vent des voitures qui passent. Lui aussi est originaire de la région et ne cache pas son enthousiasme: «Le travail est plutôt standard. Mais nous avons un groupe formidable, qui travaille bien ensemble.»

Malgré la deadline fixée, il ne ressent aucune pression pour une réouverture rapide. «Nous travaillons hyper lentement pour avoir plus longtemps la paix dans la vallée, plaisante Manuel en riant. Non mais bien sûr, nous voulons tous que le trafic reprenne le plus rapidement possible. On se réjouit déjà.»

Manuel Capelli, 54 ans.

Saut dans le temps. Nous sommes le vendredi 5 juillet, et les premières voitures circulent déjà depuis 5h heures du matin. Mais l'histoire est loin d'être finie pour les ouvriers du chantier. D'une part, parce que les plus gros travaux se font en dehors de l'autoroute. Dans la rivière, sous le pont ou près de l'énorme tas de pierres dans la zone de la coulée de boue, les pelleteuses dégagent des gravats à tous les coins de rue. «Nous veillons à ce que l'autoroute et les maisons de la région soient sécurisées si une nouvelle tempête devait se produire», précise encore Manuel.

Des héros modestes

Cette fierté, elle est partagée par tous les artistes derrière cet exploit. Et il est l'heure de la photo! Les ouvriers sont fiers de faire partie de cette aventure. Chacun prend le temps de poser pour la photo. Mais tous restent modestes: lorsque Blick les désignent comme les «héros» du chantier, les visages se figent. «Je ne me considère pas comme un héros. J'ai simplement fait mon travail, comme je l'ai toujours fait sur d'autres chantiers», déclare modestement Massimo Fallini. La seule différence pour lui? Le facteur temps: «Les importants dégâts causés par les intempéries nous poussent à accélérer encore plus pour tout terminer dans les temps.»

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«Je ne me considère pas comme un héros. Je fais simplement mon travail, comme je l'ai toujours fait sur d'autres chantiers»
Massimo Fallini
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Diego Bettoni, l'homme de l'OFROU, ne se considère pas non plus comme un héros. «J'ai été pour ainsi dire catapulté dans une machinerie organisationnelle déjà lancée. Mais j'ai collaboré et contribué à l'objectif commun. Comme le fait toute autre personne ici.» Le chef «dirige» le chantier: son travail est de nature technique et administrative. L'homme de 48 ans aime travailler sur des projets où l'on peut construire quelque chose. «Mais je préfère bien sûr que la cause d'un tel projet soit de nature positive et non pas, comme dans ce cas, une tragédie.» Pourtant, dans ce cas particulier aussi, il s'est immédiatement rendu sur place: «Samedi dernier, je suis rentré de vacances et dimanche, j'étais sur le chantier.»

10 pelleteuses sur place

Cette spontanéité se manifeste régulièrement au sein du groupe. Le chef de chantier Francesco Canclini est du même avis: «L'OFROU nous a appelés le dimanche soir. Le lundi matin, nous étions sur place avec 10 pelleteuses.» Le chantier est un défi pour toute l'équipe: «Nous travaillons jusqu'à 12 heures par jour – sans jour de pause.» 

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«Nous ne pensions pas pouvoir le faire aussi rapidement. Nous savions à quel point ce tronçon d'autoroute était important. Alors, nous avons donné le maximum»
Francesco Canclini
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Ce n'est que grâce à cette bonne ambiance et une collaboration étroite entre toutes les entreprises impliquées que ce défi a été possible. L'objectif était de pouvoir rouvrir la route le plus rapidement possible. Mais: «Nous ne pensions pas pouvoir le faire aussi rapidement, admet Francesco Canclini. Nous savions à quel point ce tronçon d'autoroute était important. Alors, nous avons donné le maximum.»

Francesco Canclini, 40 ans.

Comme la plupart de ses collègues, le chef de chantier ne se considère pas comme un héros. Il est toutefois conscient de l'exploit que son équipe a réalisé ces derniers jours. «Reconstruire près de 200 mètres d'autoroute est en fait un travail qui se fait en plusieurs mois, pas en quelques jours. Ce n'était pas facile, mais nous l'avons fait», conclut Francesco Canclini.

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