Franz Steinegger a dû gérer des catastrophes
«Nous devons vivre avec les intempéries»

Les récentes intempéries ont réveillé des souvenirs chez Franz Steinegger. ll y a des décennies, il s'est fait connaître comme un expert de la lutte contre de telles situations. Pour lui, il n'est pas question d'évacuer des zones exposées. Interview.
Publié: 03.07.2024 à 11:58 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2024 à 06:19 heures
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Franz Steinegger a vécu les intempéries du week-end à Andermatt (UR). Les catastrophes en cours lui rappelle les drames des inondations dans le canton d'Uri il y a plusieurs décennies.
Photo: Keystone
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Ruedi Studer

Les graves intempéries de ces derniers jours ont fait plusieurs morts et causé d'importants dégâts dans les Grisons, au Tessin et en Valais. L'ancien président du Parti radical-démocratique (PRD) Franz Steinegger a vécu les événements du week-end dernier à Andermatt (UR). Âgé de 81 ans aujourd'hui, il a lui-même dû faire face à ce type de crise en tant que chef de l'état-major du canton d'Uri pendant de nombreuses années. Il a dû maîtriser les grandes catastrophes dues aux intempéries de 1977 et 1987 et a acquis le surnom de «Katastrophen-Franz» en allemand, grâce à son action réfléchie pour gérer ce type de situation. Blick l'a rencontré. 

Franz Steinegger, vous avez vous-même dû gérer de grandes crises liées aux intempéries. Qu'est-ce qui vous passe par la tête face aux images des catastrophes auxquelles la Suisse fait face en ce moment?
J'étais avec ma femme dans notre appartement de vacances à Andermatt ce week-end lorsque les intempéries se sont abattues sur nous. Il y a eu des éclairs, du tonnerre et de la pluie en abondance. Le ciel s'est tellement assombri qu'on pouvait à peine lire le journal. «C'est comme en 1987», ai-je dit à ma femme. À l'époque, le nord du Tessin et le sud d'Uri avaient été fortement touchés. Ces images resurgissent aujourd'hui. Mais à l'époque, nous avions eu beaucoup de chance dans notre malheur, car aucune vie humaine n'avait été perdue. 

Cette fois, c'est différent et les événements extrêmes se multiplient... La montagne et la nature vous font-elles peur?
Non, je n'ai pas peur. Nous devons vivre avec cette situation. Nous devons toujours nous attendre à ce que de l'eau et des pierres nous tombent dessus. Mais nous maîtrisons plus ou moins la situation. Malgré tout, la situation peut parfois dégénérer, comme c'est le cas actuellement. C'est pourquoi nous devons être d'autant plus prudents. Surtout parce que les régions de montagne ont changé au cours des dernières décennies.

Qu'entendez-vous par là?
Les dégâts occasionnés par de telles intempéries sont devenus plus importants et plus coûteux. Cela est essentiellement lié au développement des infrastructures: autoroutes, tunnels ferroviaires, lignes à haute tension ou extension de l'espace urbain. De plus, de nombreuses zones d'habitation en montagne se trouvent sur des cônes de déjection, où des matériaux sont déjà tombés. Le risque augmente donc.

Le risque est-il tout simplement trop grand en montagne? Des voix affirment que certaines vallées sont particulièrement menacées et qu'elles doivent être abandonnées. Devons-nous plier face à la nature?
Non, je ne crois pas du tout à une telle approche. Il faudrait alors évacuer tout le canton d'Uri et la moitié du Valais.

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«Nous ne devons pas vider nos vallées, mais investir dans des mesures de protection.»
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Mais la Suisse devrait-elle faire davantage pour la protection du climat afin d'éviter de telles catastrophes?
Nous ne pouvons pas attribuer chaque intempérie au changement climatique. Et nous ne pouvons pas non plus arrêter le changement climatique. Nous devons donc réfléchir à la manière dont nous pouvons rendre les régions de montagne plus sûres. Si le climat entraîne une augmentation des pluies et des ruissellements, nous devons faire face.

Et comment?
Nous ne devons pas vider nos vallées, mais investir dans des mesures de protection. Avec l'aide de la Confédération, le canton d'Uri a investi environ 250 millions de francs dans des mesures de protection au cours des dernières décennies. Il faut évaluer les risques, savoir où se situent les dangers et à quelle fréquence ils pourraient se produire. C'est là qu'il faut intervenir de manière ciblée. Ne rien faire se retournerait contre nous, même si la protection absolue n'existera jamais. Nous devons vivre avec un certain risque résiduel.

Il existe une application d'alerte de la Confédération, mais il faut la télécharger soi-même sur son téléphone portable. Ne faut-il pas un système d'alerte qui enclenche automatiquement l'alarme sur tous les téléphones portables d'une zone concernée?
Ce serait assurément une bonne chose, mais cela ne suffirait pas. Si les gens ne savent pas comment se comporter et où se mettre en sécurité, même une application d'alerte ne servirait à rien. Dans chaque village, il faut une organisation locale responsable, cela peut être seulement deux ou trois personnes. Des pompiers ou la protection civile, par exemple. Le fait que celles-ci soient de plus en plus centralisées est une erreur. Lors de tels événements, un corps de pompiers centralisé ne fonctionne pas du tout, il faut de la main-d'œuvre sur place.

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