Les images font le buzz jusqu’en France. Ce vendredi après-midi, elles avaient été vues près de 40’000 fois sur Twitter en trois jours. La vidéo d’un peu moins de deux minutes, prise en mode «selfie», montre un jeune homme — costard sur les épaules, cravate au cou, moustache sur la lèvre — à l’entrée d’un bâtiment de la prestigieuse Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) et circule aussi sur d'autres réseaux sociaux, comme Instagram.
Derrière lui, une «monstre file d’étudiants». «Il y a un Monsieur, là, qui me refuse l’entrée, qui me pousse, parce que je n’ai pas de certificat Covid valable», s’indigne celui qui est selon toute vraisemblance un étudiant de l’établissement.
Depuis la rentrée, comme dans de nombreuses autres universités et hautes écoles, c’est la règle: ledit certificat — qui atteste d’une vaccination, d’un test récent ou d’une guérison — est obligatoire pour accéder au campus ou aux salles de cours de l’EHL, qui compte quelque 3'000 inscrits.
Diplomatie à toute épreuve
Une disposition qui semble passablement agacer la nouvelle idole des anti-pass sanitaire, qui s’estime «discriminé». N'ayant pas peur du ridicule, il insiste. Et tente même de forcer le passage pour démontrer que le service de sécurité «le pousse». «Je ne vous pousse pas, je vous retiens», lui répond l’agent, gardant son calme.
Le temps pour un deuxième agent d'intervenir, l'invitant à ne pas bloquer l’entrée à ses camarades «qui jouent le jeu». L'employé de l'EHL lui redit au passage que son collègue ne le pousse pas mais l’empêche de rentrer parce qu’il fait du «forcing sur un lieu privé».
L'étudiant lui rétorque qu’il ne cherche qu’à montrer ce qui se passe alors que, selon lui, aucune base légale ne permet de mettre en place un tel dispositif de lutte contre la propagation du Covid. «Repassez tout à l’heure, quand il y aura moins de monde, on se fera un plaisir de discuter avec vous, lui lance son interlocuteur avec diplomatie. Pour l’instant, on est débordés.» Le moustachu s’en va dans un dernier commentaire: «Donc voilà, c'est ça qui arrive quand t'essaies de rentrer à l'Ecole hôtelière sans pass Covid.»
Sur les réseaux sociaux, son très court-métrage a été très partagé par les milieux anti-pass sanitaire. «Quand on sait qu’il faut compter 150’000 euros pour cette formation haut de gamme et qu’on voit la manière dont l’école traite ses jeunes, c’est scandaleux!», vitupère une internaute qui l'a diffusé. Mais est-ce vraiment scandaleux?
Dans les commentaires, certains ne sont pas d’accord: «Qu’est-ce qu’il fait chier déjà? L’EHL fait tout pour offrir un cadre d’étude le plus stable et sécurisé au niveau santé, y a littéralement la possibilité de se faire tester à l’entrée… Et lui il casse les couilles à faire son mec intéressant», assène l’un d’eux.
Cours en ligne jusqu’au 12 novembre
Contactée par Blick, l’EHL confirme: «Comme vous pouvez le voir en arrière-plan de la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, des tentes ont été installées à l’entrée du campus dans lesquelles les étudiants peuvent se faire gratuitement tester jusqu’à fin octobre afin d’obtenir le certificat Covid». Un centre de vaccination est aussi ouvert à dates fixes.
L’institution privée précise par ailleurs qu’elle applique les directives de la Confédération en matière de santé publique et de lutte contre la pandémie. Un tel dispositif lui permet aussi d'éviter de devoir mettre des étudiants en quarantaine, comme ce fut le cas pour 2'500 d'entre eux l'an dernier.
Les cours sont également accessibles en ligne jusqu’au 12 novembre, «afin de laisser le temps aux étudiants n’ayant pas de certificat Covid de se régulariser». Une procédure spéciale est en outre mise en place pour ceux ne pouvant pas se faire vacciner pour des raisons médicales.
«Grande majorité» en faveur du pass
Qu'en pensent les premiers concernés? «La très grande majorité est ravie de pouvoir reprendre les cours en présentiel grâce au certificat Covid en vigueur et au protocole sanitaire que nos équipes ont mis en place», assure Lucile Müller, porte-parole.
Reste que cette vidéo rappelle qu'une grogne réelle gagne les rangs des universitaires. «Depuis l’annonce faite par la Confédération, nous avons reçu une poignée de messages de personnes récalcitrantes et quelques étudiants ont décidé de suspendre leur cursus», concède l'EHL.
Mardi à Lausanne, un collectif estudiantin a réussi à réunir 2000 personnes lors d'une manifestation contre le certificat Covid. A l'Université de Fribourg la résistance s'organise aussi: Blick a infiltré un groupe Telegram dans lequel les étudiants dénonçaient un «apartheid» et appelaient à «harceler la rectrice» pour avoir gain de cause.
