La story Instagram donne des frissons. La députée vaudoise Mathilde Marendaz a publié une photo d'une lettre «reçue aujourd'hui», mercredi en fin de journée. Dans ce courrier adressée à l'élue d'Ensemble à Gauche: une menace de mort particulièrement violente.
La missive, reçue à son domicile privé, commence par: «Mathilde, toi la sale pute d'anarchiste qui a osé dénigrer notre police». Et se poursuit ainsi: «Dès qu'on a trouvé ton adresse, tu vas brûler comme Jeanne d'Arc. Dans la rue, oublie pas de te retourner parce qu'il y aura quelqu'un derrière pour t'enfoncer une lame de 20 cm dans la colonne vertébrale. Non, on ne va pas te tuer, mais t'handicaper à vie, sale pute.»
Sur le réseau social, cette candidate au Conseil national a reçu le soutien de sa camarade de gauche radicale et cheffe de groupe au Grand Conseil Elodie Lopez: «Infâme», écrit celle qui se définit comme son amie. «Infect, lâche, inadmissible», lance quant à lui le député vert Théophile Schenker, toujours sur Instagram.
Plaintes pénales classées
Pour mémoire, Mathilde Marendaz s'était attirée les foudres de la droite après avoir posé avec une pancarte portant le slogan anti-flics «ACAB» — pour «Tous les policiers sont des bâtards», en anglais. Des plaintes avaient été déposées, notamment par l'Association professionnelle des gendarmes vaudois (APGV) et la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP).
L'activiste climatique s'était excusée et avait expliqué ne pas être l'auteure de la pancarte, ramassée au sol lors d'une manifestation, selon son récit. L'élue avait aussi souligné que le message principal de la pancarte s'adressait à l'entreprise Orllati et que le slogan «ACAB» ne figurait qu'en tout petit sur le panneau. Le Ministère public avait classé l'affaire: il ne peut pas y avoir de diffamation lorsqu'on vise un corps de métier, il faut qu'une personne soit identifiée ou identifiable, avait conclu le Parquet.
Elle avait promis de continuer la «lutte»
Entre-temps, Mathilde Marendaz était remontée au front après qu'un agent avait porté la Thin Blue Line en marge du procès des six policiers lausannois acquittés en première instance après la mort du Nigérian Mike Ben Peter. Sur les plateformes de Blick, la jeune politicienne avait expliqué pourquoi elle voulait faire interdire la Thin Blue Line, «symbole associé à l'extrême droite raciste aux Etats-Unis».
Dans l'interview, l'Yverdonnoise avait promis de continuer à «lutter». «Aujourd'hui, je ne vais pas m'arrêter de lutter sur le fond, et de combattre certains problèmes existants au sein de la police. On ne peut pas fermer les yeux sur des problématiques connues à l'intérieur de la police, comme le racisme ou la limitation des droits des manifestants.»
Cette lettre est-elle le fait du corbeau qui menace des célébrités romandes depuis 2018, sur lequel le Ministère public de la Confédération (MPC) enquête, comme le révélait Blick en mars 2022? Difficile à dire à ce stade. L'homme recherché par le MPC serait un homme peu éduqué.
Contactée mercredi en fin de journée, Mathilde Marendaz n'a pas pu se rendre disponible pour répondre aux questions de Blick à ce moment-là. Jeudi en milieu de matinée, la vingtenaire s'est finalement exprimée par message: «J'ai été et je suis très affectée par ces menaces qui sont d'une violence insupportable, que personne au monde n'est en droit de recevoir. Pour le reste, je vous renvoie au communiqué de presse de mon parti, qui revient sur le fait que les femmes reçoivent davantage ce type de courriers, et que cela n'a aucun rapport avec [mes] critiques, qui, par ailleurs, n'ont jamais été à l'encontre d'individus, mais d'une institution.»
La Vaudoise portera plainte. Dans la journée, les messages de soutien ont continué d'affluer. Surtout à gauche.