Décision du Ministère public
La députée qui avait brandi une pancarte sur laquelle était écrit «ACAB» pas condamnée

Le Ministère public vaudois n'entre pas en matière sur les plaintes déposées contre la députée Mathilde Marendaz. Pour s'être exposée avec le slogan anti-policiers ACAB, l'élue de la gauche radicale était sous le coup de plaintes pénales pour atteinte à l'honneur.
Publié: 13.07.2023 à 11:08 heures
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Dernière mise à jour: 10.09.2023 à 13:50 heures
Le Ministère public vaudois classe les plaintes déposées contre Mathilde Marendaz (archives).
Photo: VALENTIN FLAURAUD

La députée vaudoise Mathilde Marendaz échappe à une condamnation pour avoir brandi une pancarte «ACAB». Pour les délits comme la diffamation, la calomnie ou l'injure, il faut que la personne visée soit identifiée ou identifiable, explique le Ministère public. Or le slogan ACAB («All cops are bastards», soit «tous les flics sont des bâtards» – ou «des salauds») pointe justement «tous les policiers», non pas directement les auteurs des plaintes.

«Ces derniers n'ont pas la qualité de lésés et les infractions en question ne peuvent donc être poursuivies», écrit vendredi le Parquet dans son communiqué. Pour rendre son ordonnance de non-entrée en matière, le procureur général Eric Kaltenrieder a aussi relevé que discrimination et l'incitation à la haine, une infraction poursuivie d'office, ne pouvait pas être retenue. Et pour cause, les policiers ne figurent pas dans la liste des catégories protégées (race, ethnie, religion et orientation sexuelle) par le Code pénal.

Le Ministère public explique encore qu'il a souhaité communiquer publiquement sa décision «en raison de la portée particulière de cette affaire» qui avait fait grand bruit dans le canton de Vaud et au-delà.

«Une maladresse»

Sur une publication Instagram de mars retirée par la suite, Mathilde Marendaz posait avec une pancarte dénonçant l'industrie du béton et comprenant, en plus petit, l'inscription ACAB. La députée du Grand Conseil s'était attiré de nombreuses critiques. Des plaintes avaient été déposées par l'Association professionnelle des gendarmes vaudois (APGV), la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP), ainsi que cinq policiers en fonction ou à la retraite.

Mathilde Marendaz avait présenté ses excuses, réfutant tout appel «à la haine des policiers en tant qu'individus». L'Yverdonnoise avait expliqué qu'elle critiquait en revanche «l'institution policière et les violences dont celle-ci se rend coupable». Son parti, Ensemble à Gauche avait dénoncé un «acharnement politique et médiatique», mais reconnu une «maladresse en regard de sa fonction de députée».

(ATS)

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