Ils opèrent dans l'ombre. On sait peu de choses sur les soldats d'élite du Détachement de Reconnaissance de l'Armée 10 (DRA 10) et sur leurs missions. Ils se hissent de temps à autre en une des journaux, car ils mènent des opérations dans différents pays. Ces missions sont délicates et dangereuses du début à la fin, comme aider à l'évacuation de 280 personnes dans un pays occupé par un groupe armé djihadiste. C'est la tâche qui a été confiée à l'unité d'élite, comme nous l'avons appris mercredi. La Confédération a envoyé les soldats à Kaboul, alors que les talibans renforçaient leur pouvoir, afin d'évacuer les quelque 30 ressortissants suisses encore dans le pays, ainsi que les employés locaux de la Confédération et leur famille.
Les membres du DRA 10 sont formés précisément pour de telles missions. Ils sont principalement déployés à l'étranger lors de grandes crises. Ils ont par exemple gardé l'ambassade de Suisse durant la guerre civile libyenne à Tripoli. En 2009, ils avaient été déployés pour libérer l'otage suisse Max Göldi détenu par Muammar Khadafi, avant que la mission ne soit annulée à la dernière minute, alors que les membres du commando se trouvaient déjà en Libye.
«Le DRA 10 est comparable aux unités spéciales états-uniennes comme les Navy Seals et les Army Special Forces», explique l'expert en sécurité Bruno Lezzi. L'historien militaire et ancien journaliste de la «NZZ» est chargé de cours en politique de sécurité à l'Université de Zurich et a lui-même le grade militaire de lieutenant-colonel. «Le déploiement dans des contextes de guerre nécessite une incroyable résilience physique, mais aussi psychologique, que l'on imagine plus facile qu'elle ne l'est.»
Hautement formés et instruits
Néanmoins, il serait faux de fantasmer les membres du DRA 10 comme des personnages de films d'action américains, précise Bruno Lezzi. «Ceux que j'ai rencontrés étaient des gens normaux, même si leur condition physique était hors du commun.» Il faut bien cela pour être accepté dans l'escouade d'élite, qui compterait moins de 100 membres. Selon le site Internet du Département fédéral de la défense, ces derniers ont des grades militaires allant de sergent à lieutenant-colonel, sont âgés de 22 à 42 ans et ont «des parcours professionnels allant de commerçant à diplômé universitaire».
Les candidats intéressés doivent se soumettre à une procédure de sélection rigoureuse. Ils doivent passer un examen médical à l'Institut aéromédical, se soumettre à un test psychologique réalisé en coopération avec l'Université de Zurich et suivre un cours de sélection pratique de 19 jours, avant de débuter une formation de 18 mois. Et les candidats doivent être en forme: Il faut être capable de faire au moins 10 tractions et 50 pompes sans interruption, ainsi que de courir 8 kilomètres avec 15 kilos de bagages en moins de 58 minutes. Le secret est maintenu jusqu'au bout: même dans les vidéos de conseils de formation destinés aux intéressés, les visages sont noircis. Pour Bruno Lezzi, il est nécessaire vu les enjeux. «Nous n'agissons pas autrement avec les unités de police chargées de la lutte contre le terrorisme, où il s'agit aussi de protéger l'identité des membres».
Armés comme une évidence
Les soldats du DRA 10 sont donc arrivés à Kaboul mercredi. «Une mission certes très difficile sur le plan tactique, mais surtout aussi sur le plan du renseignement», explique Bruno Lezzi. «Bien sûr», les forces spéciales sont armées. «Sinon, une telle opération n'aurait aucun sens.»