Le vice-président fait de la résistance
Contre les talibans, la guérilla s'organise dans la Vallée des Héros

Ni les Soviétiques ni les talibans n'ont jamais réussi à prendre la vallée montagneuse du Punjir en Afghanistan. Avec les habitants de la vallée et le fils d'un héros de la résistance anti-talibans, le vice-président afghan organise la rébellion contre les islamistes.
Publié: 19.08.2021 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 19.08.2021 à 08:39 heures
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Dans la vallée de Punjir, de courageux combattants s'organisent avec des véhicules Humvee américains.
Photo: AFP

Lorsque les talibans ont pris Kaboul il y a quelques jours, le président afghan Ashraf Ghani a pris la fuite en hélicoptère. Mais son adjoint, Amrullah Saleh, résiste courageusement.

Il se serait apparemment retranché dans une des dernières régions qui échappe au contrôle des talibans: la vallée de Punjir, au nord-est de Kaboul. Sur Twitter, dimanche, il a promis: «Je ne décevrai pas les millions de personnes qui m’ont écouté. Je ne serai jamais de mèche avec les Talibans. JAMAIS.»

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Un jour plus tard, des photos montrant le vice-président en compagnie du fils du célèbre combattant anti-taliban Ahmed Shah Massoud (1953-2001) ont été publiées sur les réseaux sociaux dans la vallée montagneuse de l’Hindu Kush, où est né le résistant vénéré comme un héros national.

Un mouvement de guérilla est en train de s’organiser pour combattre les talibans. D’anciens soldats tadjiks de l’armée afghane sont également arrivés dans la vallée avec des chars et des véhicules de transport de troupes pour soutenir la résistance.

Une vallée jamais conquise

Cette vallée difficile d’accès, connue pour les retranchements naturels qu’elle offre, n’est jamais tombée aux mains des talibans pendant la guerre civile des années 1990 et n’avait pas été conquise par les Soviétiques dix ans auparavant. À titre de comparaison, la vallée a une superficie presque équivalente à celle du canton de Vaud.

Les talibans auraient apparemment encerclé la vallée mais ne l’ont toujours pas attaquée. «Nous ne laisserons pas les talibans entrer à Punjir et nous résisterons et les combattrons de toutes nos forces», a affirmé un habitant à l’agence de presse AFP.

Féroce adversaire des talibans

Cette bataille n'est pas la première de la longue lutte d’Amrullah Saleh contre les talibans. Le vice-président avait d’abord combattu aux côtés du commandant de la guérilla Massoud contre les Soviétiques et les talibans dans les années 1990. Il avait ensuite servi dans son gouvernement avant de fuir la ville après la conquête de Kaboul par les talibans en 1996.

Lorsque les islamistes ont ensuite torturé sa sœur pour le traquer, sa rage contre les talibans n’a plus connu de limites. Dans un éditorial du magazine «Time», il a écrit: «Ma vision des talibans a été changée à jamais par les événements de 1996.»

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Amrullah Saleh est devenu l’un des principaux collaborateurs de la CIA. Cette relation lui a permis de prendre la tête de la nouvelle agence de renseignement afghane, la Direction nationale de la sécurité (NDS), en 2004.

En tant que chef de la NDS, Amrullah Saleh aurait mis en place un vaste réseau d’informateurs et d’espions au sein de l’insurrection et de l’autre côté de la frontière, au Pakistan. Les informations recueillies par le vice-président ont fourni la preuve que l’armée pakistanaise soutenait toujours les talibans.

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Le vice-président a déjà été la cible de plusieurs attaques

Après avoir brièvement occupé le poste de ministre de l’Intérieur en 2018, il a été nommé vice-président. A plusieurs reprises, les talibans ont essayé de le tuer. Le dernier attentat dont il a été victime remonte à septembre dernier: une bombe visant son convoi à Kaboul avait tué au moins dix personnes.

L’ancien vice-président se décrit sur Twitter comme l’actuel président légitime après la fuite d’Ashraf Ghani. Et il est prêt à tout: «Contrairement aux États-Unis et à l’OTAN, nous n’avons pas perdu courage et nous voyons d’énormes possibilités pour l’avenir. […] Rejoignez la résistance.» (gf/mkl)

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