Surprise! Fathi Derder, ancien rédacteur en chef adjoint à la RTS, ex-producteur et présentateur de «La Matinale» et de «Forum» sera bientôt de retour sur les ondes de La Première, treize ans après son départ pour La Télé, a appris Blick. Entre-temps, le Vaudois a dirigé l’agence de presse économique et financière Agefi, mais a surtout siégé huit ans au Conseil national sous la bannière du Parti libéral-radical (PLR).
Tous les mercredis et dès le mois d’août, aux côtés de Claire Mudry, il coanimera l’émission «Drôle d’époque», produite et présentée le reste de la semaine par Pauline Vrolixs et Simon Matthey-Doret. Nonante minutes durant, la nouvelle petite équipe accueillera une personnalité pour aborder les grands changements de notre temps.
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Que devient-il depuis la fin de son mandat sous la Coupole fédérale en 2019? Comment se sent-il au moment de retrouver ses premières amours? Peut-on refaire du journalisme après avoir été politicien? Est-il la nouvelle caution de droite de la RTS? Interview empreinte de bonne humeur et de sincérité.
Dès août, vous serez de retour sur les ondes de RTS La Première. Vous êtes heureux?
C’est juste le rêve. Je suis heureux comme un gamin! Depuis que j’ai quitté la RTS il y a treize ans, il n’y a pas un jour où je ne me suis pas dit: «Pourquoi as-tu fait ça?!» (Rires) Ce manque était viscéral. Je le sentais dans mes tripes, vraiment. Aujourd’hui, j’ai 50 ans, et je ne voulais pas continuer à ressentir ce manque. La radio, c’est ma passion.
Ça s’est fait comment?
De manière très naturelle! J’ai simplement écrit à Véronique Marti (ndlr: cheffe de l’unité Société audio) et à Ambroise Jolidon (ndlr: chef d’antenne de La Première) pour leur dire que j’avais envie de retrouver l’antenne. Et peu après, ils m’ont proposé d’accompagner Claire Mudry les mercredis dans l’émission Drôle d’époque, coproduite par Pauline Vrolixs et Simon Matthey-Doret, qui m’avait succédé à «La Matinale».
Vous organisez votre retour depuis des mois?
Non, tout s’est fait très vite, durant le mois écoulé. Tout s’est fait très spontanément.
Pourquoi l’antenne vous manquait-elle tant?
Le contact avec les invités dans un studio. Les écouter et comprendre pourquoi ces personnalités font ce qu’elles font, comment elles comprennent la vie et le monde qui nous entoure. Et tout ça en direct. Un lien spécial se crée dans ces moments. J’aime cet échange, cette intimité, faire oublier à la personne invitée qu’elle est dans un studio. Permettre à la personne qui nous écoute d’en ressortir plus intelligente. Je n’ai jamais aimé l’interview de rupture (ndlr: de confrontation).
Pourtant, la confrontation, ça vous connaît: vous avez animé «La Matinale», puis «Forum» … Là, vous allez faire autre chose, donc?
Je vais m’inscrire dans le ton et la ligne de la production actuelle. C’est une excellente émission, qui prend le temps de comprendre les enjeux de notre époque, les changements en cours. Qui prend le temps d’écouter la personnalité invitée sans la couper pour la faire dire ce qu’on veut entendre.
Vous revenez dans une émission de société. Après huit ans au Conseil national, vous êtes grillé pour traiter de l’actu?
Pourquoi serait-on grillé à vie à cause d’un passé politique?! Si c’était le cas de manière générale, on aurait de la peine à recruter des politiciennes et politiciens de milice. Et notre système n’y survivrait pas!
Mais tout de même, quand on est journaliste, c’est différent, non?
Bien sûr, il serait impossible d’être journaliste à la RTS tout en étant membre d’un parti. Je ne suis plus membre du PLR. Mon engagement politique durant ces huit ans a d’ailleurs été très ciblé sur la transition et la sécurité numérique. Et j’ai toujours défendu les médias de service public, dans un parti qui les combattait. Huit ans, c’est long quand on n’est pas politicien dans l’âme.
Vous n’avez pas peur que vos invitées et invités connaissent vos orientations politiques?
Au moins maintenant, je suis transparent. Vous savez comme moi que les journalistes ont forcément des opinions politiques. Sans toujours le dire, ce qui n’est plus mon cas. Et dans cette émission, je ne ferai pas d’interviews politiques.
À l’heure où une nouvelle initiative s’attaque à la redevance et une SSR jugée trop à gauche par certains de vos anciens collègues du PLR, vous n’avez pas l’impression d’être la nouvelle caution de droite de la RTS?
Bien sûr que non! D’abord parce que je ne suis pas de droite. Je suis plutôt centriste, libéral tant sur le plan économique que sur des questions de société. Et puis, j’espère qu’ils m’ont engagé parce que je ne suis pas trop mauvais! (Rires) Sur le fond, je ne fais plus de politique mais je peux réaffirmer, comme je l’ai toujours fait, que je suis attaché au service public et à la qualité de son travail, que je constate chaque jour.
Depuis que vous avez quitté la Coupole fédérale en 2019, vous faites quoi de vos journées?
Ce que je fais depuis que j’ai quitté la RTS et La Télé: je suis indépendant, actif dans le journalisme, la création de contenu et la communication. Je réalise par exemple des portraits d’entrepreneurs pour la banque Julius Bär, j’ai œuvré — en 2019 et en 2020 — à la création de la Swiss Food Valley, qui réunit les plus grands acteurs de l’agroalimentaire, avec l’objectif de rendre ce secteur plus durable. Et puis, cette année, je travaille sur le développement d’un cloud, un espace numérique sécurisé pour les victimes de guerre et les réfugiés. Pour qu’ils puissent par exemple entrer en contact avec leur famille facilement et de manière sécurisée. Un beau projet et un superbe défi pour la Genève internationale et la Suisse!