Evacuation musclée du Parlement en février
Voici pourquoi un Valaisan en tenue de combat voulait entrer au Palais fédéral

En février dernier, le Palais fédéral a été évacué. En cause: un jeune homme en tenue de combat. Ce dernier avait demandé à entrer dans le bâtiment et avait été testé positif aux explosifs. Mais on sait désormais que Phillip Z. ne représentait aucun danger.
Publié: 01.05.2023 à 09:55 heures
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Dernière mise à jour: 01.05.2023 à 10:32 heures
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Phillip Z. a déclenché une alerte à la bombe au Palais fédéral.
Photo: Leserreporter
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Sophie Reinhardt

Les conseillers fédéraux ne sont pas près d’oublier cette journée de février 2023. En pleine session parlementaire, une alerte à la bombe retentit. La police fait sortir en grande pompe les représentants du peuple de leur lieu de travail.

Le responsable? Un homme en tenue de combat, descendu d’une Jaguar garée sur la Place fédérale, selon les forces de l’ordre. On connaît désormais aussi son identité: il s’agit d’un Valaisan, Philipp Z*. Celui-ci aurait cherché à pénétrer dans le bâtiment parlementaire le jour de la Saint-Valentin.

Or, il s’agissait d’une fausse alerte. Le Ministère public de la Confédération a suspendu la procédure à l’encontre du jeune homme, selon une décision de classement.

Des problèmes psychologiques

Blick s'est procuré ce document. Son texte offre un aperçu du contexte de l’acte présumé. Selon cette pièce, Philipp Z. n’a rien d’un terroriste.

Qu’est-ce qui a poussé cet homme à demander l’entrée au Palais fédéral en tenue de combat? Selon les procès-verbaux d’interrogatoire, il voulait demander à la ministre de la Défense Viola Amherd l’autorisation de rejoindre l’armée. Le texte précise encore que le Valaisan voulait protéger la Suisse parce que «tout ce qui se passe en Ukraine» le stressait.

Le Valaisan a également indiqué qu'il avait été exclu de l’armée. En cause: des maux psychiatriques. Il souffrirait depuis longtemps de ces troubles, a-t-il révélé.

Le deuxième test d’explosifs s’est révélé négatif

Que s'est-il passé ce 14 février dernier pour causer tout ce remue-ménage? Lorsque Philipp Z* a demandé à rencontrer la ministre de la Défense, ses déclarations ont paru suspectes au personnel de sécurité. Raison pour laquelle ce dernier a procédé à un contrôle.

Or, le premier test de détection d’explosifs s’est révélé positif. En cause notamment: une boîte de snus, une poudre de tabac humide, que le jeune homme avait dans sa poche. Comme Philipp Z. avait aussi une clé de voiture sur lui, les fonctionnaires ont supposé qu’une grande quantité d’explosifs pouvait y être stockée.

Décision a donc été prise d’évacuer le bâtiment du Parlement. Un robot spécial a ensuite examiné la voiture garée sur la Place fédérale.

Mais ni la fouille du véhicule, ni les recherches ultérieures réalisées dans la maison du suspect n’ont révélé d’indices permettant de penser que Philipp Z. était en possession d’explosifs, ou qu’il avait agi avec de mauvaises intentions. Un deuxième prélèvement effectué un jour plus tard s’est cette fois révélé négatif.

Tenue de camouflage trouvée sur Internet

Lors de l’interrogatoire, Philipp Z. a indiqué qu’il n’avait jamais été en contact avec des explosifs, à l'exception de grenades lorsqu’il était à l’armée. Le Valaisan a toutefois glissé qu’il avait une idée de la raison pour laquelle le test s’était révélé positif.

Les vêtements militaires qu’il portait provenaient d’un «Military Store». Il les aurait aquis via Internet. Le jeune homme a ainsi supposé que des traces d’explosifs auraient pu se trouver sur sa tenue, peut-être à cause d’un précédent propriétaire. Le Ministère public de la Confédération n’a pas fait de commentaire sur ces déclarations.

Contacté par Blick, un expert en sécurité estime de son côté que la déclaration de Philipp Z. n’est «pas absurde». On ne peut pas exclure que de telles traces puissent être détectées longtemps après par des appareils sensibles, assure-t-il.

Pas d’autres répercussions juridiques

Le jeune homme encourt-il d’autres conséquences juridiques? Apparemment, non. Les objets qui ont été saisis lors de la perquisition, dont un harpon et un arc avec des flèches, lui seront rendus.

L’un et l’autre ne devraient pas être utilisés dans un but malveillant. L’arc a été acquis il y a «environ deux ou trois ans», lorsque les médecins de l’hôpital psychiatrique lui avaient suggéré de se trouver un passe-temps. L’homme a ainsi déclaré qu’il voulait adhérer à un club de tir à l’arc. Le harpon aurait quant à lui été acheté pour pratiquer la pêche sous-marine pendant les vacances.

Le Conseil fédéral veut revoir sa copie

Qui paiera la facture de cette évacuation musclée? Les frais de procédure ont été mis sur la note de la caisse fédérale, selon le document. Philipp Z. a reçu une indemnité de 2387 francs, ainsi que 200 francs à titre de réparation morale.

Il semble que les parlementaires, les conseillers fédéraux et les collaborateurs de l’administration n’aient jamais encouru un quelconque danger. Mais rétrospectivement, l’incident a peut-être eu du bon.

Cette évacuation du Palais fédéral ne s’est pas déroulée selon les plans de la sécurité. En effet, certaines personnes n’ont pas été évacuées du bâtiment. De plus, une fois dehors, les hommes et femmes évacués ne savaient pas où ils devaient se rendre.

Ces éléments ont provoqué une discussion sur la sécurité du Parlement. La gestion des urgences du bâtiment sera analysée, a annoncé le Conseil fédéral.

*Nom connu de la rédaction

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