En 2005, Ems-Chemie, la firme dirigée par Magdalena Martullo-Blocher, a annoncé qu'elle allait investir 40 millions de francs dans de nouvelles installations. Les employés ont dû y contribuer: leur temps de travail hebdomadaire est passé de 42 à 43 heures – sans augmentation de salaire.
Compte tenu de la pression de la concurrence internationale et des coûts de production élevés en Suisse, le syndicat Syna, partenaire social de longue date, a approuvé les adaptations – pour une durée limitée à deux ans.
Le syndicat dissout la convention collective de travail
Sauf qu'en 2023, les collaborateurs d'Ems-Chemie travaillent toujours 43 heures par semaine. Syna n'accepte plus cette situation. Il y a deux semaines, le syndicat a fait savoir qu'il avait résilié la convention collective de travail avec Ems-Chemie pour la fin de l'année 2023. «Jusqu'à présent, malgré de nombreuses tentatives de négociation, nous n'avons pas pu obtenir le retour à la situation normale d'une semaine de 42 heures», explique-t-il.
Chaque année, les collaborateurs rapportent une manne de plusieurs millions aux propriétaires du groupe. En somme, Ems-Chemie pourrait facilement se permettre une réduction du temps de travail. De quoi nourrir la frustration des représentants des employés.
468 millions de dividendes pour les actionnaires
L'exercice 2022 a rapporté 468 millions de francs de dividendes aux actionnaires. Les actionnaires principaux – Magdalena Martullo-Blocher, Miriam Baumann-Blocher et Rahel Blocher – ont à elles seules récolté 332 millions de francs en août. A titre de comparaison, les charges de personnel pour l'ensemble des 2693 collaborateurs de l'entreprise s'élevaient à environ 246 millions de francs en 2022.
Au vu de cette répartition, pourquoi ne pas faire de concessions au personnel en matière de temps de travail?
Ems-Chemie s'exprime à ce sujet de la sorte: «Rien ne change pour les collaborateurs d'Ems sous contrat collectif de travail, car celui-ci est maintenu avec les autres partenaires sociaux.» L'entreprise précise toutefois que les 43 heures par semaine évoquées par Syna incluent les pauses légales de midi et les pauses courtes. De plus, l'entreprise serait passée dès 2006 à un modèle d'horaires variables. «Ce type d'horaire est tout à fait courant dans la région», précise l'entreprise.
Les responsables d'Ems-Chemie semblent finalement accepter que le partenariat social de longue date avec le syndicat Syna prenne fin dans trois mois.