Composants automobiles
Ses concurrents calent: Magdalena Martullo-Blocher s'inquiète pour l'industrie européenne

En tant que sous-traitant automobile, EMS-Chemie gagne de plus en plus d'argent en Chine. Mais pas en Europe, où l'industrie patine. La directrice générale et conseillère nationale UDC, Magdalena Martullo-Blocher, voit tout en noir.
Publié: 13.02.2023 à 20:24 heures
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«L'industrie européenne a complètement perdu pied», déclare Magdalena Martullo-Blocher.
Photo: imago images/IPON
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Martin Schmidt

Le moteur commercial d'EMS-Chemie tourne – même si c'est de plus en plus silencieusement. Le groupe basé à Domat/Ems (GR) gagne de plus en plus d'argent avec la fabrication de composants et de produits chimiques spéciaux pour les voitures électriques. Chez d'autres sous-traitants automobiles, en revanche, le moteur cale. Les marges bénéficiaires s'effondrent. Surtout en Europe. Magdalena Martullo-Blocher voit tout en noir pour le site industriel européen. «L'industrie européenne a complètement perdu pied à de nombreux égards», déclarait la directrice générale d'EMS-Chemie à Blick lors de la présentation des chiffres d'affaires, vendredi dernier.

La production dans le secteur chimique allemand a chuté de 11% en décembre. Les entreprises de toute l'Europe délocalisent leur production. Les chiffres du secteur automobile le montrent clairement. La production automobile européenne est toujours inférieure de 25% à son niveau de 2019 et la tendance est encore à la baisse. «Les entreprises sont inquiètes en raison des prix élevés de l'énergie et se concentrent sur l'Amérique et l'Asie», explique Magdalena Martullo-Blocher. Dans ces régions, les prix de l'énergie sont encore aussi bas qu'avant l'invasion de l'Ukraine par les Russes.

L'Europe gémit sous les prix élevés de l'énergie

En Europe, en revanche, le prix de l'énergie est encore 2,5 fois supérieur à son niveau d'avant le début de la guerre. «Les prix de l'énergie et la sécurité énergétique sont un point important pour les entreprises lorsqu'elles prennent des décisions d'investissement», explique la directrice.

Le fait que son groupe soit nettement moins touché par les prix élevés s'explique de plusieurs manières. EMS-Chemie n'a plus besoin de gaz pour la production de son usine principale à Domat/Ems. Ses propres centrales hydroélectriques fournissent de l'électricité au site, qui emploie 1000 personnes. De plus, EMS-Chemie a pu répercuter sur ses clients des augmentations de prix de 280 millions de francs pour l'achat de matériaux. De nombreux concurrents y parviennent nettement moins bien.

La Suisse est-elle menacée d'un effondrement de l'électricité?

Magdalena Martullo-Blocher attribue le malaise industriel européen à l'échec de la politique énergétique en Europe. Mais elle n'est pas non plus tendre avec la stratégie énergétique suisse. Si la Suisse abandonnait les énergies fossiles comme prévu, 60% de l'approvisionnement énergétique disparaîtrait, dit-elle. Le passage forcé aux voitures électriques et aux pompes à chaleur ne ferait qu'aggraver le problème. «Pour que nous puissions absorber cela, nous devrions construire 18 centrales nucléaires d'ici à 2050», affirme la conseillère nationale UDC.

Elle espère que le nouveau conseiller fédéral UDC Albert Rösti, chargé du dossier de l'énergie, sera à la hauteur. Elle n'a visiblement guère confiance dans les grands projets d'extension de la Confédération en matière de solaire, d'hydraulique et aussi d'éolien.

La Chine a pris le pas sur l'Europe

Des sous-traitants automobiles comme Bosch, Continental ou Hella prennent la fuite et développent leurs sites de production en Chine. EMS-Chemie y emploie également 460 personnes dans quatre usines, soit environ 17% de ses effectifs. «Nous produisons en Chine principalement pour des groupes automobiles chinois», explique Magdalena Martullo-Blocher.

La responsable est convaincue que la Chine a pris le pas sur l'Europe dans le secteur automobile. L'Empire du Milieu est le plus grand marché automobile du monde. Le pays a fortement accéléré le développement de son propre secteur automobile et mise entièrement sur les voitures électriques. «La Chine est désormais à la pointe de la technologie en matière de voitures électriques», explique la directrice générale d'EMS-Chemie.

«Nous sommes présents partout où il y a des affaires»

En 2022, son entreprise, autrefois dirigée par son père, Christoph Blocher, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,44 milliards de francs. Près des deux tiers de ce chiffre ont été réalisés dans le secteur automobile. L'Allemagne reste actuellement le client le plus important. Mais le secteur automobile du pays voisin toussote. Pour EMS-Chemie, ce n'est toutefois pas un problème. «Nous sommes présents partout où il y a des affaires», explique Magdalena Martullo-Blocher. Pour le groupe, la Chine est désormais le deuxième marché le plus important.

Mais l'Europe ne veut pas laisser l'industrie s'effondrer sans se battre. Fin janvier, l'Union européenne a annoncé vouloir investir 170 milliards d'euros dans le développement des technologies vertes. Les fonds de l'UE contiennent au total 1000 milliards d'euros pour la transformation de secteurs industriels «sales». Une lueur d'espoir également pour Magdalena Martullo-Blocher: si l'argent est investi dans les bons projets, cela soutiendra l'économie, «en Suisse aussi».

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