Le recul est le plus fort depuis 20 ans: 9869 logements de moins sont vides par rapport à l’année précédente, soit une baisse significative de 13,8%. C’est ce que révèle le recensement des logements vacants de l’Office fédéral de la statistique (OFS). Le jour de référence pour le relevé du taux annuel de logements vacants est le 1er juin.
Il est frappant de constater qu’il n’existe plus que 61’496 logements vacants, ce qui correspond à 1,31% de l’ensemble des logements en Suisse, maisons individuelles comprises. Il n’est donc pas étonnant que même les cités fantômes soient désormais animées.
Les villages fantômes ne sont plus
En automne 2017, nos confrères alémaniques de Blick avaient fait un reportage sur un lotissement de la commune bernoise de Langenthal qui, un an après son achèvement, n’avait pu louer que 9 des 38 appartements.
«Dans ce lotissement, nous n’avons plus de logements vacants que lorsqu’il y a des changements de locataires», se réjouit Cécile Richards, responsable de l’immeuble et directrice d'une agence à Dübendorf (ZH). Depuis environ neuf mois, toutes les habitations du bâtiment sont louées.
Dans certaines régions, on parle même aujourd’hui d’une crise du logement. «Les personnes à la recherche d’un appartement à louer le savent: c’est pénible», confirme Ursina Kubli, experte immobilière en chef à la Banque cantonale de Zurich (ZKB). C’est dans les logements bon marché que la pénurie de logements se fait le plus sentir.
Attirer les locataires avec des cadeaux, c’est du passé
Il y a quelques années encore, les locataires de genre féminin étaient les plus favorisées. Elles pouvaient négocier des mois de loyer gratuits, ou recevaient d’autres types de cadeaux. «Tout ça, c’est fini», affirme l’experte.
Il y a plusieurs raisons à ce revirement de tendance. D’une part, les terrains à bâtir sont rares. «La construction de nouveaux logements diminue donc depuis quelques années», explique Donato Scognamiglio, chef de la société de conseil immobilier Iazi.
Autre problème: ceux qui planifient des projets de construction doivent souvent faire face à des oppositions. Ces dernières entraînent des retards ou poussent les maîtres d’ouvrage à abandonner leurs projets.
Finalement, le secteur doit également faire face à des retards de livraison et à l’augmentation des coûts des matériaux de construction. «Du point de vue organisationnel et financier, c’est actuellement le plus grand défi pour la branche», déclare Matthias Engel, porte-parole de la Société suisse des entrepreneurs.
Certains cantons ont plus de logements que d’autres
L’offre limitée se heurte à une demande en constante hausse. En effet, l’économie s’est redressée depuis la pandémie et l’immigration augmente. Cela s’est traduit par une augmentation du nombre de créations de ménages l’année dernière. Rien qu’au cours des six premiers mois, 12’000 personnes de plus par rapport à l’année précédente sont venues de l’étranger.
Ce chiffre ne tient pas compte des quelque 60’000 réfugiés arrivés d’Ukraine. Jusqu’à présent, ces derniers ne jouent qu’un rôle secondaire dans la demande, car ils sont hébergés dans des logements de la Confédération et des cantons ainsi que chez des particuliers. Mais plus longtemps ils resteront, plus leur influence sur le marché devrait s’accroître.
Alors que le nombre de logements vacants a le plus diminué dans les cantons d’Argovie, du Valais et de Vaud, c’est dans le canton de Berne, comme l’année précédente, que l’on a recensé le plus grand nombre de logements inoccupés. Les cantons du Jura, de Bâle-Ville, de Schaffhouse et de Glaris, quant à eux, ont enregistré des hausses du nombre de logements vacants.