Crise du logement à blâmer
Une commune zurichoise expulse un locataire pour loger des réfugiés

Trouver des logements pour les demandeurs d'asile pose un gros problème à la Commune de Seegräben (ZH): il n'y en a pas. Les locataires doivent alors partir et les réfugiés les remplacent. André Steiner, concerné par ces décisions, raconte la situation à Blick.
Publié: 25.02.2023 à 18:29 heures
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Dernière mise à jour: 28.02.2023 à 15:04 heures
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André Steiner doit vider sa maison.
Photo: Nicolas Lurati
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Anastasia Mamonova, Nicolas Lurati et Nicola Abt

La Commune de Seegräben (ZH) se bat depuis des semaines car elle doit loger des demandeurs d'asile, sans savoir où pouvoir le faire. Les choses sont à présent en train de se gâter: la Commune a expulsé via une lettre un locataire de son appartement de 5,5 pièces pour faire de la place aux réfugiés. Blick s'est procuré le document en question et la Commune confirme les faits. Au 31 mai 2023, André Steiner devra quitter l'appartement qui appartient à Seegräben.

«J'ai été choqué, confie l'homme à Blick. Je m'attendais à tout, mais pas à ce qu'ils installent des demandeurs d'asile ici. Je pensais plutôt à une école de jour.» Depuis 2007, le menuisier vit dans l'appartement de 5,5 pièces. Au début, il y vivait avec sa famille. Après son divorce, il a pris un colocataire. Actuellement, il vit avec ses chats Mia et Snowball, ainsi qu'une tortue. Les deux enfants d'André Steiner qui ont grandi dans l'appartement sont aujourd'hui encore régulièrement chez leur père. «Ils ont chacun une chambre dans la maison.»

«C'était toucher le gros lot que d'avoir trouvé cette maison»

André Steiner a désormais trois mois pour préparer son déménagement. «Il y a beaucoup de travail, dit-il. J'ai ici une maison entière, un jardin, une cave et un grenier à vider.» Il n'est toutefois en colère ni contre la Commune ni contre les réfugiés. «J'ai accepté la décision.» Celle-ci lui aurait en outre proposé de l'aide pour trouver un nouveau logement. «Et le cas échéant, je pourrais même négocier deux mois supplémentaires pour rester ici.»

L'homme ne sait pas encore s'il restera à Seegräben. «Ce qui est important, c'est de trouver quelque chose d'abordable et où mes deux chats et ma tortue peuvent sortir», affirme l'homme. Pour son logement actuel, il paie environ 2000 francs par mois avec les charges. «C'était toucher le gros lot que d'avoir trouvé cette maison, s'enthousiasme-t-il. Elle va beaucoup me manquer.»

La pénurie de logements est à blâmer

Le président de la Commune, Marco Pezzatti explique la situation à Blick: «Nous avons tout essayé pour loger les réfugiés ailleurs. Ces dernières semaines, nous avons publié différentes annonces et nous nous sommes efforcés de prendre en compte chaque appartement proposé. Malheureusement, nous n'avons pas eu beaucoup de succès.»

La faute à la pénurie de logements dans la région. C'est pourquoi le locataire, qui en a été informé au préalable lors d'un entretien personnel, doit quitter son logement. Le plus tôt sera le mieux: «Si vous trouvez un nouveau logement avant la fin du délai de préavis, vous pouvez mettre fin au bail plus tôt, à chaque fin de mois.» C'est ce qui est écrit dans la lettre reçue par André Steiner.

Cinq réfugiés pourront être logés

Marco Pezzatti a reçu des directives claires de la part de la Confédération. «Nous devons héberger un certain nombre de réfugiés dans notre commune. Avec le taux actuel de 0,9%, cela représente 14 personnes à Seegräben. Or, à l'heure actuelle, nous n'avons placé que neuf demandeurs d'asile. Cela nous pose de gros problèmes.»

L'expulsion des locataires serait la solution. «L'appartement est grand et appartient à la Commune - il peut accueillir 4 à 5 personnes. C'est pourquoi nous avons pris cette décision après de longues réflexions. Une famille de réfugiés s'installera dans cet appartement. Nous ne connaissons pas encore l'origine des demandeurs d'asile.»

Cas similaire à Lörrach en Allemagne

Seegräben n'est pas un cas isolé. Il y a quelques jours, un événement similaire s'est produit à Lörrach en Allemagne. 40 locataires ont reçu une lettre les informant qu'ils devaient quitter leur logement pour accueillir des réfugiés. Une centaine de personnes doivent être logées, comme l'indique la Ville sur son site Internet.

La lettre dit: «Comme vous le savez, l'Allemagne doit faire face à un afflux considérable de réfugiés en provenance d'Ukraine et d'autres régions du monde.» La Ville de Lörrach souhaite également apporter son aide. C'est pourquoi elle a recours à des mesures radicales.

«Vous concernant, cela signifie que nous allons prochainement résilier le contrat de location convenu avec vous.» Les appartements doivent accueillir des réfugiés. «Il est prévu que d'ici la fin de l'année environ, l'ensemble du complexe puisse être utilisé comme foyer pour réfugiés.»

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