Chasse à l'homme au Grand Conseil
Une députée s'attaque à Mike Horn à cause de son passé militaire trouble

Le Conseil d'État vaudois va devoir se mouiller sur le cas de Mike Horn, a appris Blick. Jeudi, «Temps Présent» révélait la face sombre du Vaudois, né en Afrique du Sud, en plein apartheid. Son passif militaire trouble interpelle la députée socialiste Jessica Jaccoud.
Publié: 24.01.2023 à 15:32 heures
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Dernière mise à jour: 24.01.2023 à 15:49 heures
La députée Jessica Jaccoud interpelle le Conseil d'État concernant Mike Horn.
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Des révélations aussi explosives ne pouvaient pas laisser indifférent. Jeudi 19 janvier, les téléspectatrices et téléspectateurs de «Temps Présent» ont fait connaissance avec Mike Horn le guerrier. Une face sombre aux antipodes de l’image rayonnante de Mike Horn l’aventurier, mondialement connu et respecté.

Dans cette enquête choc, on découvre le passé militaire du Vaudois d’adoption, né le 16 juillet 1966 en Afrique du Sud, en plein apartheid. Un éclairage peu reluisant qui a fait bondir la députée socialiste Jessica Jaccoud, a appris Blick. Notamment parce que celui qui écume les plateaux télé est membre d’honneur de Vaud Promotion. Nous y reviendrons.

Un passé trouble

Dans son interpellation adressée au Conseil d’État déposée ce mardi, l’élue rappelle les faits, comme présentés par la RTS. «En 1986, alors qu’il effectue son service militaire obligatoire en Afrique du Sud — en plein régime de l’apartheid — Mike Horn incorpore volontairement une unité d’élite, le bataillon 101. Ce bataillon était actif au nord de la Namibie actuelle, auparavant sous domination sud-africaine. Sa mission était d’éviter que les insurgés militants pour l’indépendance de la Namibie entrent dans le pays depuis l’Angola voisin.»

La députée du parti à la rose enchaîne: «Ce bataillon 101 était donc une unité de contre-insurrection spécialisée dans la traque et l’élimination de l’ennemi. Cette unité était réputée pour son efficacité, sa brutalité et sa cruauté. On y pratiquait des chasses à l’homme grandeur nature et des exécutions de civils et d’insurgés. Les membres de ce bataillon pouvaient fusiller les ennemis, voire leur rouler dessus grâce à leurs blindés légers.»

Elle rappelle dans son texte que ce bataillon a été qualifié de «bataillon d’assassins» par le premier président de la Namibie, Sam Nujoma. Par ailleurs, Dave Smuts, actuel juge à la Cour suprême de Namibie, a indiqué aux reporters de «Temps Présent» qu’il était incontestable que le bataillon 101 était responsable de l’assassinat du dirigeant indépendantiste namibien Immanuel Shifidi, un ancien prisonnier politique incarcéré 18 ans dans la même geôle que Nelson Mandela.

Une défense hésitante

Jessica Jaccoud souligne aussi que, dans l’enquête de nos confrères, Mike Horn confirme avoir été membre de ce bataillon. «Il précise que lui et ses collègues avaient une totale liberté d’action et de décisions sur le terrain. Il rappelle en outre que son rôle était de protéger l’Afrique du Sud, à l’époque en plein régime d’apartheid. Il dit, dans un premier temps, ne pas se souvenir s’il était présent ou non avec le bataillon 101 lors de l’assassinat d’Immanuel Shifidi. Tout en affirmant, par écrit, à quelques heures de la diffusion de l’enquête, qu’il n’a pas participé à cette action.»

Dans cette prise de position ultérieure, il assure aussi n’avoir «jamais soutenu le régime de l’apartheid non seulement durant [ses] obligations militaires, mais également une fois celles-ci accomplies». Il affirme, dans la foulée, regretter «d’avoir participé à ces opérations, bien [qu’il] assume parfaitement tout ce [qu’il] a fait dans sa vie».

Des déclarations qui semblent laisser Jessica Jaccoud dubitative, puisqu’elle appuie sur un point: face aux caméras de la RTS, «Mike Horn indique qu’il n’est pas du tout traumatisé de ce qu’il a vécu avec cette unité d’élite. Il rajoute qu’il a pris cet engagement au sein de ce bataillon, soit la traque des insurgés, comme une bonne expérience, parce que cela l’a formé comme aventurier. Il précise également que cela faisait partie de sa vie, comme partir acheter des croissants.»

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Un bon homme-sandwich pour le canton?

En quoi toute cette sombre affaire concerne-t-elle le gouvernement vaudois? Mike Horn est membre d’honneur de Vaud Promotion, organe qui a pour but d’accroître la notoriété, la compétitivité et l’attractivité du canton de Vaud. Dont les tâches et missions sont confiées par... l’État.

D’ailleurs, la star casse-cou a en plus conclu, en juin 2021, un partenariat exclusif avec Vaud Promotion afin de faire la publicités de cinq régions touristiques du canton. «Il est donc actuellement un des ambassadeurs, un des visages de Vaud Promotion dans sa promotion du canton de Vaud», constate Jessica Jaccoud.

L'ancienne présidente de la section cantonale du Parti socialiste demande en conséquence au Conseil d’État, par le biais de plusieurs questions incisives, de prendre position. Les voici: quelle est son appréciation générale s’agissant de l’engagement de Mike Horn au sein du bataillon 101? Est-ce que le gouvernement estime que cet engagement est compatible avec un rôle public de promotion du canton de Vaud? Comment le Conseil d’État considère-t-il la compatibilité entre le passé militaire de Mike Horn et son titre de membre d’honneur de Vaud Promotion? Le Conseil d’État entend-il intervenir, par le biais de son représentant et/ou du représentant du département en charge de l’économie, au sein du comité directeur de Vaud Promotion s’agissant du titre de membre d’honneur de Mike Horn?

Les autorités devront y répondre et, par la même occasion, décider si celui qui a fait rêver des milliers de Vaudoises et Vaudois doit désormais être considéré comme persona non grata. Une potentielle fin que personne n’aurait pu prédire concernant l'homme qui s’est progressivement imposé, au fil de ses histoires et aventures, comme l’un des monstres sacrés du développement personnel.

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