Les 4 et 5 juillet, tous les yeux devraient être rivés sur Lugano, dans le Tessin. Le président de la Confédération, Ignazio Cassis, est en train de préparer un sommet international sur la reconstruction de l’Ukraine après la guerre avec la Russie. Quarante États et 20 organisations internationales devraient être présents. L’objectif de la Suisse est en outre de contribuer à la stabilité en Europe avec cette conférence, a expliqué Ignazio Cassis en marge du Forum économique mondial (WEF).
Près de 1000 personnes sont attendues à ce sommet. Ignazio Cassis espère la visite de plusieurs chefs d’État et de ministres des Affaires étrangères. Même le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pourrait être présent. Si l’organisation de cet événement est saluée à l’international, au Parlement, ce futur suscite plutôt le scepticisme et les critiques.
À lire aussi
«La guerre bat encore son plein»
«Je ne peux pas soutenir cette conférence de Lugano. Elle n’a aucun sens», lâche le président de l’UDC, Marco Chiesa. Le conservateur argue qu’il ne s’agit ni d’une conférence sur les réformes, comme prévu initialement, ni d’un sommet pour la paix: «Car pour cela, il faudrait que les deux parties belligérantes soient invitées.»
Selon le Tessinois, il est encore trop tôt pour parler d’une reconstruction de l’Ukraine. «La guerre bat encore son plein, fait remarquer le conseiller aux États. On ne sait absolument pas ce qui doit être reconstruit.»
Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, trouve également que les objectifs de la conférence de Lugano ne sont pas clairs. «Ce serait pourtant important, appuie-t-il en s’adressant à Ignazio Cassis. Le Centre attend des clarifications.»
«Cela peut devenir embarrassant»
Des représentants de la gauche soulignent également qu’il y a un manque de clarté sur le sens et le but de ce sommet international. Organiser une conférence uniquement pour la beauté du geste pourrait être embarrassant, avancent des parlementaires.
Le conseiller national socialiste Eric Nussbaumer, qui participera lui-même à la conférence en tant que deuxième vice-président du Conseil, se montre plus diplomate. Pour lui, les priorités restent les différents efforts pour mettre fin à la guerre et l’aide humanitaire. La conférence de Lugano doit donc être «soigneusement intégrée dans les efforts internationaux en cours».
Un cadeau empoisonné pour le Tessin?
Pour les Tessinois, l’organisation d’un tel événement est une chance… mais qui pourrait vite se transformer en cadeau empoisonné. Le canton craint que la venue de tant de personnalités de haut rang ne crée beaucoup de désordre dans la circulation. Des fermetures de routes sont à craindre, ce qui pénaliserait la population et les touristes présents à ce moment-là.
Le conseiller national du Centre Fabio Regazzi rappelle la visite de Mike Pompeo, alors secrétaire d’État américain, en juin 2019. Il a demandé au Conseil fédéral comment il comptait éviter que la ville ne soit paralysée pendant cette «Recovery Conference».
(Adaptation par Louise Maksimovic)