Une neutralité pas claire
Micheline Calmy-Rey critique la communication de Berne sur l'Ukraine

Micheline Calmy-Rey revient sur la prestation du Conseil fédéral dans le débat sur la neutralité dans le contexte de la guerre en Ukraine. L'ex-ministre des affaires étrangères juge sévèrement la communication de Berne.
Publié: 08.06.2022 à 18:25 heures
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Dernière mise à jour: 08.06.2022 à 18:26 heures
L'ex-ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey se montre critique envers la communication du Conseil fédéral dans le débat sur la neutralité (archives).
Photo: SALVATORE DI NOLFI

Le Conseil fédéral «a oublié de dire quelle était sa position», déclare Mme Calmy-Rey dans une interview donnée au portail d'information Blue News publiée mercredi. «Personne n'a vraiment compris la communication du Conseil fédéral. Encore aujourd'hui c'est assez ambigu puisqu'il invente une autre définition de la neutralité: la neutralité coopérative», ajoute-t-elle.

Et de rappeler que la Suisse n'a pas abandonné sa neutralité. «La Suisse n'exporte pas d'armes aux parties en conflit. Elle a interdit le survol de son territoire aux avions des parties en conflit. Les sanctions économiques ne sont pas des actes de guerre, a notamment rappelé l'ex-ministre genevoise.

Selon Mme Calmy-Rey, la confusion internationale autour de la neutralité suisse n'aurait pas eu lieu si Berne avait mieux communiqué. «Aujourd'hui on aurait vraiment intérêt à expliquer ce que la Suisse fait et pourquoi elle le fait».

Selon elle, les conflits sont de plus en plus complexes et le droit actuel de la neutralité ne s'y applique pas toujours. Ainsi, dans le cadre du conflit civil au Yémen, la Suisse peut envoyer des armes en Arabie saoudite. «Il faudrait réfléchir à actualiser la définition de la guerre en droit international», dit Mme Calmy-Rey.

L'ancienne conseillère fédérale estime que la Suisse doit se positionner clairement sur la confiscation de l'argent des oligarques en vue de la conférence sur la reconstruction de l'Ukraine prévue début juillet à Lugano (TI). Selon elle, ce thème «sera difficile à éviter à Lugano».

Mme Calmy-Rey a siégé au Conseil fédéral entre 2003 et 2011. La politicienne socialiste s'était notamment engagée ouvertement en faveur de l'indépendance du Kosovo en 2008, ce qui lui a valu des critiques lors du débat sur la neutralité à l'époque.

(ATS)

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