Pour la plupart des habitants du Valais, canton marqué par le catholicisme, la première communion est une étape importante de l'enfance. Le sacrement est généralement célébré par une messe élaborée, suivie d'une sortie au restaurant avec toute la famille. Une journée qui marque les esprits.
Isabelle T.*, 28 ans, et Stefan H.*, 30 ans, du Haut-Valais n'oublieront pas non plus la première communion de leur fils Silvan*, 9 ans. Mais pour eux, c'est un souvenir incomplet. En effet, les deux parents ne peuvent célébrer qu'une communion partielle - contraints et forcés, sur ordre de l'Office de protection de l'enfance (OPE).
Enfant placé en famille d'accueil
Quelques jours après la fête, la déception est toujours aussi profonde chez les parents. «Cela nous fait mal de ne pas avoir pu accompagner correctement notre fils ce jour-là», confie la mère de Silvan à Blick. Le père est, lui aussi, déprimé. Il se débat avec cette décision. «L'autorité aurait dû faire plus pour éviter cette situation», estime-t-il.
Dans ce cas, l'autorité est l'OPE valaisan. Ce dernier est impliqué dans l'affaire parce que Silvan vit depuis près de neuf ans dans une famille d'accueil** de la région. Peu après la naissance du garçon, l'autorité compétente reçoit un avis de danger. On en conclut que les parents du garçon ne sont pas en mesure de s'occuper de l'enfant. Silvan est donc placé dans une famille d'accueil.
Une décision avec laquelle les jeunes parents étaient plutôt en accord au début. «Sa mère d'accueil a été pour moi comme une mère de substitution les premières années», confie Isabelle. Mais la rupture survient lorsque les parents de Silvan décident que le garçon doit revenir chez eux.
Depuis, les problèmes sont réguliers. Des auditions ont lieu, des ordonnances sont rédigées, les tribunaux doivent se pencher sur le cas. Leur principal argument en faveur d'un retour de leur fils? Leur fille de cinq ans vit avec eux et les autorités n'ont rien contre. «Cela montre tout de même que nous sommes capables d'élever nos enfants», explique Stefan.
Le garçon ne voulait pas
En été 2022, un nouvel accord concernant Silvan a été rédigé pour la dernière fois. Blick a pu consulter ce document. Il y est stipulé que le garçon passe régulièrement les week-ends chez ses parents biologiques.
C'est pourquoi, il y a encore un mois, ils pensaient pouvoir faire la communion avec leur fils le 30 avril. Mais tout a changé. Isabelle raconte. «Tout à coup, Silvan a voulu savoir où nous allions manger après la messe.» Le garçon avait une idée précise de l'endroit où la célébration aurait eu lieu, mais les parents ont d'autres plans: ils n'ont pas les moyens de payer les restaurants choisis par leur fils.
Par la suite, le garçon a apparemment exprimé des doutes quant à la planification de sa première communion. Dans un e-mail de sa curatrice de l'OPE, on pouvait lire quelques jours plus tard: «Bien que nous ayons convenu que Silvan passerait la journée avec ses parents, il a entre-temps exprimé ce qu'il souhaitait, et ce qu'il ne souhaitait pas.»
Les parents d'accueil comme référence centrale
Le projet d'une fête avec ses parents biologiques à Domodossola (I) pour sa première communion ne semble pas plaire au garçon. «Il refuse de célébrer la première communion avec ses parents», écrit encore la curatrice. Un document des autorités datant de l'été dernier donne à cet égard des informations sur le conflit dans lequel se trouve le garçon. Il y est dit que les parents d'accueil sont les «personnes de référence primaires». Ils offriraient fiabilité, stabilité et continuité. «En raison de son placement dès la petite enfance, une relation spécifique s'est développée et cette circonstance doit être évaluée comme un enracinement sociopsychique auprès de la famille d'accueil.»
Dans ce contexte, la fonctionnaire de l'OPE suggère que Silvan fasse la fête avec ses parents un jour avant et qu'il célèbre lui-même sa première communion dans le cercle de sa famille d'accueil. «Sinon, cela risque d'être un grand remue-ménage pour tout le monde, ce que nous devons absolument éviter, pour le bien de Silvan et pour qu'il se souvienne de sa première communion comme d'une belle journée.» C'est finalement ce qui s'est passé. «Nous avons passé une belle journée avec notre fils en Italie», raconte Stefan.
Satisfaire des caprices?
Pourtant, ils ne sont pas satisfaits, particulièrement par rapport à la curatrice de Silvan. «De notre point de vue, il n'est pas possible de satisfaire tous les caprices de Silvan», estime Isabelle.
Ainsi, le garçon aurait refusé à plusieurs reprises ces derniers temps de passer le week-end chez ses parents. «On argue que c'est pour le bien de l'enfant, mais il s'agirait aussi d'être cohérent», tempère Stefan en se référant à l'accord concernant les visites le week-end. La famille d'accueil n'a pas répondu à une demande d'interview de Blick, l'OPE n'a pas souhaité s'exprimer sur un cas individuel.
* Noms modifiés
**Nom connu de la rédaction