Beat Jans ne va pas chômer
Selon plusieurs observateurs, la situation migratoire en Suisse pourrait devenir «très difficile» en 2024

Des documents internes l'attestent: la pression autour de la politique d'asile en Suisse s'est relâchée «mieux que ce que l'on craignait». Une évaluation relative de la situation qui occulte une tempête migratoire à venir. Et à laquelle personne ne semble préparé.
Publié: 08.01.2024 à 15:58 heures
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Pile pour l'entrée en fonction du nouveau ministre de l'Asile Beat Jans, la pression autour de la politique migratoire se serait relâchée.
Photo: keystone-sda.ch
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Fabian Eberhard

Ouf! Beat Jans peut souffler! Pile pour l'entrée en fonction du nouveau ministre de l'Asile, la pression autour de la politique migratoire s'est relâchée. Certes, la Confédération ne veut pas encore lever l'alerte, mais des documents internes font déjà état d'une «situation plus détendue».

De quoi rompre avec la situation catastrophique d'il y a seulement quelques mois, quand le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) croulait sous les demandes d'asile. Elisabeth Baume-Schneider (EBS), responsable il y a encore quelques jours de la politique migratoire du pays, cherchait désespérément des places d'hébergement pour les migrants. Son grand projet de mise à disposition de 3000 lits dans des conteneurs s'est cassé la figure, avant que les cantons et l'armée n'apportent finalement leur aide.

Des documents internes de la Sonas, un organe de direction stratégique de la Confédération dans le domaine de l'asile et des migrations, laissent penser que le pire est passé...

Lors d'une réunion à la mi-novembre, les collaborateurs d'EBS ont fait le point sur la situation en matière d'hébergement dans le pays et celle-ci se présente «mieux que ce que l'on craignait». Aujourd'hui, près des trois quarts des 11'000 places disponibles sont occupées.

La cheffe du SEM, Christine Schraner Burgener, a même proposé de réduire le nombre de réunions de la Sonas à l'avenir, sans toutefois aller jusqu'à dissoudre le comité. La cellule de crise se réunira désormais tous les deux ou trois mois.

Mais la Confédération prévoit quand même jusqu'à 30'000 demandes d'asile en 2024, un chiffre stable depuis 2022. S'y ajoutent de nombreuses personnes en quête de protection en provenance d'Ukraine: «La situation en Ukraine et les demandes de statut S sont toujours aussi tendues. Le nombre de demandes d'asile devrait rester élevé, ce qui implique une forte utilisation des structures», précise ainsi Christine Schraner Burgener.

La situation pourrait devenir «très difficile» en 2024

Lors de la réunion de la Sonas du 7 décembre, l'ambiance était (presque) à la fête. Schraner Burgener a remercié les personnes présentes d'avoir su maîtriser les problèmes d'hébergement, mais a toutefois reconnu que la charge de travail avait été «très importante» pour de nombreuses personnes impliquées. Le porte-parole du SEM Reto Kormann a, de son côté, fait remarquer que «la situation reste un défi compte tenu de la situation géopolitique incertaine».

Mais la réalité reste très tendue dans les communes, surtout au niveau de l'hébergement. Certes, les centres d'asile ont enregistré plus de départs que d'arrivées entre novembre et décembre. Mais ce phénomène s'explique par la météo: en hiver, les déplacements de réfugiés vers l'Europe sont en effet risqués. Avec l'arrivée du printemps, les statistiques pourraient donc à nouveau exploser.

Lors de la réunion du 7 décembre, le plus haut représentant des communes zurichoises, Jörg Kündig, a même averti que la situation pourrait devenir «très difficile» en 2024.

Pour répartir cette pression migratoire, de nombreux demandeurs d'asile hébergés dans des centres d'asile fédéraux seront répartis entre les cantons et les communes au cours des prochains mois. Mais les autres chantiers sont nombreux, les dossiers urgents s'empilent sur le bureau de Beat Jans, et les procédures d'asile continuent de s'éterniser. Bref; l'évolution positive de la situation d'il y a quelques mois n'a servi à rien d'autre... qu'à gagner un peu de temps.

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