Le renchérissement a continué d'augmenter en juin, atteignant la barre des 3,4%. La Suisse n'avait plus connu une telle hausse des prix depuis 1993. Mais le taux d'inflation est encore bien plus élevé pour les combustibles et les carburants: l'essence coûte 35,4 % de plus qu'il y a un an, le gaz 43,5% et la hausse atteint même 88 % pour le mazout.
La situation actuelle est particulièrement dure pour celles et ceux qui sont déjà à court d'argent, comme les bénéficiaires de l'aide sociale. «La plupart du temps, ces personnes n'ont aucune marge de manœuvre financière, explique Aline Masé, responsable du service de politique sociale de l'œuvre d'entraide Caritas. Si elles doivent dépenser plus d'argent pour l'énergie, le logement et la nourriture, elles doivent l'économiser ailleurs.»
Cela signifie que, au quotidien, «une visite chez le médecin n'est désormais plus envisageable, pas plus qu'un café au restaurant», poursuit Aline Masé. Et cette dernière de mettre en garde: «Si les prix de l'énergie continuent d'augmenter et que des décomptes de charges élevés s'accumulent, il faudra un soutien urgent.»
Concrètement, Caritas demande une augmentation du montant alloué à l'aide sociale pour subvenir aux besoins de base. «Celui-ci est déjà trop bas aujourd'hui. Avec le renchérissement, une augmentation est vraiment nécessaire!»
La nécessité d'agir
La Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) estime elle aussi qu'il faut agir. Elle recommande aux autorités de l'aide sociale de rembourser intégralement les frais accessoires de loyer actuellement plus élevés des bénéficiaires, même si les limites prévues sont ainsi dépassées. Et qu'en est-il de l'alimentation, de l'éducation ou des vêtements? «Le renchérissement sur les besoins de base est de 1,6% en juin, explique Markus Kaufmann, directeur de la CSIAS. Cela représente des coûts supplémentaires de 16 francs pour un ménage d'une personne et de 34 francs pour un ménage familial de quatre personnes».
Selon lui, la compensation de ces coûts supplémentaires est nécessaire pour soulager les personnes concernées. En automne, le Conseil fédéral décidera d'une adaptation des besoins de base de l'AVS, de l'AI et des prestations complémentaires en fonction de l'évolution des prix et des salaires. «Le renchérissement actuel devrait être compensé dans la même mesure dans l'aide sociale», recommande Markus Kaufmann. C'est aux cantons de décider si les soutiens demandés parviennent finalement aux personnes dans le besoin. Et c'est donc aussi à eux de décider si les directives de la CSIAS doivent être appliquées ou non.
(Adaptation par Thibault Gilgen)