Le groupe Emmi, leader de l'industrie laitière, va lui aussi abandonner le Nutri-Score. Alors que l'entreprise lucernoise affiche ce dispositif sur ses Caffè Latte, «d'autres fournisseurs de boissons lactées au café n'ont pas introduit le Nutri-Score sur leurs emballages, si bien qu'aucune comparaison n'est possible», a souligné une porte-parole d'Emmi, dans la foulée d'un article paru dans les journaux de Tamedia.
De plus, aucune harmonisation n'est faite à l'échelle européenne et il n'y a donc pas de plus-value pour les consommateurs, selon l'entreprise, qui ne l'affichera plus sur ses nouveaux produits: «Pour les produits existants, nous maintenons pour l'instant le Nutri-Score», a-t-elle précisé.
Cet affichage est «apposé volontairement par les producteurs, afin de renseigner les consommateurs sur la composition d'un produit au moyen d'une échelle de couleurs allant de A à E», selon les termes de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. Il doit aider les consommateurs «à comparer rapidement des aliments et à faire des choix éclairés».
Migros a ouvert la marche
Mais le Nutri-Score a déjà perdu un adepte cette semaine, le géant de la distribution Migros, qui a pointé les coûts élevés qu'il implique. «Trois ans après son introduction, le Nutri-Score reste encore trop peu connu et suscite souvent beaucoup d'interrogations. En revanche, intégrer ou adapter le Nutri-Score demande beaucoup d'effort de packaging», a justifié une porte-parole de Migros sans donner plus de précision sur les coûts exacts.
Le distributeur et fabricant de produits alimentaires avait introduit le Nutri-Score pour toutes ses marques propres en 2021. Pour sa part, Emmi n'a pas évoqué les coûts, mais seulement une décision prise «après des réflexions internes». Les débats politiques n'ont pas pesé non plus, selon la société lucernoise.
En mars dernier, le Conseil national a transmis une motion du Conseil des Etats demandant au Conseil fédéral d'adopter les bases légales nécessaires pour mieux tenir compte de la transformation des produits ou de leur durabilité. Un exemple avait été cité: le jus de pomme contenant des sucres naturels des fruits est classé orange donc moyen, quand le Coca-Cola Zéro, avec des édulcorants, est en vert clair, donc bon, selon le Nutri-Score.
Nestlé continue d'utiliser le Nutri-Score
Le géant de l'alimentation veveysan Nestlé, qui a introduit ce dispositif en 2019, maintient de son côté le label aux cinq couleurs. «Notre objectif est d'aider les consommateurs à choisir une alimentation équilibrée, en améliorant la valeur nutritionnelle de nos produits et en proposant un étiquetage clair sur nos emballages», a affirmé une porte-parole. L'entreprise se dit ouverte à «un développement» de l'étiquetage. A Tamedia, Nestlé a assuré vouloir «que le Nutri-Score soit encore plus présents dans les rayons».
Selon le pointage à fin mars de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire, Nestlé appose notamment ce label sur ses barres chocolatées KitKat et Nuts, ses friandises Smarties mais aussi sur ses eaux en bouteille Perrier, Vittel, San Pellegrino, Aqua Panna et Henniez. Son concurrent français Danone l'utilise sur ses produits laitiers Actimel, Danette ou Gervais.
Les chaînes allemandes Aldi et Lidl utilisent aussi cet étiquetage. En revanche, l'autre géant de la distribution helvétique Coop a seulement procédé à une phase de test. D'après les autorités, le Nutri-Score est affiché seulement sur ses substituts à la viande Délicorn.
Au 31 mars, 97 producteurs et détaillants s'étaient engagés à introduire cet étiquetage en Suisse, soit 229 marques et plus de 9800 produits.
(ATS)