Alexandre Berthoud colérique?
«Il est hors de question que je dise autre chose que la vérité»

Ils sont cinq à briguer un fauteuil au Conseil d'Etat vaudois et ça castagne déjà. Décrit en des termes peu élogieux dans l'article que nous avons consacré à l'ambiance de campagne du PLR, Alexandre Berthoud est venu s'expliquer dans les locaux de Blick. Mise au point.
Publié: 17.09.2021 à 17:30 heures

Il serait «colérique» et «imprévisible». Il ne serait qu’un «clone de Pascal Broulis», l’indécrottable libéral-radical qui – au soulagement quasi général – a enfin décidé de tourner la page après 20 ans de Conseil d’Etat.

Quand bien même (presque) tout le monde en prenait pour son grade dans l’article que nous avons consacré au début de campagne très tendu qui entoure les cinq candidats PLR au gouvernement vaudois, Alexandre Berthoud n’est pas satisfait. Il a eu la désagréable surprise de découvrir les critiques acerbes formulées à son endroit alors qu’il prenait une pause avec ses collaborateurs de la BCV, son employeur depuis plus d’un quart de siècle.

Ni une ni deux, l’homme a saisi son téléphone pour nous faire avoir sa profonde déception… et sa volonté d’en discuter immédiatement avec nous. A la rédaction. Rendez-vous est pris. A 14h précises, le quadragénaire du Gros-de-Vaud, influent député de la droite vaudoise, sonne à notre porte. On lui demande son certificat Covid. Il nous le présente volontiers.

Alexandre Berthoud l’admet d’emblée: il a été touché par ces attaques anonymes. Il ne veut «pas répliquer», dit-il, mais il souhaite «s’expliquer» et plaide pour que ses détracteurs aient le courage de lui parler sans se cacher. A 15h12, il repart. Voilà ce que nous nous sommes dit.

Alors, vous êtes vraiment agressif, colérique et imprévisible?
Mais non, je ne crois pas. Sincèrement. Et ces propos qui décrivent ce que je ne suis pas me touchent. C’est toujours difficile de parler de soi, mais ce n’est très majoritairement pas de cette manière qu’on me qualifie, je peux vous l’assurer. On ne fait pas une carrière telle que la mienne dans le monde de la banque et dans le management pendant 20 ans en étant un colérique imbu de lui-même.

Comment vous expliquez qu’on vous prête ce comportement?
Jusqu’à présent, j’ai eu un rôle de député et de président de la commission des finances. Je dois parfois porter des positions impopulaires et parfois aussi de consensus. Je ne mens pas sur qui je suis: je suis de droite avec des positions humanistes. J’ai toujours tout assumé et je pense être un homme de dialogue. Demandez autour de moi, même à gauche, les gens vous diront que je cherche le compromis. Cependant, dans les discussions et les négociations, je dis ce que je pense de manière franche et directe. Je suis vrai, je ne triche pas. Et cela peut déplaire, j’en suis conscient. Mais il est hors de question que je dise autre chose que la vérité.

Qu’est-ce qui se passe au sein du PLR pour qu’on vous en veuille comme ça?
Deux personnes, sous couvert d’anonymat, vont dans le sens que vous décrivez dans votre article. Mais, dans la seconde, je peux vous en trouver cinquante autres qui diront exactement l’inverse. Si certains ont des problèmes avec moi, qu’ils viennent me parler. Je mets beaucoup de cœur à tirer tout le monde vers le haut, notamment les jeunes du parti. Tout le monde vous le confirmera: il n’y a pas de mésentente à l’interne.

L’ambiance est électrique entre les cinq candidats?
Au contraire! Ce n’est absolument pas la guerre. Nous avons des âges différents, des compétences différentes, des parcours différents… Et nous venons de régions différentes. Cette diversité, c’est la force du PLR. Nous nous rassemblons autour de valeurs communes qui sont celles de notre parti. Et nous aimons partager des moments en marge des séances ou des rendez-vous politiques. Nous nous apprécions et il y a même des liens d’amitié sincères.

Vous vous êtes lancé en dernier. Pourquoi?
Par respect. J’ai toujours dit que j’attendrais la position des conseillers d’Etat Pascal Broulis et Philippe Leuba pour me déterminer. Par ailleurs, pour moi, le respect des institutions faisait aussi que je voulais passer par mon comité d’arrondissement de parti et informer ma direction professionnelle. Je voulais consulter la base, faire les choses correctement. Ni plus, ni moins.

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Pour reprendre les termes de ceux qui décrivent des clivages, vous êtes plutôt «team cravate Hermès» ou «team baskets»?
Plutôt «team cravate Hermès» la semaine et «team baskets» le week-end. Je porte la cravate depuis mes 15 ans pour mon travail. Plus sérieusement, je pense être le trait d’union entre ces deux mondes. Je travaille à Yverdon-les-Bains, je suis très souvent à Lausanne et j’habite dans le Gros-de-Vaud. La campagne et la ville font partie de ma réalité. Et c’est un plus: j’aimerais être le conseiller d’Etat de tout le canton, du nord au sud et d'est en ouest.

Admettons que vous êtes demain au château, vous en faites quoi?
Ma priorité absolue, c’est de pacifier les relations entre les Communes et le Canton. Il faut avancer car d’autres sujets doivent pouvoir être posés sur la table. Il y a l’économie et la fiscalité, bien sûr. Je connais bien ces thématiques, j’ai 30 ans de carrière professionnelle — avec 20 ans au service des PME — derrière moi. Je tiens aussi à la formation et au bien-être de l’ensemble des générations, j’ai envie de me plonger dans ces problématiques. Beaucoup de transformations nous attendent. Je pense par exemple à la caisse de pension de l’Etat de Vaud qu’il va falloir réformer. Pour accompagner ces travaux, nous avons la chance de disposer d’argent, notamment parce que mes collègues Pascal Broulis, Philippe Leuba et Christelle Luisier ont bien fait leur boulot. Il faut s’inscrire dans une certaine forme de continuité.

Mais alors, dans le fond, ceux qui vous comparent à Pascal Broulis n’ont pas tout faux. En quoi vous distinguez-vous du père?
Ceux qui nous connaissent vraiment vous diront que nous ne sommes pas du tout les mêmes personnes. J’ai un profond respect pour Pascal Broulis et nous partageons certaines valeurs — le travail et la manière dont l’argent gagné est dépensé, c’est vrai. Mais nous n’avons pas le même caractère et nous ne travaillons pas les dossiers de la même manière. Je suis moins «rond», je pense être quelqu’un qui va plus droit au but avec mes partenaires. Les deux hommes se respectent et s’apprécient, certes, mais ils ne sont pas faits du même bois.

Jusqu’à mercredi, qu’est-ce que vous allez faire concrètement pour convaincre les délégués que vous êtes l’homme de la situation?
Continuer de travailler sans relâche, comme je le fais tout le temps. Je prends des contacts, j’écris des courriers et je vais mettre en avant certaines victoires. Par exemple, le fait que les institutions parapubliques vaudoises aient adhéré à la charte pour l’égalité salariale. Je fais ces démarches sans crainte et avec le sentiment de m’y prendre correctement.

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