Lors de ma première chronique, j’ai émis quelques critiques à l’endroit du Procureur général et de sa conduite de l’action pénale dans le canton de Vaud. Ni une ni deux, voilà que je violais le principe de la séparation des pouvoirs et mettais en danger l’indépendance du Parquet! Bien m’en a pris. J’ai donc décidé de changer de cible pour ce deuxième billet et balayer devant ma propre porte: le Grand Conseil.
Le 25 janvier, nous avons traité la motion de ma collègue Céline Misiego (POP). Elle avait pour objectif d’ajouter, dans notre Constitution cantonale, l’interdiction de discrimination du fait de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre.
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Il y a tout juste deux ans, le peuple suisse a étendu la norme pénale antiraciste aux appels à la haine et aux actes discriminatoires basés sur l’orientation sexuelle. Le canton de Vaud a validé ce nouveau texte à 80,2% donnant un signal extrêmement fort en faveur d’un changement. Cependant, et c’est très regrettable, cette nouvelle disposition ne protège pas les personnes transgenres contre les discriminations et les discours de haine basés sur leur transidentité et leur genre.
La responsabilité de l'Etat
Est-ce grave? Oui. Incontestablement. La discrimination n’a rien à faire dans une société libre. Toute forme de discrimination doit être combattue. Il existe une riche diversité d’orientation sexuelle, affective et d’identités de genre, comme il existe une riche diversité de religions et d’opinions politiques. Toute forme de discrimination fondée sur la différence doit être combattue, parce que cela relève de la responsabilité de l’État d’accorder une protection efficace à toute et tous.
Dire cela est une évidence? Non, malheureusement non. La majorité des députées et députés vaudois (de droite) estime encore que la transidentité est un mode de vie et qu’en cela, elle serait déjà couverte par les dispositions constitutionnelles et légales actuelles. Cette majorité estime que la communauté trans n’a pas besoin d’être réduite à une minorité qu’il faudrait protéger et ce malgré la transphobie incessante qu’elle subit.
Lors du débat en plénum, nous avons tout entendu. Ou presque. Une modification de la Constitution stigmatiserait les personnes transgenres. Intégrer telle ou telle minorité dans un texte la mettrait en exergue, ce qui ne serait pas souhaitable. On ne doit pas avoir de géométrie variable. Nous avons une loi, elle est bonne, ne faisons pas une «vaudoiserie» supplémentaire qui n’apporterait rien. Il n’y a aucune raison d’aller plus avant dès le moment où tout le monde est inclus dans la loi, qu’il soit A, B, C, D, E, F, G, ou tout l’alphabet.
Des arguments qui giflent la réalité
Ces arguments, entendus en 2022 au Grand conseil vaudois, giflent les faits et la réalité transphobe parfois crue vécue par les personnes transgenres. Selon une enquête nationale en Belgique, plus de la moitié des personnes transgenres ont été victimes de violences verbales ou physiques dans un lieu public. Elles ont jusqu’à dix fois plus de risque de se suicider que les personnes cisgenres.
Personne ne peut nier l’existence des discriminations et le besoin d’agir. Le faire est une faute humaine et politique. Il s’agit de notre responsabilité d’élues et d’élus d’entendre les voix des personnes concernées et victimes de transphobie.
Cet avis, c’est celui des 59 députées et députés des partis de gauche et des Libres qui ont soutenu la proposition de Céline Misiego. Ce n’est cependant pas la position de 66 députées et députés UDC, PLR et Vert’Libéraux majoritaires. Et si la curiosité vous pique, à quelques semaines des élections, je vous invite à voir qui a voté quoi (page 21 à 27). Il y a de quoi orienter son choix, à défaut de son identité de genre.