Le conseiller national UDC et rédacteur en chef de la «Weltwoche» Roger Köppel s’est rendu à Moscou la semaine dernière, et n’a pas manqué de commenter sa visite sur Twitter. Quelques jours après que l’ambassade russe à Berne a menacé d’emprisonnement un journaliste de la «NZZ» pour un article critique, le politicien suisse a flâné sur la Place Rouge, postant selfie sur selfie et louant le réseau de téléphonie mobile rapide de la capitale russe.
Mais Roger Köppel n’est pas venu uniquement pour faire du tourisme. On apprend désormais que le politicien s’est également envolé pour Moscou afin de rencontrer l’un des propagandistes les plus connus du régime de Vladimir Poutine. Vladimir Soloviev est présentateur de télévision sur la chaîne d’État russe Rossiya 1 et est par ailleurs surnommé «l’agitateur en chef» de Vladimir Poutine. Il fait l’objet de sanctions internationales.
L’UDC a aussi rencontré Maria Lvova-Belova, la déléguée russe aux droits de l’enfant. Le Tribunal pénal international de La Haye (Pays-Bas) a émis un mandat d’arrêt contre elle pour des crimes de guerre présumés. Elle serait responsable de la déportation de milliers d’enfants des territoires occupés d’Ukraine vers la Russie.
Plateforme de propagande
Dans la dernière édition de la «Weltwoche», Roger Köppel se vante d’être le premier «journal occidental» à avoir parlé avec Maria Lvova-Belova. Sans filtre et sans émettre de nuances, la responsable russe affirme qu’on ne déplace pas des enfants, mais qu’on les sauve.
Roger Köppel a aussi écrit un article sur sa rencontre avec le propagandiste de premier plan Vladimir Soloviev. Il parle avec ironie d’une «visite chez le diable», alors qu’il semblerait qu’il voit les choses différemment: accompagné d’un selfie pris avec le journaliste russe dans le studio de télévision moscovite, le politicien UDC donne via son article une plateforme pour diffuser la propagande de ce dernier aussi en Suisse.
Voici ce qu’affirme Vladimir Soloviev: le gouvernement ukrainien est dirigé par des nazis, il n’y a jamais eu de crimes de guerre en Russie, l’attaque contre l’Ukraine n’est pas une guerre d’agression, mais une «libération». Ce même journaliste a, par ailleurs, déjà menacé d’envahir la Suisse.
La Russie exploite la visite
Pendant ce temps, la propagande russe exploite la visite de Roger Köppel à Moscou. Sur Telegram, des canaux spécialisés diffusent des informations sur le politicien suisse, qui a décidé de «se faire une idée par lui-même de la manière dont les choses se passent à Moscou». Il s’avère que tout va très bien ici, dit-on.
Vladimir Soloviev a également partagé sur son canal Telegram le reportage sur la visite de Roger Köppel. Plus d’un quart de million de personnes ont vu le post.