«Une image inhumaine»
Les gardes-frontières grecs arrêtent 92 migrants nus

Plus de 90 réfugiés ont été retrouvés nus après avoir été forcés, selon Athènes, de traverser le fleuve Evros séparant la Turquie de la Grèce. «Une image inhumaine», selon les déclarations du ministre grec de la Protection civile, Takis Theodorikakos, ce dimanche.
Publié: 16.10.2022 à 16:53 heures
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Dernière mise à jour: 16.10.2022 à 17:11 heures
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Les migrants nus ont été interceptés par les gardes-frontières au bord du fleuve Evros.
Photo: Twitter
Lisa Vogt

L’agence européenne de surveillance aux frontières Frontex a confirmé à l’AFP «le sauvetage des 92 migrants vendredi» avec le concours des autorités grecques, selon une porte-parole, Paulina Bakula.

«Les agents (de Frontex) ont rapporté que les migrants avaient été retrouvés nus et certains d’entre eux avaient des blessures visibles», a-t-elle ajouté depuis Varsovie, siège de l’organisation, alors qu’Athènes assure qu’Ankara a forcé ces personnes à se dévêtir avant de les expulser du côté grec de la frontière.

«Instrumentaliser l’immigration illégale»

Le ministre grec de la Protection civile, Takis Theodorikakos, a en outre accusé la Turquie «d’instrumentaliser l’immigration illégale» mais Ankara a démenti toute implication dans les mauvais et dégradants traitements infligés à ces réfugiés. La Grèce doit arrêter «la manipulation et la malhonnêteté», selon un tweet en anglais du ministre adjoint turc de l’Intérieur, Ismail Catakli.

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La plupart de ces personnes, des Syriens et des Afghans, «ont décrit à des agents de Frontex que trois véhicules de l’armée turque les avaient transférés au niveau de l’Evros», a assuré Takis Theodorikakos dans une interview à la chaîne de télévision privée Skai.

Le ministre grec des Migrations grec, Notis Mitarachi, avait qualifié samedi l’incident de «honte à la civilisation». C’est celui-ci qui a diffusé la photo d’hommes nus, postée sur Twitter pour prouver ses dires. Le ministre accuse la Turquie d’avoir fait passer la frontière à ces personnes. On attend d’Ankara qu’elle enquête sur l’incident, a-t-il encore écrit.

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Selon un communiqué de la police grecque publié samedi, les migrants n’avaient ni vêtement, ni bagage. Certains d’entre eux auraient déclaré aux fonctionnaires grecs avoir été transportés dans trois véhicules des autorités turques jusqu’au fleuve et placés dans des canots pneumatiques pour traverser vers la Grèce. De plus, quelques hommes étaient blessés. Ils auraient été habillés et soignés.

Refoulements illégaux et violents

Athènes est régulièrement pointée du doigt par les ONG et différentes enquêtes journalistiques, pour des refoulements illégaux et violents effectués à ses frontières maritime et terrestre avec la Turquie. Mais elle a toujours nié avoir recours à cette pratique contraire au droit international.

Fin septembre à la tribune des Nations unies, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la Grèce de transformer la mer Egée en «cimetière» avec «ses politiques oppressives».

Réagissant à l’incident dimanche, l’ONG Mare Liberum a estimé que «dans la région de l’Evros, les crimes contre les droits de l’Homme sont systématiques et commis à une échelle quotidienne de la part de la Turquie et de la Grèce». «Lorsque ces crimes sont discutés publiquement par les membres des gouvernements, cela ne sert qu’à alimenter le conflit entre la Grèce et la Turquie» poursuit l’ONG.

(AFP/Blick)


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