Un soldat ukrainien raconte la contre-offensive
«Plus on avance sur le front, plus le combat devient dur»

L'offensive ukrainienne annonce ses premiers succès. Mais cela ne signifie pas encore la fin de la guerre, comme le rapporte un soldat ukrainien. D'après lui, la situation est de plus en plus difficile.
Publié: 08.09.2023 à 15:33 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2023 à 15:39 heures
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Serhiy Kolesnichenko est engagé dans la contre-offensive contre les troupes de Poutine.
Photo: https://www.kyivpost.com/opinion/21306
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Marian Nadler

Serhiy Kolesnichenkoporte une arme sur lui depuis un an et demi, jour après jour. Depuis le début de la guerre, le 24 février 2022, sa vie de citoyen, son travail de journaliste et sa carrière d'acteur au théâtre sont en suspens.

Aujourd'hui, il ne quitte pratiquement jamais le front, raconte-t-il au «Kyiv Post». Il est en mission dans la région de Zaporijjia. Lors de la contre-offensive de septembre 2022, il a vu pour la première fois de sa vie à quoi ressemblait un tir de phosphore. Pourtant, rien de ce qu'il a vu jusqu'à présent n'est comparable à la contre-offensive actuelle dans le sud. Là-bas, les bombes guidées sont tirées avec une extrême précision. «Tu entends un énorme rugissement et tu réalises que tu n'as nulle part où te cacher. Soit tu as de la chance, soit tu n'en as pas», explique le soldat. «Ici, tout est miné. Je regarde la caméra thermique la nuit, les mines dégagent toujours de la chaleur», ajoute-t-il.

Joe Biden donne son feu vert pour des avions de combat F-16

Les Russes se sont préparés à la contre-offensive. Le sud de l'Ukraine est actuellement l'une des régions les plus minées du monde. Serhiy Kolesnichenko s'étonne des plaintes de l'ouest selon lesquelles la contre-offensive serait trop lente. Selon lui, dans les conditions actuelles, l'offensive progresse surtout comme elle peut. «Il faut être conscient que plus nous avançons, plus ça devient dur», avant d'ajouter que l'Ukraine manque d'armes.

C'est surtout dans les airs que les Russes sont largement supérieurs aux Ukrainiens, et ça sur plusieurs zones. «Ils nous battent avec tout ce qu'ils ont dans le ciel! Au sol, notre infanterie fait un travail remarquable. Mais il n'y a rien qui nous protège au-dessus de nous», rapporte-t-il. «Nous avons besoin de F-16, avec ces avions, tout irait beaucoup plus vite. Nous avons surtout besoin de plus d'équipements occidentaux.»

Ce sont des exigences que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, lui aussi, souvent exprimées. Il a fallu attendre longtemps avant que le président américain Joe Biden ne donne son feu vert pour les avions de combat il y a quelques semaines. Mais selon toute vraisemblance, il faudra encore attendre plusieurs mois avant qu'ils ne soient effectivement livrés.

Le soldat refuse de négocier

Serhiy Kolesnichenko déplore aussi qu'il n'y ait pas assez de drones. Il a donc lancé un appel aux dons sur les médias sociaux pour pouvoir en acheter différents types. Il insiste sur le fait que c'est absolument nécessaire pour cette guerre, car ces appareils ne tiennent souvent qu'une journée avant d'être détruits. Il souhaite que l'Ukraine réduise sa dépendance vis-à-vis des livraisons étrangères, et développe autant que possible sa propre production d'armes.

«Je comprends que ceux qui nous donnent des armes et nous regardent aimeraient que la guerre se termine plus tôt. Cela nous plairait aussi. Mais nous savons que cela ne se terminera pas de sitôt», souligne le soldat.

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